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464V6 .33. Qj
Bo*..
ft^c
mi
IBarbarto College ILibraro
FROM THE BEOJJEST OF
JOHN AMORY LOWELL,
(Class of 1815).
This fund is $ao,ooo, and of its income three quarters
shall be spent for books and one quarter
be added to the principal.
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464^,33.4
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J* \ifU-
N° 1 (troisiime ieHHon).
/rpj
[Vendredi 1* jaimer(1880 treize)]
LITTERATURE ORALE
&&Zb 6,3Z'&
GROYANCES ET USAGES TRADITIONNELS
SOMMAIRE :
Le jour des Rois : I. Le hilietche aux
environs de Li/ge • . . . O. COLSON.
Le diable dupe 9 , conte du pays gaumet . M. Francois
Les aventures de Moi tit-Cog , conte
de Nivelles Georges Willame.
Le varlet d/vou/, legende GlLLES GtRARD.
Les so tats de Milmort ; Dodon ; fEs-
caufefir, legendes O. Colson.
La berg ere et le monsieur , debat
(air note) Th. Strivav.
Le premier piiracle de Je*sus , chanson
religieuse (air note) Jos. Defrecheux.
La mort de yean-Reynaud , chanson
dramatique (air note) O. Colson.
Notes et enquites. O. C. & JOS. D.
LIEGE
AUX BUREAUX DE LA lie V lie
184. rue dc Campine.
PRIX DU NUMERO
fr. 050
BRUXELLES
Librairie de I Office dc Publicity
i. LEBfcGUE & C*
rue dc la Madeleine, 46
PARIS
Librairie historique dks provinces
En. LECHEVALIEK
quai des Grands- Augu&tins, 39
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A N NONCES.
La Marmite, gazette originate, paraissant le dimanche. ll e annee. Edited
a Malines, Grand* Place, 28.
Abonnements : Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un numero : 5 centimes.
Li Spirou, gazette des tiesses di ho'ie, vhyant V jou tos les dimkgnes.
Redacteur en chef : Alph. TlLKlN. Parait a Liege, rue L amber t-le-Begue. 7,
depuis le 17 novembre 1887. *
Abonnements : Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un numero : 10 centimes.
Le Sauverdia, chiplant tos les quinze jous. Re'dacteur en chef : Edmond
ETIENNE. Parait a Jodoigne, 21, March6-aux-Vaches, depuis le 17 avril 1892.
Abonnements : Un an, 8 fr. Six mois, 1 fr.75. Un numero : 10 centimes.
Li Clabot, hiltant totes les samaines. Re'dacteur en chef : Th^ophile
BOVY. Parait a Liege, 201, rue de Hesbaye, depuis le 14 aout 1892.
Abonnements : Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un numero : 5 centimes.
L'Airdie, journal wallon luhant tos les judis. Directeur : Jean Bury.
Parait a Li6ge, rue St-Gilles, 67, depuis le 20 octobre 1892.
Abonnements: Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc. Un numero : 5 centimes.
Vient de Paraitre
i'i
11 *
il m ir mm
PA
M. G. RENARD.
Ce poeme he'roi-comique en huit chants (wallon de Braine-l'Alleud) est
illustr^ de nombreuses gravures et photogravures, et augments d'une carte,
d'un commentaire folklorique, et d'un vocabulaire comparatif re*dige dans les
cinq dialectes principaux du pays wallon. — Prix : 3 francs.
Du meme auteur : Les Aventures d6 Jean d' Nivelles, h\ flls d&
s' p6re, poeme wallon en douze chants, 3© Edition 1890, ill ustree par 0. Dessa
et augments d'un glossaire wallon -francais. — Prix : ft*. 3-50*
H. VAILLANT-CARMANNE, tfoiTEUR,
Rue St-Adalbert, 8, Li^ge.
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WALLONIA
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WALLONIA
RECUEIL DE LITTER ATI RE OR ALE
Croyances & Usages traditionnels
FONDE PAR
0. COLSON, Jos. DEPRECHEUX & G. WILLAME.
I
1893
G
LIEGE
H. VAILLANT-C ARM ANNE,
IMPRIMEUR
Rue Saint-Adalbert, 8.
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J
4 V "c^
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WALLONIA
LE JOUR DES ROIS
i.
Le h61i6tche aux environs de Li6ge.
L'usage de « tirer les Rois », comme on dit en Hainaut, est aujour-
d'hui presque perdu a Liege. La prestigieuse feve qui doit donner la
royaute d'un jour est presque toujours laissee dans le sac, et la
coutume de se reunir et de se partager le gateau n'est plus guere
pratiqu^e que dans quelques families, a titre de simple regal et de
fete tout intime.
Le gateau traditionnel, que les menageres d'autrefois tenaient a
petrir de leurs propres mains,, est aujourd'hui fourni par les boulan-
gers, sur commande ou a titre gracieux. II ne presente d'autre origi-
nalite que d'avoir sur le cote rond le dessin en relief d'une etoile a
huit pointes, et, au centre de Tetoile, un petit rond que les personnes
agees nomment encore li mirou de wastai. On croyait autrefois que
celui qui mangeait ce mirou etait exempt de coliques pendant Fannee
qui commeii9ait.
A Tepoque ou la fete avait encore toute son importance tradi-
tionnelle, le jour des Rois etait beni des pauvres. Ce jour-la, en eflfet,
refuser Taumone portait malheur ; il etait d'usage de recevoir les
mendiants avec une bienveillance toute speciale et d^nrichir leur
bissac, sinon d ? une part de gateau, au moins de victuailles en
quantite plus qu'ordinaire.
Au surplus, chez nous comme ailleurs, la solennite de TEpiphanie
ramenait pour les gens du peuple Toccasion de queter aux portes
des bourgeois, en chantant des chansons traditionnelles. C'est ce
qui s 7 appelait hSit ou h<, mots dans lesquels nous croyons retrouver
le fraii9ais « h^ler ».
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6 WALLONIA.
Comme lerappelait un des notres ! , deux vieux liegeois autorises,
Remade et Hock, qui ont parle autrefois du h&iktche comme d'une
chose d6ja ancienne, nous apprennent que cette quete se pratiquait
a la soiree, non pas le jour meme des Rois, mais la veille, 5 Janvier.
a Le grand jour arriv6, dit un journaliste du terroir, des femmes
du peuple, leurs jupons releves sur la t£te, le visage couvert de fa<?on
a ne pas etre reconnues, p^netraient dans les corridors des maisons,
agitaient une sonnette pour appeler la dame du logis, puis, jusqu'a
l'arrivie de celle-ci, chantonnaient, sur un ton trainard, les vers que
voici :
Ji vins prii a V blanke mohonne, Je viens prier a la maison blanche,
Li maisse di chal hst on brave homms. Le mattre d'ici est un brave homme.
U a nourri treus eras pour gat, II a nonrri trois cochons gras,
Onk ax rlcenne, deux ax navai. Un aux carottes, deux aux navets.
Inepititepdrt Dilwe, Madame, si v' plait. Une petite part Dieu, M mf , s'il vous plaJt.
La dame du logis ne manquait pas d'apporter des morceaux du
gateau des Rois et de les distribuer aux chanteuses. Souvent celles-
ciallaient par groupe de trois personnes, dont un homme. Ce dernier
etait habille de blanc et coiffe d'une chape en papier.
C' est surtout dans les quartiers populaires, dans les faubourgs, que
Ton rencontrait ces quemandeurs et ces quimandeuses; mais voili
pr£s de quarante ans que cet usage a disparu. » *
II faut remarquer que si les quetes du jour des Rois etaient
surtout utiles aux pauvres, bien des gens s'y melaient qui n'auraient
pas voulu, en temps ordinaire, tendre la main et mendier. L'usage
couvrait tout ce monde d'une etiquette bienveillante : comme le
ditun couplet, on voyait beaucoup de h&ieu, mais personne ne
les prenait pour des bribeu.
No88* dam\ c'l-st-oftie les hhle Notre dame, e'est aujourd'hui les hele
I rCa pus dh Vmisere. II n'y a plus de misere.
• ft* n't pus qu'tot helien Ce n'est plus que tous Mlieu
I n'a pus des bribeu. II n'y a plus de mendiants.
SHz-nos brafe, Soyez bons pour nous,
Fez-nos les waffc, Faites-nous les gauffres,
Les waffe et les galet Les gauffres et les galettes
Po mette h noss' paquet. Pour mettre dans notre paquet.
( ! ) Jos. Defrecheux, Ix* enfaminc* Ubjeoi*e* $ Liege, 18S8, n° 2. M. D. cite a ce propos
Hemaclk, Diet. wallon-francaix y ±' e*d. Liege 1813, tome II, p. 89; et Hock, CEuvrc* completes,
Liege 1870, tome II, p. 239. Nous empruntons a notre ami boo nombre d'autres details
essentiels, notamment i'extrait de journal qui va suivre.
( 4 ) M. A. I*, [irolte] dans le journal La Meute, du 9 Janvier 1886.
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WALLONIA.
Voici Pair de cette curieuse chanson, qu nous vient de Polleur,
gros village au sud de Verviers :
JL_
3N=fe=fe3EJ.
mm
7=P--
-»-?
m
Noss* dam 1 c'e-st-oufe les h&e I n'a pus de Fmi- se*re. Qu
3^=s£^=p^i^i=^^i
n'e pus qu'tos he*- lieu I n'a pu de9 bri- beu. Se"y- iz-nos brafe
^^^5^^g
PI
f
Fez-nos les waffe, Le9 waffe et les ga- let, Po mette e noss* pa-quet.
Comme on Fa vu dans les couplets cites plus haut, et surtout dans
le premier, qui est vraiment typique a ce point de vue, les helieu
avaient soin de meler adroitement, avant de poser leur demande,
une part d'eloges ou de flatteries pour le bourgeois, et une part de
plaintes attendrissantes.
C'est ainsi que dans Tune des curieuses chansons que notre ami
Henri Simon a bien voulu nous envoyer, et que nous publierons a
part, les queteurs ne se contentent pas de reduire leurs exigences
a un minimum,— on p'ti cop d'vosse hire — ils se font gravement
passer pour de pauvres gens qui riont rin po d'main!...
Dansun autre couplet, de raerae source, les h61eurs vont jusqu'a
faire intervenir FEternel et le charger de recompenser la-haut le
charitable et benevole donateur :
(yist-otiic les tete, dji vin hdyi
(^a stu Vbon Diu qu'm'ast-avoyi
Puisque Dieu m'a-f-envoye"
V08 rfnos polez don rdfuser
Allez, allez, gou qu'vos donrez
E parad\8 vos Pritrouv'rez *.
Citons encore, dans le meme esprit, un tres curieux sixain, ou le
quemandeur se dit envoye par le maitre du logis; pour mettre a
couvert sa petite dignity, il a soin de promettre pour l'annee pro-
chaine (!) le remboursement de Faumone attendue :
( f ) Ce couplet, communique* par M. H. Simon, se chanle sup Pair du Noel bien connu :
Bond) oil wezetme, dwertnez-v' ceo? Le dernier vers doit e«re bisse. II est probable que le cou-
plet suivant se chantait sur le meme air un pen moriifle* an point de vue i\u rythme.
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8 WALLONIA.
(Th-st-en heuint, dji vin hh'ii
Li maisse di chal m'ast-avo'ii (envoye")
II a dit qu'vos m'dinahi
On boquh (morceau) (Twastai cTvoss' boldji
Dji v'z el rindrh divins ine an
Ca cH an-neic chal dfa pris dl pan.
Autant la chanson 6tait humble et flatteuse quand on demandait,
autantelle s'animait et s'aiguisait quand la pri&re 6tait mal accueillie.
Alors le bourgeois ou la bourgeoise peu charitable essuyait des
couplets satiriques ou remplis d'insinuations insolentes : Madame
avait fait un faux pas, Monsieur manquait du meuble n^cessaire....
La chanson suivante est un exemple assez anodin des satires
risquees que les h&ieu se permettaient alors :
Dji vin hhyi po qvtiqu 1 miltte Je viens heyi pour quelques mies
Mais les djin d 1 chal n'ont nin V pla~ Mais les gens d'ici n'ont pas un sou
[quette [melles
On dit qui Vfeumt n'a pus des title On dit que la femme n'a plus de mam-
On fz y i:6pa~8l-avou V cisette On les lui coupa avec des ciseaux
On Vz a rosti (Tvins V nofife paifette On les lui a rdties dans un neuf poelon
A diale li feume I les mihtte!... Au diable la femme et les mies !...
Ajoutons que les diflKrentes bandes de chanteurs en venaient
souvent aux mains.
Les enfants pauvres allaient aussi reclamer leur part du gateau ;
mais, moins insolents que les solliciteurs dont nous venons de
parier, ils se contentaient de faire appel a la g6nerosite du public,
et de r6peter k satiete Fun des couplets traditionnels ou simplement
le distique que voici :
On p'tit boquet <f wastai
No88e dame j si v' plait
De leur cot6, les jeunes filles ne se faisaient pas faute d'inviter
leurs amoureux a ces promenades nocturnes. II en 6tait meme qui
sous couleur de ltfli&tche, allaient faire leur declaration aux jeunes
gens qu'elles aimaient sans espoir. Pour cela, elles se deguisaient et,
soigneusement masquees, allaient signaler anonymementleurliamme
en repetant a satiete le couplet suivant :
2=*^^=^
^=1^=^=^
-* — L
Bi-na-raete ma-dame, a- re-dj* voss' fi ? Si dj'n'a nin 1 'grand, a-
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WALLONIA.
PH
it
*3»EE£3EE
*^
I
re-dj' li p'tit, Voss' pus grand dji nTainm 1 nin tant, Voss' pus p'tit dji
p^gg^ t
Bien-aime'e M* 11 ®, aurai-je votre fils ?
Si je n'ai pas le grand, aurai-je le petit?
Votre plus grand, je ne l'aime pas tant,
Voire plus petit je l'aime bien mieux.
l'ainm' bin ml
Binameie M*ne f ari-d* voss' fi ?
Si df n'a nin Vgrand, drl-df li p'tit ?
Voss' pus grand, dji n'Vainm' nin tant,
Voss' pus p'tit) dji Vainm' bin mi !
Au besoin, le refrain changeait, et Ton disait alors :
Voss 1 pu* grand, ch lu qu' dj y ainm' tant
Voss' pus p'tit, dji n' l'ainm 1 nin mi.
C'est a l'occasion de ces chansons a double tranchant que Ton
peut, mieux que jamais, rappeler le dicton : a ce qui est petit est
joli „, mais u ce qui est grand est charmant! „
Pour terminer, rappelons qu'aujourd'hui encore, il est d'usage de
souhaiter joyeusement aux jeunes gens et aux jeunes personnes
qu'on rencontre le 6 Janvier, on bon rote ou ine bonne roi&nne, c'est-
a-dire un bon mari, une excellente epouse.
0. Colson.
CONTES.
1.
Le diable dup6.
Une croyance encore tr&s accreditee dans le peuple du pays
gaumet insinue que les marechaux et les serruriers sont des
gens tr&s u malins " avec lesquels il est prudent de rester en bonnes
relations.
Eux-memes, avec un petit grain d'orgueil ou de malice, pritendent
que les principaux secrets de la metallurgie leur viennent du diable,
k qui on les aurait enleves par surprise.
Le conte suivant vient a l'appui de cette belle th^orie.
El djiabe 6t 61 marchau.
(/atou in couo 11 djiabe, qui passou C'etait un coup [une fois] le diable
(Tvant la fordjette don grand mar- qui passait devant la forge du grand
vhau. inarechal.
Coume il atin co in pouo para Comme ils etaient encore un peu
assbine, el djiabe, qu'avou oil el martie parents ensemble, le diable, qui avait
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10
WALLONIA.
su Vencleume, h-st-atreie a la ford-
jMe.
Depue in heure el grand marchau
s'achinou pou souodeie in fier.
Et quand el djiabe est atreie, il
atou ft a neidje d'awe.
— Veu 7 gadji, dit-i 7 djiabe a-
n-atrant, que f n'a vanrd m'a tchu?
— Heu ! dit-i 7 grand marchau,
veux f gadji qui d'da enne d&mi-heure
(Fjara fa ?
— Dje* n'a sate rin, dit-i 7 djiabe;
mais ga va quand mi&me. Djb r'pass'ra
Valour; djh vwarans bin.
Vela don V djiabe vou'ie.
El marchau aussi vite catche el
filr ft a s' didjant:
— De s' couo-ci, V vi maraud, dj 1
Para!
In heure apres v7a 7 djiabe qui
r'vin :
— Eh bien ! marchau, dit-i, gay est ?
— Oie, o'ie, dit-i 7 marchau, ga y
est; v7a d 1 belles annates.
— Wa'ie? dit-i 'I djiabe, qui T w riou
pu, dj" 1 v' assure. TPy es min d 1 la
boule, don ?
— Noun&j dit-i V marchau, a-n-
allant V tchartchi y s fier; dj 1 en vCa co
pon min; mais dje va-z-y a met!
— Nom di djo! dit-i V djiabe, ft a
s y grattant Vorbie, tout hontow d 1
s'avour lai attrapeie coume c7a.
Et vella vou'ie, ft a *' demalottant,
si fdtchi! si fdtchi!... qu'on n' Vem*
revu a la for dje I te avant quinze
djous!...
oui le marteau sur Tenclume, est
entre a la forge.
Depuis uue heure le grand mare-
chal s'echinait pour souder un fer.
Et quand le diable est entre. il
£tait tout en nage.
— Veux-tu parier, dit le diable en
entrant que tu n'en viendras mie
(pas) a bout ?
— Heu! dit le grand marechal,
veux-tu parier que dans une demi-
heure j'aurai fait?
— Je n'en sais rien, dit le diable;
mais le pari tient quand meme. Je
repasserai tout-a-Pheure; nous ver-
rons bien.
Voila done le diable parti.
Le marechal aussi vite cache le fer
en disant :
— De ce coup-ci, le vieux maraud,
je Paurai !
Une heure apres, voila le diable
qui revient :
— Et bien ! marshal, dit-il, 9a y est ?
— Oui, oui, dit le marechal, 9a y
est; voila beau temps!
— Oui? dit le diable qui ne riait
plus, je vous assure. Tu y a mis de
la boue, done?
— Non, dit le marechal, en allant
rechercher son fer ; je n'en ai pas
encore mis ; mais je vais en mettre !
— Nom di Dio\ dit le diable en so
grattant Poreille, tout honteux de
s'etre laisse attrappe comme 9a.
Et le voila parti, tout en se mor-
fondant, si fache ! si fache !. . qu'en
Pa mie (pas) revu a la forge avant
quinze jours!...
Contt* a Willancourt (arrond. de Virton), en juillet 1891, par M. J. J. Fran9oi«,
age^ de 66 ans, qui tient le recit de son pere.
M. Francois.
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WALLONIA.
11
II.
Les aventures de Moiti6-coq.
Mitan-coq qui sHn va r y cbvwer sh
rinte a Vaiampont.
In sHn dallant, i rinconte in r'nau.
— Eyu d'allez, Hon, Mitan-coq ?
di-st-i Vbrnau.
— Dj6 m'in va r'cevwer mes rinte
d Vaiampont. Vbnez ave mi? di-st-i
Mitan-coq.
— Yo8 astez bi trop gros, di-st-i
ternau.
— Intrez din m' poche, dje sard co
pu gros.
Aprbs, i 8 y in va a V cinse.
I buche a Vuche.
— Qui 8' qu'b la? di-st-blle el cin-
siere.
— C'est Mitan-coq, di-st-i.
— Boune Notrb-Dame ! di-st-ellc
il cimiere, qub s' que nos dallons fe
db-8n-homm:-l&, hon ?
— Dje sais bi cu qu y nos din frons,
dist-elle bl mesquine : nos V metrons
couchi ave les pou'ie; tune el bbtchWa
d J in coste by in auV el bbtch V a d'Vaute;
{•a fait qu J i sara bi rade mourt
dainsi.
Quand il a ieu ste couchi avb lbs
pouie, elk astinne tertoute su s'dos.
(Ja fait qu f Mitan-coq dit :
— R'niu, r'nau; sourte hours d'bm'
poche, autremint dje su in hommc
pitrdu.
V'ld Vbrnau qui soilrtc hours d'bs'
poche eye qui straunc toute les
pouie.
Aprbs, il b-st-evo'ie.
Moitie-coq va recevoir ses fer-
mages a Vaillampont ! .
En s'en allant, il rencontre un
renard.
— Ou allez-vous, done, Moitie-
coq ? dit le renard.
— Je vais recevoir mes fermages a
Vaillampont. Venez-vous avec moi ?
dit Moitie-coq.
— Vous etes bien trop gros, dit le
renard.
— Entrez dans ma poche, je serai
encore plus gros.
Ensuite, il va a une ferme.
II frappe a la porte.
— Qui (est-ce qui) est la? dit la
fermiere.
— C'est Moitie-coq, dit-il.
— Bonne Notre-Dame ! s'6crie-t-
elle, qu'allons-nous done faire de cet
homme ?
— Je sais bien ce que nous en ferons
dit la servante ; nous le mettrons
eoucher avec les poules ; Tune le
bequetera d'un cote, l'autre le be-
quetera de l'autre ; de sorte qu'il
mourra bien vite.
Quand ilfut couche avec les poules,
elles se mirent toutes sur son dos.
Moitie-coq dit done :
— Renard, renard, sors hors de
ma poche, ou je suis un homme
perdu.
Voila le renard qui sort de sa
poche et qui Strangle toutes le.s
poules.
Ensuite, Moitie-coq s'en est alle.
( f ) Vaillampont est le nom il'unc ferme situe'e |>res de Nivelles.
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12
WALLONIA.
In s'in dallant, i rinconte in leu.
— Eyu dallez, Aow, Mitan-coq ?
di-st-i V leu.
— Dje m'in va r'cevwer mes rinte d
Vaiampont. Vlnez ave mi ? dist-i
Mitan-coq.
— Vos astez bi gros, vous, Mitan-
coq, dist-i V leu.
— lntrez dins m* poche, dje sard co
pus gros.
I s'e va co d V cinse by i buche co d
Vuche.
Qui 8 1 qu y b Id ? di-st-elle bl cin-
siere.
— C'b Mitan-coq, di-sti.
— Boune Notrb-Dame! qu } b-ce que
no8 dallons ft db-sn-homme la, hon ?
— Dje sais bi gu qu'nos din from,
di-st-i V varlH : no8 Vmettrons co&chi
avb lbs vatche byb Us bieu; ieune bl
suctra dHn coste by in aut db VauV :
ca fait qu'i s&ra bi rade mourt
dainsi.
VHld ave les vatche, qui Pfesinne
Sautter dHn mur a Vautc.
— Leu, leu j sourte hours <Fbm >
poche, autremint dje 8U in hotnme
pibrdu.
V y ld V leu qui sourte hours d'bs y
poche eye qui straune toute les bibsse.
— Dje su scappe, mi, di-st-i Mitan-
coq.
*
* *
J s'brva co V miybtte pu Ion ey i
rinconV enne rivi&re :
— Eyu dallez, hon, Mitan-coq?
di-st-blle bl riviere.
— Dje min va rcevwer mes rinte a
Vaiampont. Vbnez ave mi? di-st-i
Mitan-coq.
En s'en all ant, il rencontre un loup.
— Ou allez-vous, done, Moitie-
coq? dit le loup.
— Je vais recevoir mes fermages
a Vaillampont. Venez-vous avec
moi ? dit Moitie-coq.
— Vous etes bien gros, Moitie-coq,
dit le loup.
— Entrez dans ma poche, je serai
encore plus gros.
II retourne a la ferme et il frappe
encore a la porte.
— Qui (est-ce qui) est la? dit la
fermiere.
— C'est Moitie-coq, dit-il.
— Bonne Notre-Dame! Qu'allons-
nous done faire de cet homme ?
— Je sais bien ce que nous en
ferons, dit le domestique : nous le
mettrons coucher avec les vaches et
les boeufe ; Tune le co.«sera d'un
c6te, l'autre de l'autre, de sorte qu'il
mourra bien vite.
Voila Moitie-coq avec les vaches,
qui le faisaient sauter d'un mur a
l'autre.
— Loup, loup, sors de ma poche,
ou je suis un homme perdu.
Voila le loup qui sort de sa poche
et qui etrangle toutes les betes.
— Jc suis echappe, moi, dit Moitie-
coq.
#
II s'en va encore un peu plus loin
et il rencontre une riviere.
— Ou allez-vous done, Moitie-coq?
dit la riviere.
— Je vais recevoir mes fermages
a Vaillampont. Venez-vous avec
moi ? dit Moitie-coq.
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WALLONIA.
13
— Vos astez bi gros, vous, Mitan-
coq, di-st-llle 11 riviere.
— Intrez dins m'poche, d'je sari co
pu gros.
I s'l va co d Vcinse ly i buche co a
ruche.
— Qui s' qu'l la? di-st-llle 11 cin-
siere.
— (Test Mitan-coq, di-st-i.
— Boune Notrl-Dame ! Qu'd-ce
que no$ dallons fe dl-sn-homme-la,
Hon? Vllld co toudi Id, cinsi!
— Djl sais bi cu qu'nos din frons,
di-st-i Vcin8i: nos dallons tchauffer
V four tout routche lye nos Vmlttrons
(Tdins : de d y ld, i ne scap'ra pus.
Lz'Ont tchauffe Vfour lye quand
V four a %eu ste tchaud, i-z-ont mltlu
Mitan-coq dedins.
Quand il a ieu ste d'dins, i dit :
— Riviere, riviere, sotirte hours
(Tim 1 poche, autrlmint dje su in homme
pilrdu.
Via Iriviire so&rtie hours d?ls'
poche lye Vfour a ste dlstindu tout
d'suite.
II a ste scappe ly il est soilrti.
*
* *
Ey adon il a pris in p'tit tchi d* deux
Hard ave V queue ey in cu d'verre ;
il a monte sus s' queue, elle a
skette; il a monte sus s'cu, il a co
skette;
II a pris n'feuie de papi
Ey il est r\lnu d pid,
Tout seu
Comme in gueux x .
— Vous etes bien gros, vous,
Moiti6-coq, dit la riviere.
— Entrez dans ma poche, je serai
encore plus gros.
II retourne a la ferme et il frappe
encore a la porte.
— Qui (est-ce qui) est la? dit la
fermiere.
— C'est Moiti6-coq, dit-il.
— Bonne Notre-Dame! Qu'allons-
nous done faire de cet homme? II
est encore toujours la, fermier !
— Je sais bien ce que nous en
ferons, dit le fermier : nous allons
chauffer le four tout rouge et nous l'y
jetterons; de la, il n'echappera plus.
II 8 ont chauffe le four et quand le
four fut chaud r ils y ont jet6 Moitie-
coq.
Quand il fut dans le four, il dit :
— Riviere, riviere, sors de ma
poche , ou je suis un homme
perdu.
Voila la riviere sortie hors de sa
poche : le four a 6t6 tout de suite
eleint.
II elait ^chappe et il est sorti.
*
Et alors il prit un petit chien de
deux liards avec une queue et un
derriere de verre ; il est mont6 sur sa
queue, elle s'est brisee; il est monte^
sur son derriere, il s'est encore brise* ;
II a pris une feuiile de papier
Et il est revenu a pied
Tout seul
Comme un gueux.
Cont6 en 1890, par M. Victor Pigeolet, de Nivelles, ag£ de 20 ans, qui tient
le conte d'une vieille tante. G. WILLA.ME.
(') <• // a pri in p'tit tchi y etc., comme in gueux ». Kormulette traditionnelle par laquelle
se terminent fortsouvent les contes a Nivelles.
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14 WALL0NIA.
LEGENDES.
I.
Le varlet d6vou6.
On raconte que dans une ferme d'Oupeye l vivait un tnarlatcha i
qui, 6tant attache a la niaison depuis de longues annees, s'etait pris
pour le maitre d'une vive affection.
Un vendredi, un peu avant minuit, comme il donnait ses soins a
une vache malade, il vit passer devant la porte de Fetable, sa
patronne, munie d'une lanterne et coiffee d'un mouchoir tourne en
turban. II sortit prestement et crut la voir a cheval sur une queue de
balai; elle passa vivement la grande porte et disparut dans les airs
au tournant du chemin.
N'osant en croire ses yeux, le varlet resolut de se poster a la meme
place le vendredi suivant, et vers minuit, la meme chose arriva.
Plus de doute : la dame etait sorciere !
A partir de ce jour, le digne homme tomba dans une grande tris-
tesse et perdit Pappetit. Le fermier, le voyant si abattu, lui demanda
la cause de son chagrin avec une telle insistance que le varlet se
decida a lui conter la chose.
Comme il fallait s'y attendre, le fermier haussa les epaules, lui dit
qu'il etait fou, si bien que le varlet resolut de lui dessiller les yeux.
Le lendemain, qui etait precisement un vendredi, notre domestique
veilla jusqu'a minuit, et, quand Theure fut bien passee, il se mit en
devoir d'aller reveiller son maitre, qu'il trouva seul au lit.
II Pappela, le secoua, mais le dormeur ne bougea pas. Le varlet
s'apercut alors que le fermier tenait entre les bras une queue de balai
qu'il efit ete inutile de vouloir detacher.
II n'y avait qu'un seul moyen d'eveiller le dormeur « c'etait de
lui verser dans l'oreille une tasse de lait ecreme. »
Le varlet descendit a la cave ou, a son grand ennui, il recut force
soufflets de personnes invisibles. Sans se decourager, il prit ce qu'il
venait chercher, versa le lait dans l'oreille du fermier et fut assez
heureux de le voir s'eveiller en sursaut.
(') Oupeye, petit village au nord de Herslal.
(*) Marlatcha, principal domestique d'un fermier.
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WALLONIA. 15
Le varlet dit : Dji v'z el prouve bin, main fenne a stir yo Vveie! \
Et en effet, a partir de ce jour, il deperit, mine par un mal inconnu,
et il rendit Tame dans d'horribles souffrances.
Rccueilli k Vottem dans une reunion de jeunes gens.
Gilles GijRABD.
II.
Les sotais de Milmort.
II existe a Milmort, petit village au nord de Liege, un chemin
creux en pleins champs, lieu dit « e baldrdeu ».
C'est la, dit-on, que des nains ou sotais avaient elu domicile,
depuis des temps fort recules.
Suivant la legende, ces petits etres, dont la taille atteignait tout
au plus la hauteur de nos jambes, etaient vetus de peaux de betes,
les membres a peu pr&s nus. Leurs femmes etaient coiflfees de bonni-
quet (nous voulons dire, de « petits bonnets ») tres plisses, assez
gracieux.
Parmi ces nains, il y avait d'habiles cordonniers, selliers et
bourreliers.
Les souliers et autres objets en cuir, deposes le soir aux environs
de leur fosse, etaient retrouvis le lendemain, fort bien raccommodes,
souvent meme completement remis a neuf par ces travailleurs
mysterieux. On avait soin, comme de raison, d 7 ajouter aux objets a
reparer, du beurre, du pain ou d' autres denr6es alimentaires, que les
sotais gardaient a titre de remuneration.
Les nains rendaient done de grands services aux bonnes gens
du village; mais il faut dire aussi, pour etre juste, qu'on avait bien
quelquefois a s^n plaindre.
Au temps ou les bles etaient mfirs, ces droles de petits hommes
ne manquaient pas de moissonner pour leur compte.Et puis, pendant
les disettes, ils venaient d^terrer la nuit des rangees entieres, des
rotte de pommes de terre et ils faisaient en plein champ de petits
feux d'herbes seches pour cuire incontinent le fruit de leurs rapines :
de loin, des attardes les avaient vus danser, autour de ces fouwd,
de folles sarabandes.
Quelquefois meme les nains venaient en bande, la nuit toujours,
(') « Je vous le prouve bien, mais j'en ai certainement pour la vie. »
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16 WALL0N1A.
devaliser les pommiers, poiriera et cerisiers, au pied desquels ils
avaient l'audace de laisser la partie inutile de leurs belles maraudes.
Pendant les hivers rudes, ils souffraient cruellement de misere, et
on les voyait arriver a la nuit tombante, par bandes nombreuses,
jusqu'aux premieres maisons du village.
Pour les repousser, on imagina de battre chaque soir avec les
pincettes les poeles a frire et les mahe-cafc sortes de petites marmites
dont on se servait pour torrefier cette denr6e, qu'il etait d'usage
alors d'acheter crue.
La bonne vieille de qui je tiens ces details se rappelle avoir vu,
chez sa grand 7 mere ou elle fut 61evee, une pelle d'atre et un mahe-
cafS dont on s'etait servi, pretendait-on, a cette epoque tres reculee,
pour effrayer les malheureux sotais. On conservait precieusement et
Ton entretenait avec soin ces venerables ustensiles, appenduy aux
deux coins de la cheminee, k titre de curieux souvenirs, et Ton se
serait bien garde de les utiliser d'aucune manure.
Finalement, les paysans s'irriterent des depredations des sotais
et oublierent un peu les services qu'ils avaient re9us d'eux. On
fit une niche dans le mur d'une maison a Tentree du village et dans
cette niche, on pla?a une croix '. Quand les nains voulurent revenir,
ils furent arrets nets par la vue de ce symbole religieux, et ils
durent rebrousser chemin.
Vaincus par la disette, les sotais disparurent, et nul n'a jamais su
ce qu'ils etaient devenus.
in.
Dodon.
Une tradition li^geoise qui est encore bien vivante nous apprend
que le meurtrier de Saint-Lambert se nommait Dodon 8 . On
raconto qu'il mourut, vomissant ses entrailles, dans Fannee meme
ou il avait perpetre son crime abominable.
C'etait un noble liegeois et Ton dit qu'il avait six doigts a chaque
( ! ) D'apres les dires du peuple, il s'agirail ici dc la maison acluellement occupe*e par
M. Tassel, ct qui dtait autrefois la premiere a I'enlre'e du village. II y a quelques anne'es, le pro-
pridtaire a fait agrandir la niche et I'a transformed en lucarne. La croix a disparu.
(*) Wolff, Nlederlanditche Sage, Leipzig, 1843, p. 93, passe pour le premier qui ait parld
de cette le*gende. Mais M. Hock, Croyancc* et rcmMcs popnlaires, 3 e e*d., Lidge, -1888,
pp. 520-21, cite Joannes 1*arcensis, La grande histoire de rEglite, Bruxelles, 1622, reference
dont nous n'avons pu verifier la porttfe. — 0. C.
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WALLONIA. 17
main. Le peuple croit que ses descendants ont herite de cette
monstruosite, et lorsque le cas se presente pour quelqu'un, on dit
qu'il est de la race de Dodon.
Dans l'esprit des Liigeois, le surnom de Dodo signifie assassin, et
la plus sanglante injure qu'on puisse faire a un batailleur ou a un
forcene, c'est de dire : Ti (Thin d& Vrace da Dodo, Vd-st-on moudreu !
« Tu descends de la race de Dodon, tu es un assassin. »
IV.
L'escaufeflr.
Les vieilles gens de la vallee du Geer designent sous ce nom qu'on
n'a pu nous traduire, une boule de feu « aussi grande que la gueule
d'un four », dont les promeneurs solitaires avaient une terreur bien
justifiee.
On la voyait apparaitre le soir, au milieu de la route, et immedia-
tement, elle s'animait de mouvements singuliers; elle tournoyait un
instant sur elle-mSme avec rapidite, puis elle se precipitait a
quelques pas de la, tournait de nouveau, avan<?ait encore d'un metre
ou deux, et ainsi de suite.
Malheur au passant qui se voyait poursuivi par Vescaufeurl
Trois fois malheur s'il en etait rejoint, car le terrible esprit
s'acharnait k sa poursuite, finissait par le rejoindre et le d^vorait au
point qu'on n'en retrouvait plus de trace!
Et si vous osiez Tattendre de pied ferme, vous voyiez le terrible
m6teore s'arreter k deux pas, et, comme pour vous narguer, il ex6-
cutait une ou deux pirouettes avant de s'elancer.
Le moyen d'echapper, c'etait de ne pas perdre ce moment-la,
d'attendre Vescaufeicr et de planter au beau milieu votre couteau
pour le clouer sur place.
Si vous n'aviez pas de couteau, il fallait lui jeter en pature un
objet quelconque, un mouchoir, par exemple,ou bien votre casquette.
Quelque minime que filt le temps employe par le feu a devorer sa
proie, c^n 6tait assez pour vous permettre de vous refugier dans
une maison voisine.
Car, si vous perdiez Tesprit, e'en etait fait de vous !
On raconte qu'un soir, un jeune homme revenait tranquillement
en sifflottant, quand, arrive a une centaine de pas de son logis, il
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18
WALLONIA.
aper^ut avec terreur au bout du chemin Vescanfeur se precipiter
vers lui, avec une rapidity vertigineuse.
Le malheureux perd la tete, il s'elance et franchit en quelques
bonds la distance qui le separait de la porte.
On en tend frapper on reu cop « un coup dur ». On ouvre, il entre,
a demi-mort de peur.
La porte n'etait pas sitot refermee qu'un bruit terrible se fit
entendre : Vescaufetir arrivait, une seconde trop tard.
La maison tout enti&re a tremble jusque dans ses fondements,
sous l'effroyable choc de Vescaufeur.
O. Colson.
(Boirs, prfes Roclenge.)
Allegretto.
CHANSONS
I.
La bergere et le monsieur.
D&BAT.
^5El
£eI=**2
fc£
-9=\r-
^^
Bon- jour, Na- non, Ma charmante ber- gere, Je
rrf
pgi^
viens sur la fou- gere Pour e- tre ton mi- gnon; Car tes beaux
^m^^m^m^^^
yeux, Tes attraits et tes charm's M'ont rendu a- mou- reux.
1.
Le monsieur.
Bonjour, Nanon,
Ma charmante bergere,
Je viens sous la foug&re
Pour etre ton mignon;
Car tes beaux yeux,
Tes attraits et tes charmes
M'ont rendu amoureux.
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WALLONIA.
19
Hie don ) Vmoncheu,
I irifait tote hwareie !
Avou s'bab' tchamosstte
Qui dit qxChst-amoureux.
Allez, vix80t!
Dfa-8t~on bai djone bfrdjl
Qu I bin pm vigreux qu'vos,
Allez, vix sot,
Df n'a (Tkeured'esse ine mam'zclle,
Dfaim' mix cTesse in 1 bhrdjire
Avou nCbbrdji
Dfa m'crfo pourcai,
(?8hrh por mi magni,
Vbhrdjire avou s'bhrdji.
2.
La bergdre.
Ah! le monsieur.
II me fait tout e^onne'e !
Avec sa bar be toute moisie
Qui dit qu'il est amoureux .
Allez, vieux sot!
J'ai un beau jeune berger
Qui est bien plus vigoureux que vous.
3.
Le Monsieur.
Quoi ! un berger
Avecque sa houlette
Et sa simple musette
Pourrait-il vous charmer !
Mais avec moi
Vous serez demoiselle
Et vous aurez de quoi '.
4.
La bergdre.
Allez, vieux sot,
Je n'ai cure d'etre une demoiselle ,
J'aime mieux d'etre une bergere
Avec mon berger
Si ai-je un gras cochon
Ce sera pour moi manger,
La bergere avec son berger.
5.
Le Monsieur.
Allons, Nanon,
Ne sois pas si farouche,
Permets que je te touche
D'un seul baiser ;
Puis tu auras
Cett' poignee de pistoles
Et la hours' que voila.
(*) En wallon, avn <Tqw& « avoir de quoi » sijcnifie fttre riche, avoir des rentes.
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20
WALLONIA.
La bergdre.
BouV su, Blanc-pid,
Bout 1 8U, happ' lupo Vtitese
Hagri lu divins les fhse,
Li vtx trati;
Visez d vn'tchin,
Ca 8'i tfhagnasse b cou
I n* vi freu nin db bin.
BouV su, Blanc- pied, 4
BouV su, attrape-le par la tete
Mord8-le dans les fesses,
Le vieux coureur;
Prenez garde a mon chien,
Car s'ii vous mordait au derriere
II ne vous ferait pas de bien.
Chants par ma soeur, qui a entendu cette chanson il y a 20 an 8, de la mere
de la patronne, dans un atelier de couturieres, a Liege.
Th. STBIVAY.
n.
Le premier miracle de J6sus.
CHANSON RELIGTEUSE.
$
Lento.
SE
wmi
3=3r-
4=
mtzznsL
-o — t— *
Ah ! Saint Jo- seph, ou
i
a^
t^tz
£*=
-4:
--«—
rons-
— I —
nous Pour y trou-
H-T— H- — ^=t
ver
des
m
bon- nes gens.
Bethl£- em
=t
ggg^ u
vons &• te\ Des bonnes gens a-
vons trou- ves.
a All ! Saint Joseph, ou irons-nous
Pour y trouver des bonnes gens.. ? »
A Bethl6em a vons 6te,
Des bonnes gens avons trouves.
Frappant deux fois, frappant trois fois
A la troisi&me on y vena.
(*) Bontexu « pousse [toi] dessus » e'est-a-dire « elancc-toi vers lui », exclamation dont on
sesert pour exciter les chiens a I'altaque. — Blanc-pid, nom populaire reserve* a certains chien s.
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WALLONIA. 21
« Ah ! bonjour, dame la pucelle,
Log'rez-vous bien ces bonnes gens ?
— Je ne sais ou les mettr' coucher,
Sinon ou nos bet's vont loger.
— Tr&s volontiers, dit-elT Marie,
Tr&s volontiers, j'y dormirai. *
Quand p'a venu vers les minuit,
Marie est dans 1' travail du lit.
« Ah ! Saint Joseph, relevez-vous,
Marie a grand besom de vous.
Allez app'ler dam' la pucelle,
Qu'etait hier au soir avec nous.
— Dame la pucelT, relevez-vous
Marie a grand besoin de vous.
— Comment veux-tu que je m* relive
Moi qui n'ai plus ni pieds ni mains ? • »
Elle n'eut pas dit cett' parole-la
Que Dieu lui envoie pieds et mains *.
Elle arriva encor a temps
Pour recevoir Jesus 1* enfant.
a mon pire, 6 mon tres doux p&re !
Nous voici un beau p'tit enfant.
Nous Tallons faire baptiser
En l'honneur d' la Saint' Trinite. »
Chants par M&"> Delecloz, nc$e a Perwez (Brabant) en 1888, qui tient la
chanson de son grand-pere maternel.
Jos. Dbfkkohkux.
( f ) C'esl-a-dire « moi qui suis impolenle >..
(*) Dieu lui rend par miracle I'usage de ses membrcs.
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22
WALLONIA.
in.
La mort de Jean-Reynaud.
CHANSON DBAMATIQUB.
Lento.
zm
9 « f ^A
=t=*
£
^P
Quand Jean-Rey-naud de guerr' revint II en re- vint triste et cha-
^xj^^S^ j ^t^ m^rffy^
grin. Sa mere a la fen£tre en haut : « Voici ve- nir iiion fils Reynaud. »
1.
Quand Jean-Reynaud de guerr* revint
II en revint triste et chagrin.
Sa mere a la fenetre en haut :
« Voici venir mon fi(ls) Reynaud »
2.
« Rejouis-toi Reynaud mon fi(ls)
Ta femme est accouchee d'un fi(ls)
— Ni de ma femme ni de mon fi(ls)
Mon cceur ne peut se rejoui(r). »
3.
a Tenez ma mer', tenez ma mie
Comme un galant m'a-t-arrange :
En repassant pres d'un fosse
A moitie mort il m'a laisse.
4.
« Je sens la mort qui m'a transi,
Portez-moi vit' dedans mon lit,
Et portez-moi si bas, si bas
Que ma femm' ne l'entende pas. »
5.
Et quand ce fut sur le minuit
Le roi Reynaud rendit l'esprit.
Toutes les gens ont souapire
Les paysans en ont pleure*.
6.
u Ah ! dites moi, mere et ma mie
Qu'est-c' que j'entends pleurer ici ?
— Ma fill', c'est pour un des chevauz
Qui s'est noye en passant Teau. o
7.
a Ah ! dite8-moi, mere et ma mie
Qu'est-c' que j 'en tends clouer ici ?
— Ma fill', ce sont tons les inacons
Qui raccomodent la maison. »
8.
« Ah ! dites-moi, mere et ma mie,
Qu'est-c' que j'entends sonner ici ?
— Ma fill', c'est l'enfant du voisin
Que l'on doit enterrer domain, n
9.
u Ah ! dites-moi, mere et ma mie
Pourquoi les pret' chant'nt-ils ici ?
— Ma fill', c'est la procession
Qui fait le tour de la maison »
10.
u Ah ! dites-moi, mere et ma mie,
Je veux sortir de ce lit-ci !
— A lion b, demain, si vous voulez
Nous en irons nous promener. »
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WALLONIA.
2S
11.
a Mais le dimanche est arrive
A la messe il faudra-t-aller.
— Allon8, ma fill', si vous voulez,
Voila les cloch's qui vont sonner. „
12.
u Ah ! dites-moi, mere et ma mie,
Quell' robe faut-il mettre aujourdTmi :
— Mettez le blanc, mettez le gris...
Mettez le noir pour mieuxchoisi(r). „
13.
« Ah ! dites-moi, mere et ma mie,
Qu'est-c* que ce noir-la signifie,
— Ma fill', c est bien Phabillement
D'une iemme qui se relev* d'enfant. „
U.
Quand elle passa dedans les champs,
Un berger dit en la voyant :
« Voila la fernm* de ce grand roi
Qu'on enterra ahier au soir. „
Chants par Marie-Catherine Mathieu,
tient la chanson de sa mere.
15.
u Ah ! dites-moi, Mere et ma mie,
Qu'est-ce que ce vieux berger me dit?
— Allons, ma fille, et promptement
Laissez les mots des paysans. »
16.
Quand ell' fut dans l'eglise entree
L'eau b6nite on li a donne\
Et puis levant les yeux en haut
Ell' regarda le grand tombeau.
17.
u Ah ! dites-moi, mere et ma mie
Qu'est-c' que c'tombeau-la signifie ?
— Ma fiir, je n'puis plus vous 1' cacher,
C'est Jean- Reynaud qu'est tr£passe\ »
18.
u — Ah ! dites vite au fossoyou(r)
Qu'il fasse un* tombe, pour nous deux,
Et que le trou soit assez grand
Pour qu'on y mette aussi 1' enfant. »
de Lize-Seraing, 86 ans, illettre'e qui
0. COLSON.
NOTES ET ENQUETES.
1. Lne punilion clu del. — L'ann^e 1845 fut une annde funeste aux
pauvres gens de notre pays : une « maladie » se declara dans les pommes de
terre et la r^colte fut presque completement manquee. La mfrne annee, on vit
apparaitre la polka dans nos bals et cette danse, comme on dit, ne tarda pas a
faire fureur. Neanmoins, les vieilles gens, qui ont conserve" jusqu'aujourd'hui le
souvenir des danses plates et lentes du temps passd, rdpugnaient a voir aban-
donner celles-ci pour adopter une mode nouvelle, qu'ils qualifiaient seVerement,
parce qu'on se tenait de trop pres embrass&s.
On fut conduit a rapprocher les deux eV^nements de l'ann^e et la legende
suivante prit cours chez les illettr^s, ou chacun peut la retrouver :
« La polka n'est autre que la danse ex^cut^e par les Juifs, lorsqu'il virent
le Christ condamne" au supplice de la croix. L'apparition de la terrible maladie
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24 WALLONIA.
des po mines de terre est une punition du ciel, en signe de reprobation contre
le trop grand empressement de la bourgeoisie a adopter la danse impie. »
II est curieux de constater que la meme cause est attribute a cette calamity
dans le pays flamand. Cf. la revue folklorique de Brecht (Anvers) Ons Yolk-
sleven, II, n° 23, p. 82. 0. C.
2. Blason populalre. — Nos lecteurs seraient bien aimables de nous
communiquer avec traduction litter ale les proverbes, dictons ou formulettes
qu'ils connaissent, renfermant un nom propre de lieu, un nom de village, de
ville ou de contree. Par ex. les dictons contre les flamands, ceux destines a
ridiculiser les habitants de certaines villes, etc. Jos. D.
3. L.e bouillon d'onze lieu res. — II y a encore dans le peuple bien des
gens qui n'aiment guere aller se faire soigner dans les bopitaux ; on pre" fere
rester en famille, aupres des personnes aimees, que se remettre aux mains
d'etrangere dans de vastes salles aux murs nus, etc.
Une croyance populaire vient a Tappui de ce motif plutot sentimental. On
pretendait que les medecins des bopitaux n'hesitaient pas a se d&aire, a l'aide
d'un potage empoisono^ dit « bouillon d'onze beures », des malades atteints de
maux paraissant incurables ou qu'il serait trop difficile (sic) de guerir ! On
ajoutait que les medecins employaient le meme « bouillon » pour hater la fin des
malades quand ils arrivaient tres nombreux, par exemple en temps d'£pid6mie.
Cette croyance n'est pas encore totalement ^teinte malgre « les merveilloux
progres de la civilisation o. (Liege).
4. Inncrlpilont muriile*. — Nos freres du Nord ont un bien joli mot
WELKOME, qui leur suffit pour exprimer tout le plaisir que fait le visiteur a
son hote. Dans nos dialectes, il n'a aucun equivalent, les mots composes n'exis-
tant pas en wallon. 11 nous faut, par exemple, a Liege, employer toute une
pe"riphrase : Slylz Vbin v'nou « soyez le bienvenu » — ce qu'on ne manque
jamais de dire, car le wallon tut toujours tres hospitalier.
Dans certaines vieilles maisons du pays de Namur, on trouvait naguere
encore, dit un journal \ cette inscription sur lacheminee de la salle a manger :
On vos wet volti a on vous voit volontiers » e'est-a-dire a on aime vous voir »,
ou « on vous aime, » car Texpression u voir volontiers » a les deux sens, selon
les cas.
II y a la quelque chose comme le Welkome, et si ce n'est pas un cri spontane,
un eian du couur, e'est a coup sur aussi touchant : le mot de bienvenue elait la
pour tous ceux qui franchissaient le seuil, et le plus pur sentiment de la plus
cordiale hospitality ne faisait d ; exception pour personne.
Nos lecteurs connaissent-ils d'autres inscriptions murales de ce genre,
destinies k porter sous les yeux des visiteurs une pensee morale ou une parole
bienveillante ? 0. C.
(*) La Chronique, de Bruxelles, du 2ao6t 48!M, k la rubrique « Boite aux lettres. »
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AUX LECTEURS.
Les fondateurs de Wallonia profitent de cette premiere occasion, pour
exprimer leur vive gratitude a toutes les personnes qui ont bien voulu les
lionorer d'une collaboration anticip^e.
Nous esperons que leur exemple sera suivi par tous les Wallons qui
s'interessent aux traditions et a la bonne vieille langue de nos peres.
C'est par la collaboration de tous que notre modeste periodique pourra
marcher vers le but entrevu par ses premiers fideles : mettre au jour, de bonne
foi, et petit a petit, les traditions des diverses parties de notre pays wallon.
Des aujourd'hui, nous sommes heureux de remercier les personnes dont les
noms suivent — et celles qui seraient victimes d'une involontaire omission :
MM.
M»<*
MM.
Binarae*, it Evrehailles (Yvoir). MM.
Th. Bernier, a Angre(Dour).
Jean Bury, a Liege.
C. Gharlier, a Flawinne (Namur).
Collin, a Li£ge.
J. Dec I eve, a Mons (Hainaut .
Dehez, a Malmedy.
Ars. de Noue, a Malmedy.
J.-J. Dominic, a Langlir (Houflalize).
L. Detrixhe, a Stavelot.
Edm. Elienne, a Jodoigne.
A. Fassin, ii Stembert (Verviers).
L. Hustin, a Ethe (Virion).
Em. Jacques, a Ampsin (Huy).
Lambert, a Omal (Waremme).
S. Lens, a Anvers.
Malchaire, cure*, a Fronville (Durbuy). M ,l «
A. Massart, a La Hestre (Seneffej. MM.
Jos. Mourmeaux^ a Masy (Gembloux).
Leon Paslur, ii Braine-1'Alleud.
L. Petit, a ftivelles.
Poncelel, a Esneux (Lie'ge).
F. Ramboux. a Herstal (Litfge).
H.-J. Raxbon, a Verviers.
1'abbe* Renard, a Bruxelles.
C.-J. Schepers, a Braine TAIIeud.
H. Scius, a Malmedy.
F. Seressia, a Fallais.
Ad. Servais, a Burtonville-(VielsaIm).
CI. Sibitte, a Lidge.
Slase, a Linee* (Litfge).
E. Sody, a Spa.
J. Tromme, a Burnonlige (Ferrieres).
D r Vermer, a Beauraing.
J. Wilkin, a Verviers.
L. Willame a Anderlues(Charleroi).
X., a Laroche.
Z., a Chimay.
L'abondance des matieres nous oblige a remettre aux procbains numeros bon
nombre d'articles inte>essants, dus a la plume de ces premiers collaborateurs.
Les documents detaches que certains ont bien voulu nous envoyer en bus,
serviront a enricbir divers travaux en preparation ; on les y retrouvera pourvus
de leer certificat d'origine (lieu de la recolte et nom du correspondant).
Nous croyons ces indications indispensables, et nos amis voudront bien nous
mettre a meme de les indiquer regulieremeut, en nous donnant chaque ibis les
renseignements necessaires.
Nous faisons un pressant appel a la bonne volonte de tous les Wallonisants
avec l'espoir qu'ils voudront nous aider et prendre notre petit recueil sous leur
genereuse protection. LES FONDATEURS.
P. S. Parmi les personnes qui. ont dtc* cite*es, sur ma demande, dans la note ei-dessus
(4 re Edition), il en est six qui m'ont donne* autrefois quelques renseignements interessants.
C'ltait dvidemment a ce seul titre qu'on avait cru bon de les remercier, et nullement a litre de
collaborateurs sp&iaux. Pour tWiter toute interpretation inexacte, j'ai pris spontane*ment
(10 Janvier) le parti de supprimer leurs noms, tout en leur rlileYant la cordiale expression de
loos mes remercicments. — 0. C.
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)
WALLONIA
Recueil mensuel de
LITTERATURE ORALE
CROYANCES & USAGES TRADITIONNELS
FONDE PAK
O. Colson. Jos. Defrecheux & G. Wiilame.
Parait le 13 de chaque mois par livraison de seize pages au
moins, et formera a la fin de Tannee un beau volume de plus de
200 pages avec titre, faux-titre et table des matieres.
Adresser toutes communications a M. O. Colson,
rue de Campine, 184, Liege.
Abonnement annuel : Belgique, 3 francs. — Etranger, 4 francs.
Un num£ro, 50 centimes.
Dans les prochains fascicules
Paraitront des articles de divers collaborateurs sur les sujets
suivants :
Croyances et coutumes des houilleurs; cuisine populaire
nivelloise ; jeux de nourrices ; les Pqurquoi ; les beotiens de
Stembert; les sotais ou nutons ; prieres populaires; devinettes ;
faceties hesbignonnes ; Famour et les amoureux ; les danses d'autre-
fois; une fete populaire a Jodoigne; jeux d'enfants; chansons
d'amour, de metier ; cantilenes religieuses ; chansons dramatiques ;
legendes et contes liegeois , namurois , hennuyers, vervietois,
nivellois, ardennais, etc., etc., etc.
Des prexstK de 11. YaUlanl-Curmmme,
me St- Adalbert, 8, Lie'je
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. " c o>,
cZ& cZj~£ (>. ^>3.JL
N° 2 (deuxieme edition).
. [13 tevrie* 1880 treize.]
WALLONIA
LITTERATURE ORALE
CROYANCES ET USAGES TRADITIONNELS
SOMMAIRE :
CUISINE NIVELLOISE.
La // tdrte d V djoite n et les doupes . Georges WiLLAME.
DfcBATS.
II. Le seigneur et la bergere (air nori) . Jos. DEFRECHEUX.
RANDONNEES.
I. Ccquai et PoiHte, conte. . . • . . Henri SlMON.
HUMOUR POPULAIKE.
I. A la porte de la ville Alfred Harou.
II. Dialogue avec un sourd ; — Di-st-i,
di-st-elle O. CoLSON.
FABLES.
I. Le renard et Tecureuil Ad. Servais.
CHANSONS DRAMATIQUES.
II. L'engagd (air note) . . . . . . Henri Simon.
III. La fille du garde (air note) . . . O. COLSON.
NOTES ET ENQUETES.
^LIEGE
ACX MIREAIX m l.A Uctue
184, rue de Catnpino.
PRIX DU NUMERO
fr. 0-50
DRVXELLES
l.lliRAlltie DE I' Office de Publicity
J. LEHKXHK A O?
rue i\o la M.uU'!r:nc-, 46
PARIS
Lll'.llAIRII-: III.MOUlUlK I'KS I'KuVIMlES
Km. LKCIIKVAKIKII
quai lies (.ir&n<ls-Augustins, 5^
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NOTES DU COMITE.
Remerciements.
Nous devons au public et a la presse de tous les partis l'expression de notre
reconnaissance. WaUonia a et6 accueillie partout avec des eloges en verite trop
flatteurs, et elle a re9U des adhesions en nombre tel, que l'avenir de notre
periodique est des a present assure.
La grande quantite d'envois que nous avons recus, nous prouve que nous
Bommes en communaute d'idees avec le plus grand nombre des wallonisants et
des amateurs de Folklore; ces derniers etaient jusqu'a present disperses, sans
organe special et accessible a tous. En presence de leurs vobux et de leur
collaboration spontanee, notre devoir est d'assurer de nouveau l'accueil le plus
desinteresse a toutes les communications qu'on voudra bien nous faire.
AVIS IMPORTANTS.
1. — La Hevue paraitra desormais sous une forme typographique que nous
croyons meilleure, et le present fascicule donne le type de nos futures
livraisons. II a ^te fait un nouveau tirage du premier n° sous cette forme
definitive ; chaque abonne recevra a titre gracieux un nouvel exemplaire. On a
d'ailleurs profit^ de cette seconde Edition pour faire quelques corrections et
additions utiles.
2. — Dans le but de proteger nos collections , l'Administration de
"WALLONIA a porte a 50 centimes le prix du fascicule. Cette majoration ne
concern e que les numeros detaches. Les libraires, depositaires de la revue,
fourniront done aux acheteurs reguliers, chaque numero de WALLONIA au prix
d'un douzieme du chiffre de l'abonnement, soit comme par le passd :
25 centimes pour la Belgique, 35 centimes pour PEtranger.
Petite correspondance.
1. A M. Eug. Holland, Paris.— Nous vous confirmons notre postale recente.
Attendons toujours « Melusine » de Janvier-Fevrier.
2. A M. JET. Simon.— La chanson de quete du 1** n<> reparaitra, mieux a sa
place, en tete d'une serie dans un prochain fascicule, comme convenu.
3. A M. Louis Loiseau, a Ixelles. — Attendons l'air de musique promis.
Publierons le tout prochain ement.
4. A M. J. L. X. & L.-^-Tres joli conte, uiais quelques reparties sont peut-etre
un peu vivos. Somraes tres perplexes. ; — Nous inaugurons le systeme des
« rubriques volantes » qui est bien le seui moyen de classer automatiquement
les matieres. II y aura en outre une table analytique tres complete.
5. A M. Schep., a 2?.— Au prochain... encore une fois ! L'abondance des
matieres, etc. pantoufle : vous connaissez la ritournelle. Recevrez nouyelles
epreuves du tout.
')
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-t
CUISINE NIVELLOISE.
LA " TARTE A VDJOTTE „.
A Nivelles, le lundi de Paques est marque par un petit ev6ne-
ment local : c'est la premiere fois pendant l'ann6e que Ton fait &'M
tdrte a Vdjotte dans Punique guinguette nivelloise ou ce vieil usage
se soit perpetue.
Ce jour-la, entre cinq et sept heures du soir, des families entieres
vont manger le mets traditionnel, arrose de bi&re de Diest ou de
Louvain (peeterman). On s'installe sous une tonnelle, autour d'une
table formee d'une planche rugueuse et d'un seul pied ficli6 en terre ;
puis, on attend que la fournie soit prete. Et lorsque cette derni&re
tarde a sortir, un membre de la famille se rend au fournil, afin
de stimuler l'activiti de Lalie, une nivelloise deji mtire qui, depuis
nombre d'annees, confectionne avec un talent tout special la
tarte chere aux Aclots '.
Voici la recette de la tdrte a Vdjotte (litter. « tarte a la bette ») :
Delayer du fromage connu sous le nom de bbtchee * avec quelques CBufs et du
beurre frit, ajouter un grain de sel, y melanger intimement des bettes, des
petits oignons verts et du persil hache* menu, allonger avec unpeu d'eau ou
de lait si le tout est trop consistent, et e*tendre sur la pate.
Servir la tarte chaude et bien garnie de beurre.
Afin que le consommateur puisse observer k son gr6 cette derniftre
prescription, on a soin de lui apporter, avec sa tarte, un morceau de
beurre qu'il s'empresse d^tendre sur celle-ci.
Les fourn6es que Lalie prepare et dont elle surveille la cuisson
comprennent :
(') Aclots, sobriquet des Nivellois.
(*) Fromage blanc pressc* et said.
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26 WALLONIA.
1° Des tartes al'djotte, d'un vert assez fonce;
2° Des tartes au fromage, d'un jaune dore, composees des memes
elements que les precedentes, a P exclusion des bettes, des petits
oignons et du persil ;
3° Des tartes mi-vertes et mi-dorees, dont la pate est couverte, a
part egale, de verdure et de fromage et qui doivent a cette compo-
sition le nom de mitoyennes]
4° Des tartes aux fruits.
Et lorsqu'une commande est faite aux gens de service, elle est
aussitot transmise a Lalie, selon sa nature, dans ce style telegra-
phique : Enne verte; enne djaune; enne mitoyenne; ieune au fuit!
A partir du lundi de Paques, Lalie ne cesse d' avoir des clients,
les lundi, vendredi et dimanche de chaque semaine, jusqu'au ven-
dredi qui precede la fete communale de Nivelles '.
L^tablissement ou Lalie petrit sa pate blanche et ferme est situe
a Fextremite de la ville, k deux pas du premier passage a niveau de
la ligne de Nivelles (Nord) a Manage; il est tenu par les epoux
Lison et porte pour enseigne : a Aux armes de Nivelles. „
tPentre dans ces details, parce qu J il s'agit ici du dernier reste d'un
vieil usage local, non pas delaisse — graces aDieu! — mais moins
sttivi qu'autrefois. 11 y a trente a quarante ans, par exemple, on allait
manger de la tarte a la Croix de Malte (cbez Djoseuph da Prophete);
au Franc Etot*] a la Falise fchez Sans tnollets); aux CJiamps Ely sees]
a Ma Campagne (chez Maianne des Archers),
Aujourd'hui, les Nivellois sont restes fideles au mets prefere de
leurs peres ; mais ils le mangent chez eux, ou les patissiers et les
boulangers de la ville le font deposer, tout chaud encore, le vendredi
a-midi. On cite meme nombre cPamateurs qui resident a Bruxelles
et qui, chaque vendredi, font venir de Nivelles, par express, des
tartes a Vdjotte qu J ils degustent deux heures apres qu^lles ont quitte
le four.
LES u DOUPES „.
Aussitot apres la fete communale, une autre specialite nivelloise
remplace les tartes : ce sont les doubles, dont voici la recette :
(*) Celle-ci commence le dimanche qui suit la Saint-Michel (29 septembre).
(*) Wal. : au Franc Stot.
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WALLONIA. 27
Delayer de la farine de sarrasin ' dans de l'eau tiede, a raison d'un litre et
demi d'eau par kilo, de farine ; raettre pour dix centimes de levure et deux
oeufs; battre le tout. Faire cuire sur une platine beurre'e deux petits ratons tres
minces; mettre sur Pun des ratons de fines tranches de fromage d'Edam bien
mur ■ et le couvrir de Tautre raton.
Servir avec du beurre a volonte".
Les doubles, dont la recette explique le nom, se raangent actuelle-
ment dans deux estaminets et dans une maison particuliftre. Pendant
de longues annees, elles ont fait la gloire d'une autre Lalie, tr6pass6e
depuis longtemps, mais dont le souvenir et la reputation d'habilete
ne sont pas pr&s de s'eteindre a Nivelles.
*
* *
La tarte a Vdjotte (comme les doubles, d'ailleurs), ne plait gu&re k
l'etranger qui la gotite pour la premiere fois ; mais je me hate d'a-
jouter que Ton s'y fait assez vite et que les conversions ne se
comptent plus.
Quant aux Aclots, ils raffolent, presque d&s le berceau, de ces mets
nivellois, qui furent plus d'une fois chantes par leurs adorateurs. Je
citerai le couplet suivant d'une chanson compos£e par le docteur
Th. Berthels, lors de rinstallation du cure de Saint-Nicolas, k
Nivelles, le 23 novembre 1819 :
Si cH Vsaison, pou no curt, Si c'etait la saison, pour notre cur 6,
frou oVcl tarte a Vjoute; On ferait de la tarte a la bette;
Enn J doupe ou deux, v'lo) c 1 qu'opu fait,* Une double ou deux, voila ce qu'on
[peut faire,
(Test bein boun quand ca goutte. C'est bien bon quand cela goute.
El vi bur 1 lura aVsu s'minton, Le vieux beurre luira sur son menton,
La faridondaine, etc. La faridondaine, etc.
A ^occasion d'un a festin patriotique » donne k Nivelles, en 1831,
le meme docteur raille « la faute des Hollandais a dans une chanson
wallonne intitulee : o Les Patriotes Aclots * dont nous extrayons
les couplets suivants :
(') Wall, farine de bouquelle.
(*) A ddfaut d'un fromage special devenu presque introuvable.
(*) Comme aujourd'hui, on faisail done les doubles en hiver.
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28
WALLONIA.
Si Vrwe vein, Lalie a co
D'quoi li fax in ral fricot
Ave s'froumache et s'bouquette
Tourlourette, etc.
Au Franc Stot o Vcondurou
Et dins Vtarf verte i fiairrou
Nos ougnons, nos feuye d% bette
Tourlourette, etc.
Si le roi vient, Lalie a encore
De quoi lui faire un rare fricot
Avec son fromage et son sarrasin,
Tourlourette, etc.
Au Franc Etot on le conduirait
Et dans la tarte verte il flairerait
Nos oignons, nos feuilles de bette,
Tourlourette, etc.
Georges Willame.
DEBATS.
il
[WABLONIA a public dans son premier n" (page 18) une chanson dialoguee
en francais et en wallon intitulee « la Bergere et le Monsieur ». Cette chanson
ne fut pas la seule de ce genre qui circula dans nos campagnes et qu'on pent y
retrouver. Le sujet est generalement le meme : Tin seducteur vieux et riche^
parlant un francais assez pretentieux, une paysanne honnete et naive le
rabrouant dans un wallon peu poli. Tout porte a croire que les D£bats ou le
wallon intervient pour une part, ne sont pas fort communs. On a cop end ant
recueilli pour nous dans diverses locality quelques-unes de ces chansons ; elles
paraitront successivement avec les airs not^s, tels que nous les avons entendues.
Toutes ne sont pas completes, et nous prions ceux de nos lecteurs qui connal-
traient les couplets qui nous manquent, d'avoir l'extreme obligeance de nous
les communiquer. Nous commencerons la serie par une piece deja publico
autrefois dansun beau livreaujourd'huirarissime * ; nous la reprenons ci-dessous
en indiquant quelques variantes de detail. — Jos. D.]
Le Seigneur et la Berg&re.
Andante con moto.
3E*
M^S^
js eJqjttfc E
^^^^H
Bonjour,jo-li-
poco rail.
et- te, Je viens pour te faire la cour, Charm ante bru-
a tempo.
&
J££
tz&-
m
3s
2 | « j fr
3
&£
*EE
net-te, Plus bell' que le jour. Je viens dans ces lieux 6- car- tea Pour
(') Voir -.Choix de chansons et pohies wallonncs, recueillies par MM. B[ailleux] et D|ejardin]
p. 46. Lidge, Oudart, i844.
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WALLONIA.
29
poco rail.
rendre hommage a ta beau-td : Re^is mes ca-res-ses, Renvoi e ton berger.
1.
Le seigneur.
Bonjour joliette,
Je viens pour te faire la cour,
Charmante brunette,
Plus belT que le jour.
Je viens dans ces lieux ecartes
Pour rendre hommage a ta beaute :
Retjois mes caresses,
Renvoie ton berger.
2.
La bergbre.
V&ie, quelle avinte&re !
Vo m'cial vino we tot a matin ;
Louquiz cisse postetirc
i\P3 rireut-on nin !
Louquiz a vos, ca vos toum'rez,
Ca vos estez d&dja hale ;
Dji so-st-twareye
Di tfveyi tron-ner. (a)
Voyez quelle aventure !
Me voici venue tout au matin ;
Regardez cette statue
N'en rirait-on pas !
Gare a vous, car vous tomberez,
Car vous dtes deja boiteux ;
Jesuis eionnee
De vous voir trembler.
Le seigneur.
Si je trembP, berg&r e,
C'est que j'ai peur de vous facher ;
Je suis plus leger
Que tous vos bergers,
J'ai justement quatre-vingts ans,
Ne suis-j' pas un hommme galant, (b)
Je suis plus agile
Qu'un li^vr' sur les champs, (c)
(a) Comme dji v'veu tron-ner « comme je vous vois trembler ». — (b) A talents. — (c)
Recois mes caresses — Bell\ dessus les champs.
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30
WALLONIA.
Vos polez bin Vdirc :
Allez I don ) vi tchamosse,
Ca vos m'frtz bin rire
Qwand dji louqu' voss* nez,
Voss y boqu* comme on for a flo'ion,
Voss' minton po djouer Vviolon ;
Allez d, laid male,
Allez hpus Ion.
4.
La bergbre.
Vous pouvez bien le dire :
Allez-vous en done, vieux moisi,
Car vous me feriez bien rire
Quandje regarde votre nez,
Votre bouche comme un four a flan,
Votre menton pour jouer du violon ;
Allez- vous-en, laid male,
Allez-vous-en plus loin.
5.
Le seigneur.
Jeune fill' volage,
Ne meprise pas mon amour,
Moi qui suis si sage
Viens done a ma cour ;
Tu gouteras ses doux pass'-temps,
Ses rev', ses jeux, ses agrements.
Jeune fill' volage,
Quitte done les champs.
6.
Dfainm' miavdrciale
Magni d& lessai, dh stofe,
Chlihe It gruzallc,
Tot a Ion d' Voste,
Qui tos vos rosti, vos ragoUt. (d)
Allez-b, laid veshdj\ vi cou: (e)
Si m'bilrdjl v's attrape,
Vos shrez battou. (f>
La bergbre.
J'aime mieux, par ici,
Manger du lait, du fromage,
Cerises et groseilles,
Tout au long de l'ete\
Que tous vos rdtis, vos ragouts.
Allez-yous-en, laid visage, vieux derriere:
Si mon berger vous attrappe,
Vous serez battu.
7.
Le seigneur.
Adieu, jeune ingrate, (g)
Que je te quitte avec regret !
(d) Vos otlhai « vos oiseaux t — (c) Vix&dje di navai * visage de navel « c'esl-a-dire blanc
comme un navet. — if) Vox tonmWez de laid « vous t-omberez du laid » (?) — (r/) G<Bur aimaMe.
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WALLONIA.
31
Je suis miserable !
Quel affront tu m'fais ! (h)
Je vais dans mes appartements
Pleurer le reste de mes ans ;
Adieu, coeur de roche,
Reste sur tes champs !
Allez, vhye bourrique,
Allez-e, rihorbez voss y nez; (i)
N*ari-v J nin rhitte, (j)
Dji k'mincs a Voder.
Allez-l, r'lavez voss' panai
Et s'magni dh Vsope a lessai ;
Allez, vlye bourrique,
Allez j vix tavlai.
8.
La berg&re.
Allez, vieille bourrique,
Allez-voua-en, essuyez votre nez ;
N'auriez-vous pas la foire,
Je commence a la sentir.
Allez- vous-en, relavez votre chemise
Et mangez de la soupe au lait ;
Allez, vieille bourrique,
Allez, vieux tableau !
Joseph DEFRECHEUX.
RANDONNEES
I.
Coquai et Pofette.
Chste.u *n fh'ie Coquai, Po'iette
Qu'allit a neuhe et a neuhltte.
Li coq deri-st-d Po'iette :
« Dji va monter 80 Vabe; dji les
he&rh et vos, vHes ramassWez. »
Et Po'iette fa deux hopai, onque di
bonne et onque di male.
Coquai d'manda s'dnne aveu d&dja
on bon hopai, et Po'iette diha qu'awd.
Et elte li deri : « Vola vosse hopai
et vocial li meune. p
Et puis, i s'mlttxt d croht tos les
deux.
C'etait une fois Coq et Poulette
Qui allaient aux noisettes.
Le coq dit a Poulette :
« Je vais monter sur l'arbre ; je les
secouerai et vous, vous les ramasserez.o
Et Poulette fit deux tas, un de
bonnes et un de mauvaises.
Le coq demanda s'il y en avait deja
un bon tas, et Poulette dit qu'oui.
Et elle lui dit : « Voila votre tas,
et voici le mien. »
Et puis, ils se mirent a croquer tous
les deux.
(h) Pour moi. — (i) Louquiz a ros, ca vos tonrn'rez « Gare it vous, car vous tomberez •.
(j) Vox drlz bin Vh. « Vous auricz bien la f. »
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32
WALLONIA.
Main Coquai dbri : « Dji crohe, dji
crohe, et dji trouvt tos malt, o
Et Po'iette dbri : o Dji crohe, dji
crohe, et dji trouvt tos bonne.
— Donne-mu eune ou dji t'betche,
di-st-i, lu.
— Bltche-mu, ca t'bnneri are* nolle,
di-st-elle, Ibie. »
Et Coquai V bbtcha ai fwlr qu'i li
d'hira tot s'carcazai.
Elle cor a d'lez V gorli to brbiant :
• Gorli ! gorli !
D'ncz-me ine ponte di tchbtai
Po r'fer V tro di m'carcazai
Qui nos bai Coquai m'a fait
Po-z-avu VmHcux moncai. »
Li gorli ti responda : * Ti n'drb nin
db tchbtai si ti n'm'a 8tu qwbri des
«e&te. »
Elle cora d'lez V tro'ie tot cThant:
« Tro'ie f troie, d'nez-m' des seine!
Li seuHe dfel deu a gorli, li gorli
m'deu V ponte di tchbtai,
Po r'fer V tro di m'carcazai
Qui noss' bai Coquai m'a fait
Po-z-avu V mb'ieux mongai. »
Li tro'ie U responda : « Ti n'drb nin
des seuie si ti n'm'a stu qwbri V crom-
pire. n
Elle cora d'lez V terre tot d'hant:
« Terre t terre, d'nez-m' ine crompire:
li crompire dj'bl deu d I'troie, li tro'ie
mi deu V seuie: li seuie dj'bl deu a
gorli, et V gorli m' deu 'n' ponte di
tchbtai... etc.
Li terre ti rbsponda : « Ti n'drb
nin V crompire si ti n'm'a stu qwlri
dbl'flatte. »
Elle cora d'lez Vvatche tot d'hant :
« Vatche, vatche, dinez-m' db I'flatte ;
li flatte dj'bl deu a V terre, li terre mi
Mais le coq dit : a Je croque, je
croque et je trouve toutesmauvaises.n
Et Poulette dit : o Je croque, je
croque et je trouve toutes bonnes, n
— Donne-moi une ou je te donne
un coup de bee, dit-il, lui.
— Becque-moi, car tu n'en auras
aucune, dit-elle, elle. «
Et le coq l'a becqua si fort qu'il lui
decbira toute sa carcasse.
Elle courut chez le bourrelier en
criant : « Bourrelier ! Bourrelier !
Donnez-moi une pointe de ligneul
Pour refaire le trou de ma carcasse
Que notre beau coq m'a fait
Pour avoir le meilleur monceau. »
Le bourrelier lui repondit : <t Tu
n'auras pas de ligneul si tu ne m'as
ele" cbercber des soies. »
Elle courut pres delatruie en disant:
« Truie! truie ! donnez-moi des soies!
Lasoie je la dois au bourrelier, le bour-
relier me doit uno pointe de ligneul
Pour refaire le trou de ma carcasse
Que notre beau coq m'a fait
Pour avoir le meilleur tas. »
La truie lui repondit : « Tu n'auras
pas des soies si tu ne m'as rite"
cbercher une pomme de terre. »
Elle courut pres du terrain en disant:
« Terrain, donnez-moi une pomme
de terre, je la dois a la truie, la truie
me doit une soie, la soie je la dois au
bourrelier, et le bourrelier me doit
une pointe de ligneul.. . etc.
Le terrain lui repondit : « Tu n'au-
ras pas une pomme de terre si tu ne
m'as 6te* cbercher de la bouse. »
Elle courut pres de la vache en
disant :
« Vache, vache, donnez-moi de la
bouse; la bouse je la dois au terrain,
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WALLONIA.
33
deu V crompire, li crompire dfhl deu
& Vtr die.... etc.
Li vatche li rhsponda : « Ti rVdrh
nin dh Vflatte si ti n' m'a stu qwhri di
Vhihbe. »
Elle cor a d'lez V pre tot d'hant :
« Pre, pre, d?nez-m' di Vhihbe; Vhihbe
dfhl deu a V vatche, li vatche mi
deu dh V flatte ; li flatte dfhl
deu.... etc.
Li pre It rhponda : « Ti ridrh nin
di Vhihbe si ti n' m'a stu qwhri des
pact des prime, n
Elle cor a d'lez V bwhs tot dhant :
« Bwhs, bwhs, d'nez-m 1 des pa et des
prime ; les pa et les prime dji les deu
a pri; li pre m' deu di Vhihbe, Vhihbe
fit deu.... etc.
Li bwhs li rhsponda : Ti n'are des
pd et des prime si ti n' m'a stu qwhri
dh feu. »
Elle cora d'lez Vais.e tot d'hant :
« Aisse, aisse, dinez-m 1 dh feu; li
feu dfhl deu & bwhs. li bwhs mi deu
dh pa et des prime, les pa et les prime
dji Its deu a pri, li pri m' deu di
Vhihbe, Vhihbe dfhl deu d Vvatche, li
vatche mi deu dh V flatte, li flatte djhl
deu a Vtirre, li tirre mi deu V crom-
pire, li crompire dfhl deu a Vtr die, li
troie mi deu V setiie, li seftic dfhl deu
a gorli, li gorli m'deu V ponte di
tchhtai
Po r'fer Vtro di m'enrcazai
Qui noss* bai Coquai m'a fait
Po-z-avu Vmh'ieu mongai. »
V aisse li rhsponda : « Ti Wore nin
dh feu si ti n' m'a stu qwhri d 1
Vaiwe. »
Poiette vola alter qwhri d 1 Vahve et
elle touma d'vins.
le terrain me doit une pomrae de
terre; je la dois a la truie.... etc.
La vache lui repondit : « Tu n'auras
pas de la bouse si tu ne m'as 6t&
chercher de Therbe. »
Elle courut pres du pr£ en disant :
(i Pr6, pre", donnez-moi de Therbe ;
Therbe je la dois a la vache, la vache
me doit de la bouse, la bouse je la
dois.... etc.
Le pr6 lui repondit : « Tu n'auras pas
de Therbe, si tu ne m'as 6t6 chercher
des pieux et des traverses. »
En courut pres du bois en disant :
« Bois, bois, donnez-moi des pieux
et des traverses ; les pieux et les tra-
verses je les dois au pre, le pr£ me doit
de Therbe, Therbe je la dois.... etc.
Le bois lui repondit : « Tu n'auras
des pieux et des traverses si tu ne
m'as ele chercher du feu. »
Elle courut pres de Tatre en disant :
« Atre, atre, donnez-moi du feu; le
feu je le dois au bois ; le bois me doit
des pieux et des traverses, les pieux et
les traverses je les dois au pre; le pr6
me doit de Therbe, Therbe, je la dois
a la vache ; la vache me doit de la
bouse, la bouse je la dois au terrain;
le terrain me doit une pomme de terre,
la pomme de terre je la dois a la
truie; la truie me doit une soie, la soie
je la dois au bourrelier; le bourrelier
me doit une pointe de ligneul
Pour refaire le trou de ma carcasse
Que notre beau coq m'a fait
Pour avoir le meilleur monceau. »
L'atre lui repondit : « Tu n'auras
pas de feu si tu ne m'as 6te chercher
de Teau. »
Poulette voulut aller chercher de
Teau et elle tomba dedans.
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34 WALLONIA.
Et v'la V fife fou Et voila la fable hors (= finie)
Yos magrCrez Vhagne et mi Voti J . Vou8 mangerez locale et moi ToBuf.
Conic* par Josephine Thomas, d'Esneux ; elle tient le recit de feu sa mere, qui aurail main-
lenant 8i ans.
Henri SIMON.
HUMOUR POPULAIRE.
A la porte de la ville.
Lorsque les portes de Mons existaient encore, on disait aux
enfants des villages voisins qui se rendaient dans cette ville pour la
premiere fois, qu'& leur passage ils devraient « baiser le derriere du
portier ».
Nous retrouvons cette facetie dans presque tout le pays.
Les paysans des environs de Tirlemont disent encore a leurs
enfants qui, pour la premiere fois, se rendent en ville, qu'ils devront
a baiser le derriere de la vieille femme ».
A Sombreffe, lez-Fleurus, meme refrain. Les gens qui vont a la
ville pour la premiere fois sont censes etre obliges de faire la meme
gracieusete a la a portiere ».
Aux environs de Liege, la meme locution facetieuse a encore
grande vogue. On Padresse aux enfants qui veulent, malgre tout,
accompagner leurs parents a la ville; on croit ainsi les decourager,
et il est de fait que la perspective peu seduisante d y une telle corvee
suffit ordinairement pour faire cesser leurs ennuyeuses reclamations.
Alfred Harou.
II.
l. Dialogue avec un sourd.
L'esprit populaire n'a rien respecte.
Voici une petite historiette rimee qui reproduit un dialogue
suppose entre un passant et un faucheur. Ce dernier, sourd a comme
un pot », a la pretention, comme tous les sourds, de comprendre au
juger tout ce qu'on lui dit, et il repond k chaque phrase, quoiqu'il
n y ait entendu que la finale.
(*) Fonnulette traditionnelle par laquelle on termine ordinairement les contes aux environs
de Liege.
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WALLONIA.
35
De la resulteunquiproquo assez bien conduit, et qui ne manque
pas de sel.
" Estez-v'ld, fdcieu ? Fait tchaudf
— Dfhl se be qWdfel cop* trop haut.
— Vos vCmi comprindez nlgne !
— DfU se be quelle ni cope nlgne.
— Vos djdsez d'in' sor et mi Paute !
— Awe*, fdrb atchHer ine aute.
— A diale, fdcieu !
— A r'veie, haveu ! ,,
TRADUCTION. u Etes-vous la, faucheur ? Fait chaud ! — Je le sais bien que
je le coupe [le grain] trop haut. — Vous ne me comprenez pas ! — Je le sais
bien qu'elle [la faux] ne coupe pas. — Vous parlez d'une sorte [ = chose] et
moi del'autre! — Oui, faudra acheter une autre [faux]. — Au diable, faucheur!
— Au revoir, l'ami. »
2. Di-st-i, di-st-elle.
Bien des conteurs, au ours d'une histoire, repetent, pour ponc-
tuer les dialogues, un peu trop souvent au gre de l'auditeur, ces
mots dit-il, dit-eUe
On n'a pas manque de relever cette habitude et de la signaler dans
des formulettes satiriques.
En voici une qu'au pays de Verviers Ton recite, avec volubility,
plutot pour agacer les gens que pour les corriger de leur manie :
u Bodjofi, di-st-i.
— Bodjoti, di-st-elle.
— Kmin va~t-i ? di-st-i.
— Itn'va bin, di-st-elle.
— Tu m'a k'djose ! di-st-i.
— Oh! ninni ! di-st-elle.
— Vl-st-one canaie ! di-st-i.
— Oh ! ninni, di-st-elle.
— Dju ffoute one baffe ! di-st-i.
— Oh ! tu riwlzreu, di-st-elle.
— Baf! di-sti.
— Oie ! di-st-elle.
— El frhsse co ? di-st-i.
— Nlnni, di-st-elle.
— Au r'wer, di-st-i.
— Au r'weri di-st-elle. „
«« Bonjour, dit-il.
— Bonjour, dit-elle.
— Comment vat-il ? dit-il.
— II me va bien, dit-elle.
— Tu mas d6cause\ dit-il.
— Oh! non, dit-elle.
— Tu es une canaille, dit-il.
— Oh! non, dit-elle.
— Je te ficheune giffle! dit-il.
— Oh! tu n'oserais, dit-elle.
— Pan ! dit-il.
— Aie ! dit-elle .
— Le feras-tu encore ? dit-il.
— Non, dit-elle,
— Au revoir, dit-il.
— Au revoir, dit-elle. »
0. C0LS0N.
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36
WALLONIA.
FABLES 1 .
I.
Le renard et l'6cureuil.
On djou, li r y na aveu fwer faim; i
batteH Vbwh po trover & tnagni.
Tot Won cop, i saba d'on spirou &
Vcopette (Tone abe.
« .He, valet ! dfa c'nochi t'pere et
f grand-pere: i potchin bin di c't abe ci
80 ci la.
— « Dfi freu bin ostan », dit li
spirou.
Is'enonde, min i toume a pid (T
Vabe. Li r'nd, potche «m, e* Vhape o
s'gueu'ie.
« Qr&ce ci Dju, di-st-i, d?ja po fer on
bon r'pas. »
Commeil aveu tfsbri les dint, co pus
vite vola li spirou so Vabe.
« Hi ! valet! di-st-i ar'na, dfa
c'nochi fpere et Vgrand-pere : main i
n'dihin jamais leu grace, si rtavin
acheve leu r*pas... »
Un jonr, le renard avait fort faim; il
parcouraitlebois enquete d'uneproie.
Tout-a-coup, il aper9oit un ecureuil
a la cime d'un arbre.
« He\ l'ami ! j'ai connu ton pere et
ton grand-pere : ils sautaient bien de
cet arbre-ci sur celui-la. »
— « J'en ferais bien autant », dit
l'ecureuil.
II s'elance, mais il tombe au pied de
l'arbre. Le renard saute dessus et le
saisit dans sa gueule.
« Grace a Dieu, dit-il, j'ai de quoi
faire un bon repas. »
Comme il avait desserre les dents,
aussi vite l'ecureuil est sur Tarbre.
« He, l'ami ! dit-il au renard, j'ai
connu ton pere et ton grand-pere:
mais ils ne disaient leurs graces s'ils
n'avaient termini leur repas.. »
Cont£ a Burtonvillc(Vielsalm), par un cultivateur qui tient le rgcit d'un vieillard de Neuvillc,
village voisin.
Ad. Skrvais.
CHANSONS DRAMATIQUES 1
n.
L'engag6.
Allegretto.
$
Je me suis en- ga- ge
3
^t=t
£
Pour l'amour d'u- ne blon-de, Je
£
Efc3E£
me suis en- ga- ge" Pour l'a-mour d'u- ne blon-de,
( ! ) Cettc rubrique est consacrde aux fragments de I'dpopee animale.
(*) Voy. ci-dessus, p. 22, la premiere piece de cette se>ie.
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WALLONIA.
37
fc*
SS= 5 ^EE^i|^e3
g
Non pour quel-ques fa- veurs
*
£
^^
Qu'elle ac- corde a plu-
?EEt^E±
fe^l
sieurs, Mais pour un seul bai- ser Qu'elle m'a re- fu-
Je me suis engag£
Pour 1' amour d'une blonde,
Non pour quelques favours
Qu'elle accorde a plusieurs,
Mais pour un seul baiser
Qu'elle m'a refuse.
2.
La-bas dans ces verts pr^s
J'rencontr* mon capitaine.
Mon capitaine qui m' dit :
a Ou vas-tu Sans-Souci ?
— Je vais dans les vallons,
Rejoind' mon bataillon. »
— a Soldat, t'as du chagrin
Pour Pamour d'une blonde.
Elle est indign' do toi.
La preuve est a mon doigt,
Car j'ai eu le baiser,
Qu'elle t'a refused »
J'ai du courage aussi
Sous mes galons de laine.
J'ai mis mon habit bas
Mon sabre au bout d'mon bras,
Et je me suis battu
Comme un vaillant soldat.
5.
La-bas dans ces verts pres
J'ai tu6 mon cap'taine.
Mon capitaine est mort
Et moi je vis encor,
Mais bientdt, dans deux jours,
Ce sera a mon tour.
6.
Celui qui me tuera,
C'sera mon camarade :
II me band'ra les yeux
Avec un mouchoir bleu.
Puis il me f ramourir
Sans me faire souffrir.
7.
Puis il mettra mon coeur
Dans un' serviette blanche,
Le portVa au pays,
Dans la maison d'ma mie,
Disant: Voici le coeur
De votre serviteur...
8.
Soldats de mon pays,
Ne V dit' pas a ma mere,
Mais dites-lui plutdt
Que je suis a Bordeaux,
Pris par les Polonais,
Qu'on n'mer'verra jamais.
Chants a Lincd-Sprimont, province de Liege, pap M. E. Frick, qui I'a entendue autrefois
d'un vieil ouvrier. Air note* par M. Th. Strivay.
Henri SIMON.
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38
WALLONIA.
in.
La fllle du garde.
Modtri.
*:
^mm
=*=
*=*
3e*e£
Au fond dans ce grand bois \L y a une jo- lie fil- le. On
i
k
^=5=^
m
^=&
*:
b=£
SE
m
dit quelle est si
bel- le, Bel- le com-me le
jour : Trois
^E^E^l^^^i^
no-bles ca- pi- tai-nes Voudraient par-ler d'a- mour.
Au fond dans ce grand bois
'Lya une jolie fille.
On dit qu'elle est si belle,
Belle comme le jour :
Trois nobles capitaines
Voudraient parler d'amour.
La belle qui repond
Comme elle pent le dire :
« Je suis ici par force,
Mais non pour mes plaisirs :
De la maison d'mon pere,
Ces francs lurons m'ontpris(e). o
Le plus jeune des trois
La prit par sa main blanche.
II la prend et l'enleve
Sur son cheval(e) gris,
Dans Paris il Temmene
Au fond de son logis.
Arrivant a Paris :
« Grand Dieu ! quell' jolie fille !.
Dites-nous, la belle,
Dites-nous, sansmentir,
IiitVvous ici par force
Ou bien pour vos plaisirs ? i>
On fit faire un souper,
Chacun se mit a table.
« Buvez, mangez, la belle,
Tout a votre appetit,
Avec trois capitaines
Vous passerez la nuit. »
6.
Au milieu du souper,
La belle a tombe morte.
« Sonnez, sonnez les cloches
Trois dolents cavaliers
Ont trouvd la bell' morte
Sans lui avoir parle. »
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WALLONTA. 39
7. 8.
« De nuit Tenterrerons Apres trois jours passes,
Au bois de chez son pere. Son pere qui se proniene :
Nous mettrons sur sa tombe « Deterrez-moi, mon pere,
Trois joli(es) fleurs de lys ; Mon pere si vous m'aimez,
Nous prierons Dieu pour elle, J'ai fait trois jours la morte
Qu'elle aille en paradis. » Pour mon honneur garder! *
Chantd par M ,,e Elisal>eth Grcgoire, de Milmori, agde de 30 ans, qui tient la chanson de sa
mere.
0. COLSON.
NOTES ET ENQUETES.
6. La malodle des ponomen de terre. — Nous rappelions ci-dessus
p. 24, qu'a Liege, dans I'esprit du peuple, cette calamity qui affligea les petites
gens en Fannee 1845, 6tait attribute a la colere de Dieu.
A Stavelot, nous e*crit M. Louis Detrixhe, l'opinion est tout autre. (Test la
fume*e des trains, disait-on, qui, empestant Pair, produisit cette fatale maladie ;
et comme en 1845, il n'y avait pas a Stavelot le plus petit bout de voie ferr6e,
on admettra que Tinfluence neiaste de ce mauvais air devait etre considered
comme pouvant s'^tendre a des distances extraordinaires.
Jos. D.
6. Le demon du cholern. — Dans certains districts de l'lnde, on croit
encore fermement a l'existence d'un n de*mon du cholera ». Un indigene
habitant un village des environs d* Allahabad, affirmait recemment f a un
inspecteur de police que, la nuit prec^dente, son logis avait ete visits par le
monstre du cholera, dont la tete ressemble a un grand pot de terre. Cet
Hindou et son frere chasserent hors de chez eux l'intrus avec des gourdins de
bambou, et lui tirerent des coups de fusils pour completer sa de>oute, attendu
que ce diable, comme tous les esprits, a peur du bruit.
a II y a quelques ann^es, diront les deux viliageois, trois hommes circons-
pects attirerent le d£mon dans un pot de terre et le porterent dans un village
hostile, peu eloigne, ou ils se proposaient de l'en terror. Mais les habitants de
cette localite s'^tant opposes a cette entreprise, on en vint a se battre ; pendant
la lutte la prison du demon se brisa, et le diable, s'esquivant, put continuer
ses meTaits ! »
7. Un episode des fetes de Noel & Berlin. — Des gens bien emus,
ce jour-la, ce sont les envoy ^s des corporations des salines de Halle, qui, en
(*) Voir la Hevue encyclopedique, dans I'index-journal de son n° 17.
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40 WALLONIA.
vertu d'une ancienne tradition, viennent apporter leurs cadeaux a l'Empereur.
Tous les ans ils sont choisis par election et, si 1' usage des cours leur fait un
peu d£faut, ils ne manquent pas de pittoresque, avec leur longue redingote,
leur culotte courte, leurs grandes bottes, leur gilet de couleur a boutons d'or et
leur cbapeau triangulaire.
Autrefois, ces envoyes prenaient place a la table du Roi et leurs repliques
etaient souvent inattendues. Frederic- Guillaume III demandant au chef de la
delegation ce qui Favait le plus interessd a Berlin, le brave homme repondit :
« Ce qui m'a le mieux plu, c'est vous, Monsieur le Roi, avec votre femme et vos
petits. »
Actuellement, Tusage veut que les delegues se tiennent debout dans la salle
a manger, leur chef derriere le siege de l'Empereur. Au debut de la cerenionie
Tun des envoyes recite une po^sie de circonstance ; cela fait, les autres circulent
autour de la salle en distribuant leurs cadeaux.
Ces presents sont en general du jambon, dusaucisson, etc. L'anneederniere,
ils n'avaient pas apporte^ moins de septante-cinq kilos de saucisson fume !
8. Une chanson dni mall que* — Une de nos chanteuses favorites nous
a a raconte* » une chanson fort interessante, dont elle a malheureusement
perdu Pair et presqne completement les paroles. II s'agit d*une jeune filie que
son pere veut empecher de se marier avec un certain amoureux qu'elle aime.
Elle fait la morte, se laisse ensevelir et enterrer. Mais Tamoureux s'adresse au
fossoye^sr, luipromet une forte somme — et a cet endroit la chanteuse recite :
Le fossier, pour gagner cet argent — Pendant la nuit se relive — Pour venir
deterrer — CelV que mm cxur a tant aime — Jamais personn' n'en sanrait &
parler.
La jeune fille est deterree vivante et quitte le pays avec son amant. Plusieurs
annees plus tard, le pere rencontre le couple et di.t a cet homme :
Si ma fille n'etait pas morte et enterrie - Je vous dirais, monsieur, que vous
Yavez.
I/autre repond :
Ouivraiment, monsieur Je Vai — Je Vai deterree dans V terre — Cest pour
apprendre au phre denature — A marier son enfant a son gre.
Quelqu'un de nos amis connait-il cette chanson qui, a en juger par ces
details, doit presenter grand interet? 0. C.
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LITERATURE ET FOLKLORE.
I.
4
Les aventures d6 Jean d' Nivelles, 61 fills d6 s'pdre, par M. C.
HSNABD. Poeme wallon en douze chants; 3® Edition 1890, illustr^e par Olivier
DESSA et augmentee d'un glossaire wallon-francais. — Prix : fr.*3-50.
El rouse d6 Sainte Ernelle, par G. WlLLAME. Drame en trois actes
avec prologue, tire d'un conte populaire (dialecte de Nivelles); preface de
M. Jos. Defrecheux, couverture illustree. Edition 1890. Prix : fr. 1-50.
L' A r gay on, 61 g6ant d'Nivelles par M. C. Renard. Poeme heroi-
comique en huit chants (dialecte de Braine-l'AUeud), illustre de nombreuses
gravures et photogravures hors texte et dans le texte ; avec une carte, un
oommentaire folxlorique et un vocabulaire brainois-francais augment^ des
termes wallons correspondants dans les cinq dialectes principaux du pays.
— Prix : 3 francs.
En VENTE CHEZ M. Vaillant-Carmanne.
II.
FLO REAL
REVUE DE LITTERATURE ET D'ARTG ♦
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seize pages chacune — contiendra la reproduction d'une osuvre choisie du vieii
art mosan, peinture, sculpture, architecture, orfevrerie, ou tel dessin original
d'un wallon d'aujourd'hui. — L 'autre fascicule portera au lecteur l'adaptation
litteraire d'une legende, de quelque suggestive tradition, tel savoureux Noel
impregne de jadis. Ces choses du passe, une breve note de l'un d'entre nous les
commentera. »
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a Malines, Grand' Place, 28.
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Li Spirou, gazette des ticsses di hoie, vhjant V joil tos les dimegnes.
Redacteur en chef : Alph. TlLKlN. Parait a Liege, rue Lambert-le-Begue, 7,
depuis le 17 novembre 1887.
Abonnements : Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un numero : 10 centimes.
Le Sauverdia, chiplant tos les quinze joiis. Redacteur en chef : Edmond
ETIENNE. Parait a Jodoigne, 21, Marche-aux-Vaches, depuis le 17 avril 1892.
Abonnements : Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr.75. Un numero : 10 centimes.
Li Clabot, hiltant totes les samaines. Redacteur en chef : Theophile
BOVY. Parait a Liege, 201, rue de Hesbaye, depuis le 14 aoiit 1892.
Abonnements : Un an. 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un numero : 5 centimes.
L'A.irdl6, journCd wallon luhant to<s les qwinzc jous, Directeur : Jean
BURY. Parait a Liege, rue des Clarisses, 27, depuis le 20 oetobre 1892.
Abonnements : Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc. Un numero : 5 centimes.
Des presses dc H. Yaillaui-Carmanne,
rue St-Aitalbert, 8, Lieye
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£££!{(>. 3 3.
NUMERO 9.
13 septezhbre 1880 treize.
WALLONIA
RECUEIL MENSUEL DE
L1TTERATURE ORALE
CROYANCES ET USAGES TRADITIONN ELS
SOMMAIRE :
ASTRONOMIE POPULAIRE.
, I. Ce.qiTon voit dans la Lune . . . O. Colsox.
CHANSONS PLAISANTES.
I. La chevre effrayee (air note) . . Louis LoiSEAU.
II. L'ecot a payer (air note). . . . O. COLSON.
LES POURQUOI.
IV. La femme et le diable (Nivelles) . Emm. Despret.
NOTES ET ENQUfeTES.
23. Le folklore et la litterature
wallonne O. C.
BIHLIOGRAPHIE.
Ouvrage de M. A. Fassin .... Jos. D.
Ouvrage de M. Harou O. C.
LIEGE
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Voir & la 3 e page de la couverture un avis important.
OUVRAGES PARUS.
Aus der Wallonie, von Leo ZELIGZON, oherlehrer am Lyceum zu Metz.
— Broch. in-8o carre de 28 p. — Metz, impr. de la Lothringer Zeitung. 1893.
Noordbrabandsche sagen, verzameld door P.-N. Panken.— Broch.
in-8o de 54 p. — Brecht, L. Braekmans, ed. 1893.— Prix : 1 franc.
F&bites et critions, ceuvres litteraires wallonnes choisies, par Jean
BURY, preface de M. A. Hanon, avec portrait et musiques. — Chez l'auteur,
rue St-Gilles, 67, Liege. — Prix : 1 fr. 50.
True di galant. comedie en 1 a. couronnee au Caveau Yervietois et primee
par le Gouvernement, par Alph. TlLKlN. — Chez l'auteur, rue Lambert-le-
Begue, 7, Liege. — Prix : 60 centimes.
Les bouteti-foti, tableau naturaliste en 3 a. couronne par la Soc. liig. de
litter, wall, par Aug. et CI. DEOM. — Chez les auteurs, rue du Vert-Bois, 38,
Liege.
Dictionnaire des spots on proverbes wallons, par Jos. Dejardin.
Liege, Vaillant-Carmanne, 2e ed. 1891-92.— 2 vol. in-8o. prix 6 francs.
Un vieux rite medical, par H. Gaidoz. — Paris, Eug. Holland, 1892. —
1 vol. in-8<> ecu, prix 4 francs.
Recherches ethnograpMques sur la salive et le crachat, par
Cam. de MENSIGNAC.— Bordeaux, A. Bellier et O, 1892.— Broch. in-8°.
Vocabulaire de noms wallons d'animaux, par Jos. Defrecheux.
— Liege, chez l'auteur, 88, rue Bonne-Nouvelle.— 1 vol. in-8o ill., prix 3 fr,
Librairie Edouard GNUSE
LlEGE, rue Pont d' lie, 51, LI^GE
ABONNEMENT A TOUTES LES REVUES
BELGKS A GTRANGfcRES.
LIBRAIRIE ALLEMAWDE dk AIVGLAME
Dep6t de Wallonia, de Floreal, du Reveil, de la Revue Blanche, etc.
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-*- o •
X.
ASTRONOMIE.
I.
Ge qu'on voit dans la Lune.
Parmi les contes mythiques les plus int6ressants, il n'en est peut-
etre pas de plus vivaces que ceux qui se rapportent aux pretendus
dessins formes par les taches de la Lune.
Ces visions et les 16gendes qui les expliquent, se retrouvent aussi
bien chez les Anciens et chez les Sauvages que dans les survivances
extraites du vieux patrimoine intellectuel de nos paysans.
Un illustre savant beige a publie sur le sujet qui nous occupe
une etude curieuse, veritable article de folklore, perdu dans un
ouvrage special trop peu connu des folkloristes ! .
Nous croyons utile de le reprendre ici, en 61aguant simplement
quelques details superflus.
« II n'y a probablement pas de pays, dit-il, ou Ton ne se represente
un tableau fictif dans le disque de notre satellite. Cette peinture
imaginative differe suivant les peuples ; il n'y a done de general que
le besoin de mettre les traits d'objets connus sur les taches de
l'astre. Et cependant, au milieu des figures diverses que Ton se
represente dans la Lune, dominent deux types principaux, qui ont
une certaine distribution geographique.
« Ainsi, dans l'Asie orientale, la vision commune est celle d'un
ltevre ou d'un lapin. II est manifesto qu'elle se transmet d'homme &
( l ) J. C. Houzeau, pp. 40-2 de sa Preface a la Uibliogr. genir, de I'Astronomie, publide avec
la collab. de M. A. Lancaster, 2 vol. gr. 8°, Bruxelles, Hayez, 4882-7.
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162 WALLONIA.
homme et de generation k generation. II serait impossible de dire k
quelle antiquity elle remonte, mais si Ton considere la tenacite de
semblablcs impressions, il y a toute probability que cette antiquite
est fort grande.
« Les Japonais et les Chinois se representent, dans les taches de
la Lune, un lapin assis sur le train de derriere, place devant un
mortier et tenant entre les pattes de devant un pilon, au moyen
duquel il pile du riz a la maniere de FOrient. Les Hindous y voient
un lievre, ce qui n'est gu&re different.... Quelquefois cependant le
lievre est remplace par un chevreuil qui pait tranquillement Fherbe...
Les Siamois placent aussi pour la plupart, dans la Lune, la figure
d'un li&vre, bien que quelques-uns y voient un homme et une femme
qui cultivent un champ. Mais ce qui est fort remarquable, c'est que,
pour presque toutes les peuplades indiennes de F Amerique du Nord,
le li&vre est le symbole de la Lune .. Enfin dans F Amerique centrale,
on trouve, sur des monuments, la Lune representee sous la figure
d'une cruche ou d'une coquille k spires, d'ou sort un li&vre....
» Lorsqu'on passe de F Amerique du Nord a celle du Sud, Fimage
placee par les populations dans notre satellite subit un changement
complet. Dans P Amerique m6ridionale, c'est Pidee d'une figure
humaine qui a guide les conceptions. Les Incas racontent qu'une
fille de joie se promenant par le clair de Lune, s'eprit de la beaute
de Fastre et desira le posseder. Elle s'^lai^a sur lui pour l'embrasser;
mais la Lune, en la voyant approcher, Fetreignit d'un mouvement
vigoureux et la retient encore. Les representations a forme humaine
ne sont pas d'ailleurs bornees a la region du Perou. Mais en s'eten-
dant geographiquement, elles deviennent variables... (Test aussi de
la figure humaine que paraissent s'etre inspirees les principales
nations africaines, particulierement celles du Sud du continent. Ainsi
les Hottentots voient tres distinctement dans la Lune les traits d'un
visage.
a Les AnciensScandinaves, plus avances que ces peuplades, ratta-
chaient les taches de Tastre des nuits k une veritable legende... Dans
Texplication des Esquimaux du Groenland, Anninga, la lune, qui
est le frere de la belle Malina, le Soleil, poursuivait un jour sa soeur,
et etait au moment de Fatteindre. Malina se retourne, et ayant ses
doigts tout noircis de la suie d'une lampe, frotte de cette suie sur
le visage et les habits d' Anninga, qui en portent les marques. Dans
le N.-O. de FInde, lesKhasias, qui regardent la Lune comme brulee
chaque mois par le Soleil, voient dans les taches de son disque, les
cendres resultant de cette combustion.
a Parmi les representations anthropomorphiques, celle qui attei-
gnait la plus haute expression etait incontestablement la vision
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WALLONIA. 163
grecque d une face de jeune fille. ! Elle est rest^e aux nations latines.
Les nations germaniques sans sortir des figures k type humain,
inclinentdavantage vers limage d r un petit homme, courbe et portant
un faix. * Shakespeare parle plusieurs fois d'un homme aupres
duquel se voient un chien et un buisson. 3
« On peut done faire deux grandes divisions, entre lesquelles se
partagent les differents peuples de la terre, relativement k Timage
qu'ils voient dans la Lune. La majeure partie de FAsie et de PAme-
rique du Nord adherent au type du rongeur, lapin ou li&vre. Les
autres parties du globe s'inspirent des figures humaines. Cette distri-
bution est certainement un trait remarquable, qui ne serait pas
sans avoir une grande port^e dans une histoire des 6garements ende-
miques de l'imagination. II ne faut pas cependant y voir un fait de
distribution trop absolu. II y a <?a et la des figurations qui sortent
de ces deux cadres; mais elles sont geographiquement resserrees.
Ainsi, les Persans croient trouver dans la Lune le reflet de leur pays ;
aux iles Fidji,ce que les indigenes voient dans le disque de cet astre,
ce sont des rats ; au Utah, les Indiens y distinguent une grenouille.
Si Ton voulait d'ailleurs, parmi nos populations civilisees, descendre
aux opinions tout-a-fait locales, on pourrait augmenter presque
indefiniment le nombre des tableaux. Ce resultat est tout simple,
puisqu'il s'agit de dessins arbitraires, construits par l'imagination.
« Mais il reste ce grand fait que non seulement les hommes dans
l'enfance sociale, mais ceux appartenant aux classes eclairees de la
civilisation voient les uns comme les autres une image factice en
regardant la Lune, et que cette vision se transmet par tradition. Des
personnes instruites, qui ont eu Toccasion d'examiner des photogra-
phies ou des dessins de notre satellite, ne peuvent pas jeter les yeux
sur le disque lunaire sans se trouver vaincues par la puissance de
Tillusion traditionnelle. Les yeux, le nez, la bouchedu visage humain
leur apparaissent avec une force irresistible, comme ils pouvaient se
montrer a leurs ancetres de Tage antique de la pierre. Ces personnes
savent, il est vrai, que leur imagination les trompe. Mais au milieu
meme de nos societies avancees, combien, parmi le vulgaire, n'ont
(') Plutarque, De facie in orbe lunae. [Dans son § % Plutarque parle en effet d'une face ; §3,
il cite Agesianax qui voit dans la Lune la face d'une jeune fille « de qui l'oeil semble etre plus
» verd que bleu. — La joue un pen de rouge coloree » ; § 1, il rappelle l'opinion d'apres
laquellc les taches « sont les nuages el figures de la grande mer octane, reprdsente'es et appa-
» roissantes en la lune, comrne en un miroucr. » Cf. la traduclion d'Amyot.]
(*) [On retrouvera plus loin, dans les traditions wallonnes, cette vision « germanique » et la
vision « latine ».]
(*) Midsummer-night's dream, 1590, act. V, sc. 1 ; Tempest, 1641, act. II, sc. 2.
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164 WALLONIA.
pas depasse dans cette circonstance le niveau du sauvage et, demeu-
rant encore k Fastronomie fabuleuse, tiennent Pillusion pour une
realite! »
*
* #
Dans l'etude qu'on vient de lire, Houzeau n'ayant pas a faire
ceuvre d'ethnographe, nous a prives d'un certain nombre d'histoires
explicatives qu'il aurait recueillies avidement dans ses lointains
voyages s'il etlt songe a leur grand interet mythologique.
Voici par exemple comment les Namaquas de TAfrique Australe
expliquent les taches de la Lune. Cet astre envoya un jour le li&vre
a l'homme pour lui porter ce message : a De meme que je meurs et
que je renais k la vie, de meme vous mourrez et renaitrez.a Le li&vre
alia trouver Thomme et, se prenant comme exemple au lieu de
prendre la Lune, il lui dit : a De meme que je meurs et que je ne renais
pas a la vie, de meme vous mourrez pour ne pas renaitre. » Puis le
lievre alia dire a la Lune ce qu'il avait fait ; la Lune le frappa d'un
coup de sa hachette et lui fendit la l&vre — et il a conserve les traces
desa blessure *. Quelques-uns pretendent que le lievre s'enfuit et
court toujours, mais d'autres disent qu'il griffa la Lune au visage
et lui fit des ecorchures que Ton y voit encore *.
On pourrait multiplier les exemples qui temoignent de la croyance
a Panimisme de la Lune, autant que de cette influence si naturelle
de Poeil interieur sur Pceil physique, cette espece d'auto-suggestion,
grace a laquelle chaque homme retrouve invinciblement dans le
disque lunaire le meme dessin que ses ancetres y ont vu de toute
antiquite et que ses amis y voient encore.
A propos de la figure humaine dont parle Houzeau, vision qui est
a peu pres generate actuellement dans nos contr^es, on doit remar-
quer que cette tradition s'est assurement renforcee par ce fait que
nos almanachs populaires et notamment V Almanack des Bergers
qu'on ne manque point chaque annee d'incorporer dans Tedition
complete du Mathieu Laensbergh, representent la pleine lune sous
la forme d'une grosse figure bouffie. C'est ainsi, comme le constatait
Melusine dans ses recentes utilisations de Ficonographie tradition-
( ! ) Ce ddtail rappelle notre contc wallon sur l'oripine du becdeliftvre, ci-dessus, p. 54.
(*) Tylor. Civilisation primitive, trad, franc. <87G, I, 407.
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WALLONIA. 165
nelle, qu'il s'est produit entre le folklore et Fimage un double
courant d'influence : Timagerie populaire emprunte a la tradition,
elles'en inspire plus oumoins adroitement — puis la tradition retourne
au peuple sous cette forme nouvelle qui donne un nouveau relief et
un regain de force k la croyance qui s'effritait peut-etre.
Cette vision de la face humaine dans laLune, qui a persiste comme
le disait Houzeau, meme chez les lettres, n'est pas, on le sait, la plus
remarquable.
Les autres « manures de voir » se justifient et se renforcent par
des l^gendes que nos paysans racontent encore volontiers, bien
qu'ils aient ordinairement perdu Thabitude visuelle et les idees
animiques primitives qui leur donn^rent naissance.
Chose curieuse, ces legendes ne se sont guere modifies et, en
tous cas, elles conservent assez nettement l'empreinte de la
conception sauvage. Ce sont, en effet, de veritables histoires
edifiantes et il s'agit tantot d'une vengeance exercee par la Lune,
tantot d'une simple punition — ce qui en dern&re analyse, revient
absolument au m£me.
On connait la legende de Bazin et la comparaison proverbiale :
Ce comme Bazin h Vbaiti
II a i'ou quHl a m&rite.
C'est comme Bazin dans la Beaute [la Lune]
II a ce qu'il a merited
Voici une variante de cette legende, recueillie k Vierset-Barse :
Bazin etait un voleur emerite; il voulut, par une nuit sombre,
aller voler du foin chez un fermier, en entrant par la fenetre du toit.
Au moment ou il allait se retirer, muni d'une botte tr6s grosse, la
lune se mit a briller et un rayon vint frapper Bazin en pleine face.
Le fermier, qui s'etait reveille, reconnut le voleur et cria son nom
dans la nuit. Bazin, furieux d'etre decouvert, envoya la Lune « aux
six cent mille diables qui l'emportent ! » et celle-ci a pour se venger,
retira son rayon et enleva Bazin. » C'est lui qu'on voit li-haut avec
sa botte de foin.
Dans la province de Groninghe (Pays-Bas) on raconte qu'un
marchand de legumes essaya un jour de tromper un client sur la
valeur de ses marchandises, en ajoutant ce terrible serment : a Si
je ne dis pas la verite, que je sois transports dans la Lune avec mon
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166 WALLONIA.
faix de verdure. » — Et c'est ce qui arriva, oar il avait dit un
mensonge *.
Le serment: Qui dfvaie & Vbaite, et la formule correspondante :
cour b Vleune (on ajoute quelquefois : avou V bouheie di sp&nne a
cou *) sont bien connus en notre pays wallon. Mais je ne sache pas
que le peuple raconte Fune ou l'autre histoire de nature a signaler
le danger d'un abus de ces invocations. Elles sont evidemment tres
anciennes, et nous apparaissent comme des sortes de fossiles,
rappelant les croyances de nos ancetres sauvages sur ranimisme
de la Lune.
Les 16gendes que Ton vient de lire se sont conserves tr6s pures
de meme que celle de la fileuse, qu'on trouvera plus loin : c'est la
Lune qui agit de son propre chef pour se venger d'une insulte,
d'un mensonge commis sous son invocation.
Dans un autre cycle de contes relatifs aux taches de Tastre, le
recit a subi une 16gere accomodation.
Suivant une tradition de Godarville (Hainaut) la figure qu'on voit
dans la Lune est celle d'un maraudeur appele Pharaon. Ce Pharaon
allant, dit-on, par une nuit sombre, derober les navets d'un voisin, fut
tout a coup derang6 dans sa besogne par un clair de Lune subit. Crai-
gnant d'etre reconnu, Pharaon saisit un fagot d'epines, l'61eva avec
sa fourche, et il s'appretait a « boucher la Lune » lorsque « Dieu »,
pour le punir, « l'attira dans Tastre ». On distingue encore parfai-
tement aujourd'hui dans la Lune le voleur de navets \ ^
La legende de Bruno (prov. de Namur) et celle de Dfhan d& Vleune
(Hautes-Fagnes) sont, pour autant que nous soyons bien renseign^s,
identiques quant au fond, a celle de Pharaon. II en est de meme de
Thiatoire de Bazin, telle qu'elle est racontee pour Liege, notamment
dans le " Dictionnaire des Spots ", 2° ed., n° 1663.
Evidemment, dans ces recits, « Dieu » a pris la place de la Lune,
et la le9on primitive etait que la Lune elle-meme s'est emparee de
Pharaon ou de Bruno et les retient prisonniers pour punir jusqu'a la
fin des siecles ces maraudeurs trop peu respectueux a son endroit.
(■» Volkxkunde (de Hand) I, 217.
(*) « Avec une « buissonnde » d'dpines au derriere ».
( 5 ) A. Harou. Le folklore de Godarville, p. 4-2.
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WALLONIA. 167
D'autres 16gendes, s'eloignent davantage encore de la th^orie
animique et donnent plus nettement a la Lune le role d'un refuge
ou d'une prison. Suivant une legende, recueillie k Florenville
(Luxembourg) Pastre recele la figure de Cain, le premier fratricide,
qui, honteux de son crime, craint de se montrer a la lumier.e du jour.
Quelquefois, Cain se blottit derriere un buisson ; mais il se cache
assez maladroitement, car on distingue tr6s nettement ses oreilles,
ses yeux, son nez et sa bouche. Les parties qu'il ne parvient pas a
derober k la vue sont ce que nous nommons les taches de la Lune '.
Cette legende de Cain et du fagot d ? 6pines se retrouve deux fois
rappel^e dans l'oeuvre immortel du Dante *.
De meme, Clement d'Alexandrie nous dit que dans la Lune se
trouve Tame d'une Sibylle, et un conte talmudique fait de l'astre le
refuge de Joseph.
* *
II nou9 reste une derni^re legende, la plus jolie assur&nent, qui
semble avoir, comme les premieres, conserve une forme primitive. La
variante qu'on va lire s nous a et6 contee par un vieillard de quatre-
vingts ans, originaire de Lavacherie, petit village lez-S*-Hubert, en
pleines Ardennes.
Une pauvre veuve, &gee et malade, n'avait qu'une fille nominee
Marie; fort habile dans son metier de fileuse, lajeune fille subvenait
aux besoins de sa m6re et d'elle-meme. On ne lui connaissait qu'un
seul petit defaut : elle aimait trop la danse et, jamais on ne faisait
« les jeux » sans que Marie y fut — et n'y restat fort tard.
Chacun la recherchait, car elle etait aimable et jolie, et bien souvent
sa mere l'avait mise en garde contre les dangers de sa passion-
Chaque fois, Marie promettait de s'amender, car elle etait bonne fille '
mais Pepoque des fetes au village ramenait les tentations, et elles*
etaient si fortes que la jeune fille n'y pouvait resistor.
Un jour, la m6re reprit ses remontrances : c'6tait la veille de
« la Notre-Dame » (15 aout) jour de fete au village; et les jeunes
filles qui ce jour-14 « vont dans le mauvais chemin » sont toujours
cruellement punies.
(«) Harou, ibid.
(*) Inferno, XX, l^.i-O el Pamdis, II, 51.
( 5 ) Cf. un conte assez ciilTe^ent, redige* en dialecte du Geer, dans Bull, de la Soc. Ittg. de
litter, wall., 2« stfrie, t. XIX, p. 285-8.
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168 WALLONIA.
Marie fut touchee des prieres de sa mere et promit de rentrer
avant minuit.EUe eut memo Pimprudence de jurer : « Je vous obeirai,
dit-elle, ossi vreie qui V baite ltd d Pair. » Et elle montrait la lune tot
lev6e, qui luisait au ciel de tous ses rayons pales.
Elle alia done au bal, avec la ferme intention de revenir a Fheure.
Cependant, le bonheur de danser et de se voir courtisee fit si bien
que la volage oublia sa promesse.
Minuit 6tait bien loin deja quand le bal fut leve. Suivant Pusage,
la bande joyeuse traversa le village et vint se diviser sur la place de
Peglise. Chacun s'en retourna... sauf Marie.
Or le bruit de cette fete avait eveille la vieille m&re qui, ne
voyant pas rentrer Marie, sort du logis et vient sur la grand* place.
Elle ne voit rien... mais il lui semble entendre. La porte du cimeti&re
est ouverte...
— Marie, dit-elle, la lune t^claire et je te vois !...
— Au diable soit la lune, s^cria la jeune fille.
prodige ! ces paroles n'etaient pas sitot sorties de sa bouche
qu'elle etait dans la Lune !
Et c^st elle qu'on voit la, filant sans relache, hiver comme ete, par
le gel et le beau temps, k la bise comme aux vents printaniers,
effrayant exemple pour les parjures et les sacrileges.
Et ce quelle fait — ce sont les doux fils qui parfois descendent de
la-haut, circulent lentement dans les airs, au souffle des brises
d'automne, ou qui viennent se nouer aux brins d'herbe.
Ce sont les fils de la Vierge.
0. Colson.
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WALLONIA.
169
CHANSONS PLAISANTES.
I.
La chdvre effraySe.
RONDE.
Allegretto.
^gg j
*=*
2-
:&=*:
$
se:
ip
Gn'aveuve on' gatte e noss' cor- ti, Gn'aveuve on' gatte e noss' cor-
rall.
fg3E5 gEg
l=frr-
1*
t-i^-^-
^.^-^
^
ti, Ell' magneuv' tos lea c4- 16- ri Sous les sauts d'ga-
OMMat. /yx <i tempo.
IFF
^g^£
S
-i i^-^r
let e
~w — r -
bri, D'gabri- o-
1.
On 1 aveuve one gatte b noss* corti
Elk magneuv 1 tos ks ceteris.
Sous les sauts <f gabri
D' gabriolet. .l..b
Sous les sauts do p'tit biquet.
2.
Elle magnettv' tos les ceteris.
Cousbnne Magritte Valk&v' tchbssi
Sous les sauts d'gabri, etc.
3.
Cousenne Magritte Valletiv' tchlssi
Elle e&ri peH, elk si sbari.
4.
Elk e&ripe&, elle si sbari
Elle a fe twls biaspHits gabris.
5.
Elk a fe twbs bias jftits gabris
e,
Sous les sauts do p'tit bi- quet.
1.
II y avait une chevre en notre verger
Elle mangeait to us les ceteris.
Sous les sauts de chevreau
D' gabriolet... b...b
Sous les sauts du petit biquet
2.
Elle mangeait tous les ceteris.
Cousine Marguerite allait la chasser
Sous les sauts de chevreau, etc.
3.
Cousine Marguerite allait la chasser
Elle (la chevre) eut peur, elle s'ebroua.
4.
Elle eut peur, elle s'ebroua
Elle a fait trois beaux petits chevreaux.
5.
Elle a fait trois beaux petits chevreaux
Et iunque futmwin-ne, Vaute fut bailli. Et Tun fut moine, l'autre fut bailli.
6. 6.
Et iunque fut mwin-ne, Vaute fut bailli, Et Tun fut moine, Tau tre fut bailli,
Vaute on bel andje au paradis. L 'autre un bel ange au paradis.
Recueiili a Stave, pres Florennes (Entre-Sambre-et-Meuse)
LouisLoiSEAU
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170
WALLON1A.
n.
L'6cot & payer.
Lcntcmeiu.
T=*=£
:S=:
^E$m^^2 m
C^taient trois garcons bons drilles, Tous les troisd'unmemeS-
w^^^^M
J5=r.
ES£
=tt
co. lis sont en- trds dans une au- berge lis ont fait che- re
**= S=fc=*
i^S^gi^
^=H
^
£*
Ont laisse^ Pescot a pay- er A leurs mai- tresses.
1. 4.
C^taient trois garcons bons drilles
Tous les trois d'un meme eco (?)
lis sont entrds dans une auberge
Us ont fait chere,
Ont laiss6 l'escot a payer
A leurs maitresses.
2.
Les trois fill* qui se regardent
En n'se vweyant point d'argent ;
Et la plus jeun' dans ce moment
Qui cherche un gage :
a Tenez, voila mon anneau d'or
Pour le dommage. »
3.
Elle retourne d'un pas legere
Chez la mer.' de son amant :
« bonjour mer*. ma tres cher' mere,
Ma bonne mere,
Y a vot' fils qu'est tombe dans l'eau,
Dans la riviere ! »
« Oh ! je vous prie avec adresse (?)
D'lui envoyer son manteau ;
Car il est la, au bord de l'eau,
Qui tremb' sans cesse :
Faut le recouvrir comme il faut
Dans sa faiblesse. »
5.
Elle retourn' d'un pas legere
Chez l'auberg' la ou c'^tait.
« bonjour, dam', matrescher' dame,
Madame rh6tesse....
Si le manteau vaut plus qu' l'escot
Nous boirons Treste. »
6.
La dam* va dedans la cave
Chercher trois bouteilP de vin...
A la santo" d'ces libertins,
Amants volages ;
Une aut' fois ils paieront l'escot
lis s'ront plus sages !
Chante* a Vottem, par Tonton (Jenniion, Jeanne) Zuede, spouse Gdrard, agde de 45 ans, qui
ticnt la chanson de sa belle-mere.
0. COLSON.
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WALLONIA.
171
LES POURQUOI.
IV.
La femme et le diable.
— La-t-i V misire, dist-i in djou
r Bon Dieu , in sWinvlyant Vd-n-in
coup; qu'est-ce qui c'est ga pou in ra-
matche : i riara bitoti pus mo-i d'fer
leu p'tit niquet d'sus I'hcure du
daine!
He! Saint-Pierre, waitiz hm? pau
d'fer djoqul lea cien qui ramadjont
dainsi !
— Cest peine inutile, Bon Dieu :
c'est V diale ave V feume qui sont la &
chaquiner, a s'capougni, i n y a n\ mo-i
<f leu fer intinde el boune raison.
— Et bi, allez leu dire di m' part
qu'i djoquonsse, ou bi, qu' c'b-st-d mi
quHl aront d fer.
Wld Saint-Pierre invoie vir.
Ah! witte! austant peter dins-n-in
tounia !
I stinne telmint inchauffe, qu'i n 1 li
ont n% meme respondu.
Viant ga , Saint-Pierre prind s' 8dbe.
eyl, poc manuel! i Izl paucsinne iun
Vaute.
Ir'wt oVlez V Bon Dieu.
— Voila-t-il une misere, dit un jour
le Bon Dieu en s'e>eillant subite-
ment ; qu'est-ce que c'est 9a pour un
vacarme : il n'y aura bientdt plus
moyen de faire sa nieridienne * apres
le diner !
H6 ! St - Pierre , voyez un peu
de faire cesser ceux qui tapagent
ainsi !
— Cest peine inutile, bon Dieu :
c'est le diable avec une femme qui se
disputentet s'empoignentjil n'y a pas
moyen de leur faire entendre la
bonne raison.
— Et bien, allez leur dire de ma part
qu'ils cessent, ou bien, que c'esta moi
qu'ils auront a faire.
Voila St-Pierre parti voir.
Ah ! ouiche ! autant petter dans un
tonneau!
Us etaient si bien ^chauffes qu'ils
ne lui ont pas meme repondu.
Voyant 9a, St-Pierre saisit son
sabre et, vlan ! il les occit Tun et
Pautre.
Tl revient pres du bon Dieu.
( f ) LittcValement : ■ faire son petit niquet ». [A Lie*ge, le niquet, c'est un petit signe de tete,
tres bref, comme on en fait pour dire bonjour de loin ; la personne qui sommeille sup sa chaise,
par ex. pendant ia meridienne, fait m\ niquet chaqu* foisqu'elle sent le menton s'abaisser vers
la poitrine. Hock, Crou. et rem. 3 C ed., 193, rapporte qu'a Verviers la jeunesse assiste a la
grand'messe qu'on chante en rhonncur de St-Joseph, le 19 mars, pour voir la statue faire le
Niquet; e'est un hochenicnt de tele par lequel le saint indique et approuve les manages
heureux. — Dans Tancien francais, « niquer de la tete » signifiait aussi branler de la tele. (if.
Littre*, Diet, au mot Nique. — 0. C]
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172
WALLONIA.
— Et bi! que nouvelle ? davez invtidi
par lauvau ? c' quh les fiers sont
r'mis?
— A'a m ieu mo4 , di-st-i Saint-
Pierre : dfai d'vu prinde em sabe hyh
leu couper V tiesse d chacun-un !
— Vos stez in vctte, vous, di-st-i
V Bon Dieu, djh n' vos avoH n% cou-
mande ca !
— Han ! scusez, mais i ri volinne
r% ascouster. Qui fron-ne adon ?
— Allez rammint leu r'coUer leu
tiesse, ey in aute coup, attintion d
cu qu'vos faite, ou bi df vos retire vo
posse.
V'ld Saint-Pierre ralle.
I stou tout infarfouii des berdelle
qui v'nou (Tattrapper.
1 s'ab&sse de* tiesse. ey i prind
V ctinne du diale ey i U stiiche su les
spalle de V feume, byl V cilnne de
V feume su les cienne du diale.
— A cH heure, di-st-i in ratchant
d'sus, i n'ont pus qu'd (Vmander au
Bon Dieu quH djllle !
Eye* c'est dainsi que* V feume a rHlnu
V saque du didle, eyl V diale hnne
saquh dh V feume.
— Et bien! quelle nouvelle? En etes-
vous sorti la-bas ? Eet-ce que les fers
sont remi8? *
— Pas eu moyen, dit St-Pierre, j'ai
du prendre mon sabre et leur couper
la tete a chacun.
— Vous 6tes un vert (drole) vous,
dit le Bon Dieu, je ne vous avais pas
commando 9a!
— Ah ! pardon, mais ils ne vou-
laient rien entendre. Que ferons-nous
alors?
— Allez vite leur recoller la tete,
et une autre fois attention a ce que
vous faites, ou bien je vous retire
votre emploi.
Voila St-Pierre retourne.
II elait tout eperdu de la remon-
trance qu'il venait d'attrapper.
II se trompe de tete, et ii prend
celle du diable et la place sur les
epaules de la femme, et celle de la
femme sur celles du diable.
— Maintenant, dit-il en crachant
dessus, ils n'ont plus qu'a demander
au Bon Dieu qu'il gele !
Et c'est ainsi que la femme a retenu
quelque chose du diable et le diable
quelque chose de la femme.
Nivelles (Brabant). — Contd par M. Nicolas Dieux, age* de 80 ans.
Emm. DESPRET.
( f ) A Nivelles « remettre les fers »,lisea les moules a gauflTres ; a Lidge, rimeitele* caiche c
fdr « remettre au four les pommes tapdes » — expressions factUieuses pour dire que I'accord
renalt entre deux personnes pnie&Jemment brouilldes ou en dispute.
•...•^-..
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WALLONIA. 173
NOTES ET ENQUETES.
23. Le folklore et In literature wallonne. — XJne des caract6-
ristiques del^tonnante vitality dont fait preuve la Literature wallonne, reside
dans son origine essentiellement populaire : a Liege surtout, la plupart des
ecrivains en dialecte sont des ouvriers peu lettr^s, pour qui ce fut un d&asse-
ment. d'abord, une vraie passion ensuite, d'ecrire des comedies ou des chansons.
II est une condition dont ces Ecrivains se rendent gene>alement assez bien
compte : c'est que les langages populaires ne se soumettent point de bonne
grace aux memes raffinements de sentiments et d'idees auxquels ob&t ais6-
raent une langue bourgeoise ou aristocratique. Les Felibres Tont bien compris
et les Etudes preparatoires a leurs ceuvres si remarquables, ont port6 autant
sur la psychologie traditionnelle du peuple que sur les caract^ristiques et les
richesses de leur langage detection. C'est la meme m^thode que nos auteurs
nivellois ont inauguree, plus modestement sans doute, mais non sans prestige,
dans leur journal VAclot, dont l'exemple est dignement suivi par le Sauverdia
de Jodoigne.
Or, ce systeme ne s'est pas generalised Maintes fois cependant, les fideles
de notre vieux langage ont eu Timpression qu'un certain nombre de nos
wallonistes liegeois ou autres, gagneraient effectivement a s'inte>esser au
folklore, a etudier et a exploiter le fonds traditionnel. Ce fonds n'est peut-£tre
pas le seul digne d'alimenter une Literature populaire aussi puissant e que la
ndtre, mais il est vraiment le plus in^puisable et il semble le plus a la portee
de ceux qui en devraient serieusement profiter.
Jusqu'a present, les rares auteurs qui, par systeme et a bon escient, se sont
inspires des traditions dans des travaux de longue haleine, sont loin, malgre
leurs m6rit.es, d'avoir fait des disciples, A la v£rite, il faut reconnaitre que le
folklore apparait assez frequemment dans les ceuvres wallonnes; mais ce n'est
guere qu'incidemment et,le dirai-je, inconsciemment parfois. On pourrait citer,
par exemple, telle scene d'une 6tude de mceurs bien comprise, ou telle piece
d'un joli recueil de poesies, tel chapitre de roman ou tels contes interessants
rencontres non sans plaisir dans le Sauverdia, le Spirou ou YAirdih.
De ces bribes souvent jolies et parfois banales, combien s'eloignent, par
leur eirangete meme, le Jean de Nivelles et le Largayon de M. Tabbe Renard!
Ces deux poemes sont, quant a Porigine de leur sujet, profondement dissem-
blables et, ce qui ajoute a leur haute valeur, ils apparaissent cependant comme
deux ceuvres sorties du ineme fonds. Le premier est une simple interpretation
d'un cycle de legendes ; dans le second, au contraire, l'auteur cr^e de toutes
pieces les principales aventures de Largayon en lui attribuant en outre, —
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174 WALLONIA.
gratuitement — quelques faits et gestes choisis avec habiiete^ dans le9 facdties
populaire8, comme l'avaient fait en francais Deulin et Ch. de Coster. Di9ons-le
en passant, l'histoire de Largayon est concue avec une telle entente de Pesprit
des legendes, que de3 critiques autorises se sont mepris completement, et ont
cru de bonne foi se trouver, comme devant Jean de Nivelles, en presence d'une
legende arranged. II faut bien dire, a leur d^charge, qu'on se tromperait a
moins : si le poeme avait e^ £crit au 15© si6cle, il serait probablement devenu
legendaire; al'heure presente, les folkloriates s'amuseraient peut-etre a recons-
tituer les aventures du singulier geant d'apres des temoignages oraux, en
attendant que des savants maladroits recherchent les origines dans les teuebres
de la proethnie ou du symbolisme primitif...
De meme que dans la poesie, nous ne trouvons dans tout le theatre wall on
qu'un seul exemple d'adaptation folklorique : c'est la restitution remarquable
que M. GL Willame a produite, en 1890, d'un beau conte nivellois. Sous ce
titre, El Rouse dh Sainte-Ernelle, sujet sombre, tragique, profondement humain,
comme Pest si souvent le dramatique dans la litterature orale, Pauteur a su
intercaler a propos des tableaux pittoresques ou Pesprit legendaire revit tout
entier, clair et net.
Hier encore, MM. Renard et Willame eiaient les seuls; et domain, semble-t-
il, ils auront des successeurs en nombre suffisant pour que Ton croie a une
orientation nouvelle.
Voici que Ton annonce, en effet, plusieurs tentatives remarquables. C'est
d'abord une nouvelle piece de notre collaborateur et ami M. Henri Simon, que
le succes de ses oauvres precedentes, et notamment de Cotir tfOgnon (si carac-
teristique deja) semblait d'ailleurs inviter a entrer resolument dans cette voie.
Au moment ou paraitront ces lignes, Henri Simon fera representor a Liege un
M Essai folklorique " en deux actes, Li Neure Poye, qui s'appuie sur des super-
stitions curieuses et sur les usages populaires du Jour des Rois. D'un autre
cdte, le u Theatre des Auteurs wallons ", society cooperative fondee r^cemment
en notre ville, repete avec ardeur une operette en trois actes due a M. Alph.
Tilkin, Li Coq dd viege, dont le sujet repose sur une croyance relative a la
nuit de noces et qui est bondee de details folkloriquement purs. Enfin, M. J.
Lesuisse met la derniere main a une comedie en trois actes, intitulee VAwion
(le porte-malheur) ou il exploitera les coutumes traditionnelles du mois de mai
et certaines croyances populaires.
Ajoutons que ces trois pi6ces reproduisent un certain nombre de chansons
populaires et de vieilles danses, que ces litterat?urs d'elite n'ont pas dedaigne
de rechercher et d'introduire — chose rare — sous leur forme exacte. La
publication de ces documents a ete retardee pour des raisons faciles a cora-
prendre; mais nous ne tarderons sans doute pas a les voir reprendre a
part.
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WALLONIA. 175
Wallonia compte revenir sur cet inte>essant snjet de la literature folk-
lorique, et nos lecteurs voudront ne nous laisser rien ignorer de ce qui se
publierait a l'avenir dans ce genre si nouveau en wallon.
On peut en attendre, je crois, des resultats aussi inte>essants pour le folklore
que pour la literature populaire.
Nous serions heureux si le mouvement traditioniste, tout modeste qu'il soit,
pouvait rendre au mouvement litte>aire un peu de Tappui qui ne nous fut pas
menag6 et dont nous sommes reconnaissants. 0. C.
BIBLfOGRAPHIE.
Arthur Fassin. R.rherches historiques sur les communes de Stembert
et Heusy. Verviers, A. Remade, 1890. — In-8° de 164 pages. Prix :
2 francs.
La partie pureraent historique de ce livre comprend une bonne centaine de
pages ; £tant donno le caractere special de WALLONIA, nous ne pouvons nous y
arreter. Constatons cependant les longues et minutieusos recherches auxquelles
Tauteur s'est livre\ le soin qu'il a apporte dans la redaction et la disposition de
son travail, enfin son respect des sources exactement cities et r^gulierement
indiqu^es.
A partir de la page 109, M. F. s'occupe presque exclusivement de traditions
locales, et cette derniere moitie du livre interessera plus specialement nos
lecteurs.
Ainsi les pages 100-119 sont consacre"es aux Francs jeux de Stembert
(Stembert et Heusy dtaient autrefois r^unis sous le nom de cette premiere
commune). Ces jeux e"taient organises dans le seul but d'obtenir des fonds
pdur Teglise du village et n'&aient pas periodiques. M. F. publie des extraits
d'un discours relatif a ces rejouissances et donne en entier leur reglement qui
contient des choses a retenir.
On trouve ensuite, p. 120 et 121, unextrait sobrement annote de Detrooz sur
La fete du Coucou; page 122, une simple indication sur les Bandes camavalesques
qui circulaient dans la commune ; page 122 et 123, des details utiles sur le Grand
feu; p. 138-140, le relev£ d'une centaine d'anciens Noms de famille, classes et
rapproches avec leur date; p. 142 et 113, des notes e^ymologiques sur dix-neuf
Lieux dits ; enfin pages 113 a 147, des Legcndes et recits populaires.
Lie parson titre, M. F. a cru bon de borner a cette petite mais int^ressante
collection, la partie folklorique de son livre; elle suffit pour montrer que la
cr^dulit6 populaire n'est pas moindre a Stembert. que dans tout autre lieu. La
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176 WALLONIA.
manure dont M. F. choisit et raconte les traditions nous pronve qu'il en sait
plus long sur ce sujet qu'il n'cn a voulu publier. Nous ajoutons avec plaisir que
ces documents sont definitifs, rediges avec un respect tree evident de la
tradition, et exempts de vaine literature. Nous emettons le voeu de voir
l'auteur publier avec les memes soins le complement de son enqudte.
Jos. D.
Alfred Haeou. Melanges de traditionisme de la Belgique (collection
internationale de u la Tradition ", vol. X) in-18 de VITE-152 pages.
— Paris, Lechevalier, 6diteur. — Prix : fr. 3.50.
Comme ce titre l'indique, cet ouvrage est un simple recueil de traditions sur
divers sujets, rangees par chapitres : Astronomie et M6t6orologie, Corps
humain, Remedes popul aires, Animaux, Plantes, etc.
Les recueils de traditions peuvent etre utiles, a condition d'etre sin ceres,
bien re'diges ct composes de choses nouvelles ou de variantes non encore
claasdes.
Or la plupart des documents (?) re'unis dans ce volume sont des notes
incompletes ou des banalite's qui n'apprendront rien a personne, ou bien encore
des extraits, les uns tires d'ouvrages suspects ou sans valeur, les autres copies
sans reTeVences precises. Nous y avons meme re mar que* des coupures des
pre'ce' dents travaux de M. H. et par ci, par la, de simples indications rappelant
des traditions relates par d'autres auteurs avec des deVeloppements tres
documents.
L'auteur ne doit pas se dissimuler que par des recueils de l'espece, il montre
aux amateurs de besognes faciles la maniere la plus simple d'improviser des
volumes sur des sujets a la mode.
Ce n'est pas sans 6"tonnement que nous voyons le mauvais exemple venir
pr^cisdment d'un travailleur comme M. H., a qui ne manquent ni le gout du
folklore, ni la bonne volonte" d'etre utile au mouvement actuel.
Nous esperons que son prochain volume, consacre", nous dit-on, a des contes
et le'gendes, m^ritera de prendre place a cdte* des utiles recherches que l'auteur
a r^unies sur Godarville (voyez ci-dessus p. 143-4) . 0. C.
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AUX LECTEURS.
La reimpression des numeros 1 a 7 est terminee depuis quelques
jours. Les nouveaitx abonnes ont du reeevoir les livraisons qui man-
quaient a leur collection. Nous avons egalement ffait tirer a part la
couverture du n° 3, qui avait ete precedemment imprimee sur un
papier de nuance trop claire. Nos anciens abonnes directs trouveront
encarte dans le present fascicule un nouvel exemplaire de cette
couverture.
Nous saisissons cette Qccasion pour remercier notre iinpriuieur,
M. Vaillant-Cannanne, des soins intelligents qu'il ne cesse »
d'apporter a Fedition de Wallonia. Avec le meme plaisir, nous felici-
tous son personnel, qui vient de donner k notre profit une preuve
nouvelle et remarquable de son habile to professionnelle et de sa
celerite.
Tous nos amis sont done niaintenant en possession d'une collection
complete et typographiquement correcte, dont ils pourront faire un
volume a la fin de Tannee, en conservant les couvertures s'ils le
desirent, comme e'est assez bien la mode aujourd'hui. Cette mode
se justifie d'ailleurs, car les couvertures de revues contiennent
assez souvent des renseignements utiles ou interessants que Ton
chercherait vainement ailleurs.
Rappelons en terminant que nos fascicules doivent etre remis
regulierement et en bon etat par les libraires ou paf la poste, au
plus tard le 15 de chaque mois.
WALLONIA.
ERRATA.
Fautes corrigees dans la 2* edition, a corriger dans V edition
precedente.
NtlMjfeRO I. •=» Pages 9 et 10, rubrique Le (liable dupe, texte wallon, au lieu de
« marchaud », lisez partout « marchau » (p. 9 : au titre et 3 1. plus bas; p. suiv.:
lignes 3, 9, 16, 22, 23 et 28) — p. 22, couplet 1, et aussi sous la musique, au
lieu de « de guerre vint » lisez « de guerre revint » (cette faute n'est pas impu-
table a la chanteuse).
NtJMEBO II. = Page 31, couplet 8, texte wallon, derniere ligne, au lieu de
a vieux tableau n, lisez « vix tavlai » — 2 1. plus bas, au lieu de « i'enne arc »
lisez « f&nne riarl » — p. 35, § 2, ligne 1, au lieu de « II y a, etc. » lisez « Bien
des conteurs, au cours, etc. ».
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NUMERO III. — Page 44', article II, ligne 7, au lien de « meriterait a elle
seule de » lisez « donnerait deja lieu a ».
Ntjm£tco IV. -^ Page 59, ligae 11, au lieu de « sifrier les airs », lisez
<» 1'air » — memo p., a la note, au lieu de a- Hist, des communes » lisez « Geogra-
phic et Histoire ».
NUM&RQ V. — Page 77, dans la traduction du premier distique, au lien de
« Araour qui finit » lisez « qui s'amincit » — p. 91, lignes 3-4 en remontant, lisez
« une haie vive, avec on posti • ane porte en barriere » etc. — p. 95, dicton
n« 8, texte wallon, au lieu de « Li » lisez u El live (Tma'ie » — p. 101, ligne 3
en remontant, au lieu de « pareil a son trou # lisez « pareil que » (wallonisme).
NUMERO VI. =* Page 118, texte wallon, ligne 12, au lieu de « vo fe ses jon* »
lisez u va » — p. 117, fin du 1©* alin^a, au lieu de « tome I .», lisez u tome II »
(cette derniere correction a dtVja 6te indiquee dans le no 7, p. 131, note.)
ERRATA
du n° 8, & corriger dans tous les exemplaires.
Page l« r )5, la note renvoie erronenient a la page 136; c'est p. 66
qu'il faut lire.
JO YjR na ux wa l L ON 8.
La Marnlite, gazette originate, paraissant le dimanche. 11* annee. Editee
a Malines, Grand' Place, 28. Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Unn<> : B centimes.
Li Spirou, gazette des iiesses di AoVe, veyant V jou tos hs dimegnes.
Redacteur en chef : Alph. TlLKlN. Parait & Liege, rue Lamberi>le-Begue, 7;
6© annee. Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un n° : 10 centimes.
Le Sauverdia, chtplant tos les quinze jotis. Redacteur en chef : Edmond
ETIENNE. Parait a Jodoigne, 2L, Marche-aux-Vaches ; 2© annee. Un an, 3 fr.
Six mois, 1 fr. 75. Un n° : 10 centimes.
Li Glabot, hiltant totes les samaines. Redacteur en chef: Theophile BOVY.
Liege, 20J., rue de Hesbaye ; 2® annee.Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr.75. Un n° : 5 c.
L'Airdie, journal wallon luhant tos les qtvinze jofts. Directeur : Jean BUEY.
Liege, rue St-Gilles, 67 ; l*o annee.Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc.Un n<> : 5 c.
Des presses de II. Vailtant'Carmanne,
rue St- Adalbert, 8, Lityc
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<Z £ Jilf 6.C?sf. «<L
NTJMiiBO 10
lJtoct&to& J.880 trei*e.
BECUEIL MENBUBL DE
LITTERATURE ORALE
CROYANCES ET USAGES TRADITIONNELS
SOMMAIRE !
CONTES MERVEILLEUX.
IV. Jean de Berneau [F. Yserentant.]
BEOTIANA.
XV. La cuisson k distance et le cra-
paud recalcitrant (Herstal). . Fernand R.AMBOUX.
XVI. Les chasseurs de mouches
(Waremme) [Jean Bury.]
XVII. La croix qui butte (Liege). . . O. C.
FABLES.
III. Li leup et lir'naud(Cox\dvoz). . Zephir Henin.
notes et enquetes.
24. Les loteries (rectification).
25. Deux chansons a retrouver . . O. C.
BIBLICXiRAPHIE.
Ouvrage de M. Haurigot O. C.
^ LIEGE BRUXELLES
AlJX DUKEALX DE LA Rwue j LEUfcGUE & O
184, rue de Campine. rue de la Madeleine, 46
PARIS
PRIX DU NUMERO LlBftAIRIE HISTOIllQllK DES PROVIHCIW
- Em. LECHEVALIER
IT. 0~30 quai des Grundi- Augustinj, 39
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A VIS.
Le prochain numero de Wallonia sera consacre a
des communications de notre collabjorateur
M. HENRI SIMON.
Cette Jivraison contiendra, entre autres documents, les
vieilles musiques populaires qu'i) a introduites dans sa
derni^re oeuvre dramatique :
Li NeCire Poye,
essai de folklore en deux actes,
represents pour la premiere fois a Liege,
le 16 septembre 1893.
Voir a la quatriime page de la cmverture la liste des ouvrages repus.
Librairie Edouard GNUSE
LIEGE, rue Pont-d'Ile, 51, LIEGE.
ABONNEMENT A TOUTES LES REVUES
BELCES A ETRANCERES.
LIBRAIRIE ALLEMAIVUE & AIMGLAIHE
DepOt de Wallonia, de Florial, du Biveil, de la Revue Blanche, etc.
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oc 6 tp( Y- c^ oJ» jC
CONTES MERVEILLEUX.
IV.
Jean de Berneau.
kci se passait dans le bon vieux temps, a T^poque
ou le petit village de Berneau, pres de Vise,
n'etait qu'un miserable hameau enfonce dans les
bois et forme de quelques chaumieres d'argile.
Dans ce temps la vivait Jean de Berneau — et
Jean de Berneau etait vraiment un singulier
gar<jon. Pendant que son pere et le frere Pierre
travaillaient autour de la maison, il conduisait les pores a la glandee ;
il vivait avec eux tout le jour dans les bois, et quand il rentrait le
soir, au lieu d'aller prendre du repos, Jean allumait un feu de
broussailles et passait de longues heures a lire dans un vieux gros
livre, que son pere, ni Pierre, n'auraient ose toucher, car il leur
semblait venir du diable ! Aussi Jean faisait-il peur a tous, et on le
croyait bien un peu sorcier...
Or, un matin, Jean s'en etait alle pecher dans la Berwinne ; depuis
une heure d6ja, la rivi&re coulait, noire et rapide, aux yeux de Jean,
et pas le plus chetif veron n'avait mordu.
Jean de Berneau s'impatientait et il allait quitter la place quand
tout a coup la corde se tendit et Jean tira.... un maigrelet percot.
— Maudit fretin ! s'ecria Jean, et il rejeta le poisson dans les eaux.
II descendit a quelques pas de la, et la ligne n'etait pas jetee d'une
seconde que le bouchon s'enfo^ait de nouveau. II tira et, a son
grand desappointement — e'etait sans doute le fr^re de Pautre, car
il n' etait ni plus gros ni plus gras.
Jean descendit, et cette fois encore, il prit le meme fretin.
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178 WALLONIA.
— Encore toi, fit Jean; sacre tetu, veux-tu bien retourner au
diable d'ou tu viens ?...
— Tu ne m'enverrais pas au diable, dit le poisson, si tu savais ce
que je vaux.
— Toi, reprit Jean ?
— Certainement; tiens, tu es bon fieu et je te veux du bien...
Laisse-moi mourir tranquillement sur Pherbe; tu me couperas en
quatre morceaux ; tu mettras Tun dans ta cheminee, un autre dans
Pecurie et les deux autres dans le jardin. Aie bonne foi, et tu verras.
— C^est bon, dit Jean.
II fit ce que le singulier poisson disait, et le lendemain, quand il se
leva au point du jour, il vit avec surprise a Pecurie un magnifique
cheval, au pied du chene deux chiens superbes, et dans la cheminee
une ep6e du poli le plus 6blouissant.
Or il advint en ce temps la qu'une Bete a sept tetes vint tout
k coup jeter la terreur dans le pays, et il fallut chaque semaine payer
a cet hote terrible le tribut d'une victime choisie dans le royaume.
En vain les braves du pays avaient tent6 Tun aprfes Pautre de
combattre et de vaincre le monstre 6pou van table; pas un n'6tait
revenu de la perilleuse entreprise et d^sormais personne n'aurait
voulu se hasarder a s'approcher de Pantre.
Au temps ou Jean de Berneau vit les morceaux du petit poisson
se transformer de maniere si etrange, il arriva que le sort d^signa la
fiUe du roi pour devenir la proie de la Bete a sept tetes.
Aussitot le vieux roi fit publier partout que quiconque d&ivrerait
sa fille Pobtiendrait en mariage.
Jean de Berneau voyant cela, detacha son cheval merveilleux,
ceignit Pepee et s'en vint chez le roi.
— Seigneur roi, dit-il, je suis Jean de Berneau. Je veux sauver la
princesse votre fille et Pepouser apres.
— Toi, manant ? fit le roi. Tu sais bien que de braves chevaliers
y ont laisse leurs os. #
— Seigneur roi, reprit Jean de Berneau, j'ai mon cheval et mon
epee ; et j^ssaierai, voili !
Le roi le laissa faire et notre homme partit vers le lieu du fatal
rendez-vous.
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WALLONJA. 179
Jean de Berneau chevaucha bien longteinps, et quand il arriva au
lieu dit, il vit la malheureuse princesse, dans le plus profond
desespoir, liee a un arbre, au milieu d'un endroit tout couvert d'osse-
ments.
La Bete etant encore dans son antre, le courageux Jean de
Berneau lance une pierre au fond du trou : un rugissement terrible
se faisait entendre et la Bete a sept tetes apparait.
Le brave tire son ep6e ; pleine de rage, Phor-
rible Bete s'elance.
Jean de Berneau fait sauter son cheval et
d'un coup de Pep6e merveilleusa il tranche la
tete la plus rapprochee.
Alors coinmen9a le combat le plus terrible
qu'on eut jamais vu dans le monde. La Bete rugissante courait et
bondissait; le cheval sautait, se cabrait, et le glaive brillait, se
levait et tranchait.
Bref, Jean de Berneau coupa les tetes Pune apres Pautre et bientot
la Bete fut etendue sans vie.
La jeuue fille, detachee de P arbre par son heureux sauveur, ftit vite
remise de son emotion.
— Ne preferez-vous pas, lui dit Jean de Berneau, etre ma femme
que d'etre mangee par la Bete a sept tetes ?
Vous sentez bien que la princesse fit un sourire, — et elle fut loin
de se facher lorsque Jean Pembrassa de tout coBur.
lis revinrent au chateau, et, malgre Penvie des messieurs de la
cour, il fallut bien que le roi accomplit sa promesse.
Trois jours apr^s, on fit les noces, des noces comme on n'en avait
jamais vu.
Le soir venu, lorsque Jean fut seul avec la princesse, il s' agissait
d'aller la rejoindre dans son lit. Mais le diable de Jean, se promenant
dans la chambre, s'arreta brusquement devant la fenetre ouPon
voyait une lumiere au loin dans la campagne.
— - Qu'est-ce que c'est, dit Jean a la princesse, cette lumerolle que
je vois la bien loin ?
— Ah ! Jean, ne demandez pas cela... je le dirai demain*
— Mais non, dit Jean pique, je veux savoir aujourd'hui meme.
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180 WALLONIA.
— Et bien, cette lumiere vient (Tun vieux chateau hante par les
esprits.
— Des esprits ! reprit Jean, nous irons voir ces esprits 14.
— Oh ! Jean, pas aujourd'hui, sans doute.
— Non, non, dit Jean, soyez tranquilie.
Et Jean se mit k faire des priferes, et des priferes, et de si longues
prieres que sa femme s'endormit.
Jean de Berneau n'attendait que cela. Son epee au cot6, il descendit
fort discretement, brida son cheval et le dirigea au galop vers le
faroeux chateau dont on voyait la lumerolle dans la campagne.
II marcha bien longtemps, sans perdre de vue la petite flamme qui
brillait, si bien que le chateau tout noir se dressa tout-a-coup
devant lui. Un silence effrayantaurait fait croire que le chateau etait
abandonne, si Jean n'avait vu la lumi&re qui continuait a briller
dans la nuit.
Jean de Berneau descendit de cheval, s'avanpa d'un pas ferme et
frappa un gros coup sur la porte. La porte s'ouvrit et Jean se trouva
devant une petite laide vieille femme qui, sans mot dire, lui fit signe
de la suivre. Sans hesiter, Jean prit son cheval par la bride et le
conduisit a l'6curie; puis il suivit la vieille et, la main sur la garde
de son epee, il s'enfon^a derri&re elle dans un long corridor. Une
lumiere magique, qui changeait de couleur a chaque instant, vacillait
tout au bout, et Jean la regardait, quand tout a coup la lumiere
s'eteignit brusquement, un bruit terrible se fit entendre, et sous les
pieds de Jean, le sol s'ouvrit... et se referma !
Le lendemain matin, quand la princesse ouvrit les yeux, elle fut
bien surprise de ne pas trouver Jean. Elle Tappelle, elle le cherche,
Palarme se repand dans le chateau, on voit que le cheval est parti de
l'ecurie, et Ton apprend que personne n'a vu Jean s'en aller du
chateau.
La journee se passe et Ton ne retrouve pas le brave Jean de
Berneau.
Alors le roi fit publier a son de trompe que Jean etait disparu et
quTi y avait une forte recompense pour celui qui le retrouverait.
Or, le bruit du mariage de Jean s'etait repandu jusqu'au village,
et Pierre, le frere de Jean, qui 6tait rest6 la, s'etait d6cid6a venir a la
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WALLONIA. 181
cour. II dit adieu k^on vieux p6re et se mit en route accompagne de
Brisefer et Brisetout.
Brisefer et Brisetout, c^taient les deux chiens merveilleux nes
au pied du vieux chene, et vraiment ils meritaient bien ces noms la !
Le frere de Jean arriva juste au moment ou devant le chateau du
roi, on annon9ait la disparition du h6ros.
Tout le monde etait a table. La porte etait toute large ouverte;
mais voyons, comment faire pour aller se presenter au roi ?
— Bon, dit Pierre, j'y arriverai quand meme bien... Brisefer ! va
me chercher le meilleur mets de la table du roi.
D'un bond Brisefer se precipite dans la salle ; d'un autre bond, il
saute par-dessus la table, saisit au passage ce qu'il trouve de meilleur
et Papporte a son maitre.
— Bien, mon brave... mais en mangeant il faut boire : va me
querir la meilleure bouteille de la table du roi.
De nouveau, Brisefer bondit dans la salle et saisit le flacon le
meilleur ; mais avant qu'il eut repass^ le seuil, la porte etait refermee
par les valets attentifs et Brisefer 6tait prisonnier.
— A ton tour, Brisetout, commanda Pierre, va delivrer ton frere*
Brisetout prend son elan, et vlan ! sous le choc, la porte saute
sur ses gonds ; les valets effrayes laissent 6chapper Brisefer et les
deux chiens viennent se remettre aux cotAs de Pierre.
— Ha ! ha ! s'ecria le vieux roi. Qu'on m'amene le farceur qui nous
vole a notre barbe !
Les serviteurs vont chercher Pierre.
— Ah, c'est toi qui pretends te r^galer des meilleurs mets de
notre table !... Qui es-tu ?
— Seigneur roi, je suis Pierre de Berneau.
— Le frfere de Tautre, pour siir. Et bien, ou est ton fr^re, Tas-tu
vu ? Viens-tu me donner des nouvelles ?
— Non, dit Pierre, mais je veux aller a sa recherche. J'ai deux
fiers compagnons et j J y arriverai sans doute.
— Je veux bien, dit le roi. Mais avant, mets-toi la, bois et mange ;
demain matin, tu partiras.
Pierre ne se fit pas prier, et il prit sans fa^on la place de son fr&re
Jean aupres de la princesse.
Le lendemain matin, Pierre demanda a tout le monde des rensei-
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182 WALLONIA.
gnements sur l'affaire. La princesse se souvenant a propos, lui
raconta quelle singuliere nuit de noces elle avait passee avec Jean
de Berneau.
— Je le connais, se dit Pierre, il a voulu savoir le fin mot quant
au chateau hante. J'irai voir.
II se mit en route avec ses deux chiens et, arriv6 k la porte, il vit
bien a leurs jappements joyeux que son frere etait la.
II frappa; la petite laide vieille femme vint ouvrir etle conduisit,
comme elle avait fait avec Jean. Mais Pierre n'etait pas sitot dans
le long corridor qu'il se sentir saisir par des bras vigoureux.
— A moi ? Brisefer ! a moi, Brisetout !
En un clin d'coil, la porte vole en eclats, le jour se fait et les chiens
sont a la gorge des assaillants.
lis crient merci !
— Ah 9a, dit Pierre, c'est done vous autres qui etiez les esprits ?
Qu'avez-vous fait de mon frere ? Dites vite, ou vous serez devores
par mes chiens.
Les brigands durent bien delivrer Jean, le brave Jean de Berneau
qu'ils avaient fait tomber dans le trou par une trappe.
On se figure la joie de la princesse et du roi quand on vit revenir
le frere Pierre et le fameux Jean de Berneau !
Les brigands furent marques d'un fer rouge et chasses du pays.
Pierre alia demeurer dans leur chateau avec son bon vieux p6re
et Ton fit de grandes rejouissances pour feter le retour de Jean de
Berneau.
II vecut heureux avec sa femme et ils eurent beaucoup d'enfants.
Resume du conte publie sous ce titre par M. Felix YSERENTANT dans
V Union beige, journal £dite a Anvers, n« 8 des 11 et 25 juin et 2 juillet 1893. —
Texte revu par Tauteur. 0. C.
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WALLONIA.
183
BEOTIANA-
xv.
La cuisson & distance et le crapaud recalcitrant.
Clsteu W f£ie deiix cop&res qui
s'porminivU ava Lidje a V nuteie.
Vola qu'il arrivht so V Martchi,
wisse qrii-n~a tot cou qu'on vout po
nourri V pauve et I'ritche.
I s'mltteta louqui tot ava Us boti-
ques.
— Tins, di'St-i onque, qwd-z-e-ce
don, fre, cisse martchandeie Id, qrie* si
bin pin do we d V fictile ?
— VrHe, dji rib se rin, di-st-i Vaute,
aji ria mate v&'iou cisse sort oVaffaire
Id. I fat qrinos V dimandansse d
Pfeumme.
II arene li martchande :
— Qrie-ce qui c'£, don, coula, nosse
dame ? di-st-i, tot mostrant V chose
avou 8'deugt.
— Ce* des harings, dai, biname mon-
cheu; des fameux ouhais, allez, qui
riont ni He ni patte.
— Oho ! l-ce ine saqwh qu'on magne,
coula, des harings ?
— Bin s&r, et c'e 4 minme ine saqwl
d' fameux po li stoumak... mins, les
fat cHre.
— Aha! et qrimint cUt-on coula ?
— C rib nin fwer malahete : i riont
qrid v&ii V feu.
— Nos gostri vollt d'cisse bibsse Id,
hein, valet?
C'^tait une fois deux copbres qui se
promenaient partni Liege a la soiree.
Voila qu'ils arrivent sur u le Mar-
ch£ ", ou il y a tout ce qu'on veut
pour nourrir le riche et le pauvre. *
lis so mettent a regarder parmi les
boutiques.
— Tiens, dit Tun, qu'est-ce done,
f rere, cette marchandise-la, qui est si
bien pendue a une ficelle ?
— Vrai, jo n'en sais rien, dit l'autre,
je n'ai jamais vu cette sorte d'affaire-
la. II faut que nous le demandions a
la femme.
II s'adresse a la marchande :
— Qu'est-ce que e'est, done, cela,
madame? dit-il, en montrant la chose
avec le doigt.
— Ce sont des harengs, da, bien-
aim6 monsieur; de fameux oiseaux
allez, qui n'ont ni aile ni patte.
— Oho ! est-ce quelque chose qu'on
mange, 9a, des harengs ?
— Bien sur, et e'est m6me une
chose bien bonne pour l'estomac...
mais, il faut les cuire.
— Aha ! et comment cuit-on cela ?
— Ce n'est pas fort malais£ : ils
n'ont qu'a voir le feu. *
— Nous gouterions volontiers de
cette bete la, n'est-ce pas, Tami?
(') Cela dtait vrai surtoul il y a une cinquanlainc (Tannics.
(*) Expression consacrde, a Lie*ge, pour tiirequ'une chose doit elre peu cuile.
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184
WALLONIA.
Enne atch'tet chasqueune onqne, et
s'bnnc vont-i tot r'prindant Vhaut dl
Vvb'ie.
11 arrivU ainsi so les hauteurs di
Saint- Djile a moumintqui feve neure
nute.
— Dji k'mince a-z-avu V faim aVas-
sotti, di-st-i onk.
— Et mi parei ', respond Vautc ; si
nos magmsse nosse haring ?
— Ccst ine hUie, fait Vprumir, void
tot justimint dh feu.
Tot oVhant could ilaksegnifli cldrte
des hautsfornais qxCon veui fwer bin
aVcisse hautetir-ld.
Et tos les deux, comme on seul homme,
i sbchbt leu haring fou dHeupoche et s'el
tinU-i b Pair a reu bresse dddivant
dWaireur.
Adon il altaquet leu pehon.
Mais onk des deux, mdladvette, U
lait toumer d I'tcrre, et tot qwbrant po
Vramasser^il attrape on crapaud aVvins
ses mains.
(Joula fa « eric, crac » quand i
hagna aVvins.
— Oh ! disti , i rta ni eric ni
crac : fas vb'iou Vfeu, i fat qu f ti
passes !
Et il avala pahulmint Vbnnocint
crapaud !
Uerslal.
lis en achetent chacun un, et
s'en vont en reprenant le haut de la
ville.
Usarrivent ainsi sur les hauteurs de
Saint-Gilles ' au moment ou il faisait
nuit noire.
— Je commence a avoir une faim
terrible, dit Pun.
— Et moi aussi, r^pond Pautre. Si
nous mangions notre hareng ?
— C'est une idee, fait le premier,
voila tout justement du feu.
En disant cela, il montrait la clarte
des hauts-fourueaux (d'Ougr^e) qu'on
voit fort bien de la.
Et tous les deux, comme un seul
homme, ils tirent leur hareng de la
poche et si le tiennent-ils a bras raide
vis-a-vis de la clarte\
Alors, ils attaquent leur poisson.
Mais Pun des deux, maladroit, le
laisse tomber par terre, et, en cher-
chant a le ramasser, il saisit un cra-
paud dans ses mains.
Cela fit « eric, crac » quand il mor-
dit dedans.
— Oh ! dit-il, il n'y a ni eric ni
crac 4 : tu as vu le feu, il faut que tu
passes !
Et il avala paisiblement Pinnocent
crapaud !
Fernand RAMBOUX.
(') Au Sud-Ouesl de la ville, a peu pros clans la direction de Dinant.
(*) Cette expression, qui est populaire. est toujours employee dans ce sens : « II n'y a rien
a faire, e'est une chose dlcidle. *
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WALLONIA. 185
XVI.
Les chasseurs de mouches
Un jour deux cop&res se demandaient ce qu'ils feraient bien pour
passer le temps.
L'un proposa de pecher aux grenouilles, a Taide d'une taie
d'oreiller suspendue en Tair pour recevoir les batraciens qui tom-
beraient avec la pluie.
C'eut ete amusant, mais le temps etait au beau fixe et Ton atten-
dait vainement un orage.
L'autre proposa duller a la chasse aux grosses mouches, ce qui
fut convenu. lis se mirent en route, munis d'une bonne carabine et,
comme bien Ton pense, ils firent carnage.
Chemin fesant, ils entr^rent dans une 6glise ou le cure prechait.
L'un de nos deux chasseurs voit sur la poitrine du pretre une
mouche qui se pose. II 6paule, vise, et paf ! il tue la mouche.
Le cure tombe.
— Vous voyez bien, dit notre adroit tireur, elle Tavait deja
etrangle, la garce !
Becueiili a Waremme, par M. Jean Bury et public par lui, en wallon, dans
son journal VAirdih du 7 septerabro 1893.
xvn.
La croix qui butte.
Une grande calamite ravageait le pays. Les Dinantais r^solurent
d'envoyer une delegation pour implorer Pintercession de Saint-
Aubin, & la grande 6glise de Namur. Ils firent une grande collecte
par toute la ville et, de peur que les delegues n^garassent Targent,
on le deposa dans une bourse, suspendue a la croix d'une haute
banniftre qui devait prendre la tete de la procession.
Arrive a la porte de la grande eglise, le porteur s'arreta brusque-
ment : la croix buttait contre la porte ! Tour a tour, ils essaient
vainement de faire passer la banniere, un malin propose meme de
plier la hampe : efforts inutiles, impossible d'entrer !
Les coperes se voyaient dans la cruelle necessite de revenir sans
avoir p6netr6 dans Teglise, quand un passant charitable leur suggera
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186 WALL0N1A.
Tidee de recouper la hampe. lis depos&rent la banni^re sur le sol et
s'en retournerent pour chercher une bonne hache.
Si tot ont-ils tourne le dos que le bon Namurois trouve la bourse,
soustrait Pobole des Dinantais, et la remplace par... du crottin de
cheval.
Quelques heures aprfes, les copdres reviennent, hachent le bois,
prennent la bourse et p^netrent solennellement dans Teglise avec,
en tete, ce qui restait de la fameuse bann&re.
Les priferes terminees, ils veulent deposer leur obole et trouvent
dans la bourse tout autre chose que de Pargent.
Grand 6moi, grande colore.
Seul, le chef de la delegation — le maleur, pr6tend-on — restait
calme et soucieux ; campe devant la chose, il se grattait Poreille.
En verity, c'etait bien drole aussi qu'un cheval s'en vint lever la
queue au sommet d'une banni^re.
Et puis, comment diable avait-il pu monter si haut ?
Cette grave question devait rester sans reponse — et nos cop&res
s'en revinrent a Dinant, fort intrigues de Taventure.
Cont^ a Lie"ge par M. Jules Bohrer et public en wallon daus Li Spirou du
6 aout 1893. — La fin du conte se retrouve sous une autre forme dans cette
riotre"ie (petite face 1 tie) publi^e dans Li Clabot du 11 juin dernier : Un gamin
placait au haut d'un mur une trappe a moineaux. Quelqu'un lui dit : a Entou-
rez-la de crottin, ou bien les oiseaux, qui sont tres malins, ne se laisseront pas
prendre. » L'enfant repond : a S'ils sont si malins, ils s a vent bien qu'un cheval
n'a jamais grimp^ sur un mur pour faire 9a!)) 0. C.
FABLES.
in.
Li leup et 11 r'naud.
1-gn-avetive on cop on r'naud, fin... U e"tait une fois un renard, fin...
comme on r'naud, li pere des r'naud ! comme un renard, lepere des renards !
Maugre tote si malice, il cstetivc pus Malgre" toute sa malice, il £tait plus
malhureux qu' les ptres. II aveuvc pen malheureux que les pierres. II avait
po s y pia. et non sins raison. peur pour sa peau, et uon sans raison.
On gros demon a" leup, vinu d'on Un gros demon de loup, venu d'on
n'sait ousse, s'esteuve Uabli dispoie nesaitou,s'6taitetablidepuisnaguere
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WALLONIA.
187
waire dins les environs aVavaur Id, et
fieuvc on carnatche di possede... po
touwer Vtimps, dandjureux!
On I causeuvc Ion et lautche. One
iraque sere&ve decidie si ga conti-
nueuve. FA, ma friquef dins les traques,
si aVjeuve nosse rinaud, tot V grand
monde y passe !
A fwece di gretter «' iibsse, nosse
gatard disUrre one idee — one bonne
idee, dandjureux — en, tot en riant I
s'baube, % ramasse si qudwe dins ses
djambes, sorte fou di tigarinne, hfile
one porote, etpette one cotisse djusqu'd
dlez Vco'ite do leup.
I trouve cit-ci en train d' toquer on
somme, aprhs awU movgni on bon bhdot
tinre et crau qu y aveiive passe Varme
a gauche pa s'gozi.
— Bin V bondjou, Mossieu Vleup,
di-st~i. Commint alloz?
— Dji n'va nin, grogne li leup, dji
dwlme !
— Pardon, dscuse, Mossieu V leap.
Dj'a tani bstindu causer d'vos qui
df&steuve curieux di vos veuie.
— Assioz-v 1 su vosse cu, r'naud, nos
taprans one divise.
— Dji 808 sur qui Mossieu V leup
est pus fwar qui V pus fwar des
homtne.
. — Dji vos dirai, r'naud, qui dji
n'connais nin cH esplce Id : on rii vwe
nin dins nosse pais. Dispoie qui df so
par ci, dfa bin v&iu des esplce di
sindje chufflant comme des mauvis,
aprbs des tchin....
— Des bierdji djouant de V clari-
nette.
— Bierdji?... Dr ole di nomf Enfin,
quand dji stron-nc on bhdot, i ftinu des
dans les environs de par-la, et faisait
un carnage de possed^... pour tuer le
temps, probablement !
On en parlait long et large. Une
traque serait decided si 9a continuait.
Et, ma foi, dans les traques, se disait
notre renard, tout le grand monde y
passe !
A force de se gratter la tete, notre
gaillard de" terre une id6e — une bonne
idee, sans doute — car, tout en riant
dans sa barbe, il ramasse sa queue
dans les jambes, sort de sa garenne,
enfiie un sillon, et fait une course
jusqu'a pres du gite du loup.
II Irouve celui-ci en train de faire
un somme, apres avoir mange un bon
agneau tendre et gras, qui avait passe
Varme d gauche par son gosier.
— Bonjour, M. le loup, dit-il. Com-
ment allez-vous?
— Je ne vais pas, grogne le loup,je
dors !
— Pardon, M. le loup. J'ai tant
entendu parler de vous que j^tais
ddsireux de vous voir.
— Asseyez-vous, renard, nous de-
viserons un peu.
— Je suis sur que M. le loup est
plus fort que le plus fort des
hommes.
— Je vous dirai, renard, que je
ne connais pas cette espece-la : on n'en
voit guere dans notre pays. Depuis
que je suis par ici, j'ai bien vu des
espece de singes, sifflant comme des
merles, apres des chiens....
— Des bergers jouant de la clari-
nette.
— Bergers?. . Dr61e denom! Enfin,
quand j'^trangle un mouton, ils font
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188
WALLONIA.
grands brbs, les tchin avornu sur mi..,
etramasnu one tripotte'e!..
— Comme di djusse !
— Et c'3 ca k8 homme?
— Ohi, mo88ieu V hup.
— Eh bin, c'b grand tchose di rare !
— IF vos y fioz nin, mossieu V leup.
I-gn-a des homme qui sont fwar !
— Eh bin, tinoz, r'naud, mostrnz-m'
li pus fwar des homme et (tfl fats one
golee !
— Si mossieu V leup vout bin v'nu
avou mi, dji li mosturrai one homme
veritdpe.
— E-ce Ion ?
— Nos iran au bwar d& V vote lau~
vau.
— One voie, qu'h-ce ya ?
— One route, mossieu V leup.
— One route?... Ah, ohi : on espece
di ri sins aiwe, tot blanc d' poussire et
cV ca'io... Allans-y.
U Istinne a pwin-ne coutchi $ fosse
qu 1 passe on vt bribeu tot casse.
— E-ce one homme ? dit Vleup.
— Non, c'bnne a sti on que, respond
li r'naud.
Et Vvi homme passe si voie.
Arrive on pHit gamin ptvartant
Vsope.
— E-ce one homme ? dit Vleup.
— Non, c'h shrl onque, respond li
r'naud.
Et V gamin passe si voie
Arrive on curassi su on bia djone
ronsin.
— E-ce one homme ? dit Vleup.
— Ohi, rote todis, respond li r'naud
en levant Vpetton.
hi leup n f fait ni rime ni rame; i
de grands bras, les chiens se jettent
sur moi et ramassent ane tripotteef...
— Comme de juste!
— Et c'est 9a les hommes ?
— Oui, M. le loup.
— Et bien, c'est grand chose !
— Ne vous y fiez pas, M. le loup.
II y a des hommes qui sont forts!
— Eh bien, tenez, renard, montrez-
moi le plus fort des hommes et j'en
fais une bouchee.
— Si M. le loup veut bien venir
avec moi, je lui montrerai un homme
veritable.
— Est-ce loin ?
— Nous irons au bord de la voie,
la-bas.
— Une voie, qu'est-ce cela?
— Une route, M. le loup,
— Une route?... Ah, oui, une espece
de ruisseau sans eau, tout blanc de
poussiere et de cailloux... Allons-y.
lis etaient a peine couches dans le
fosse, que passe un vieux mendiant
tout casse.
— Est-ce un homme ? dit le loup.
— Non, e'en a dte* un, repond le
renard.
Et le vieil homme passe son checnin.
Arrive un petit gamin portant la
soupe.
— Est-ce un homme ? dit le loup,
— Non, e'en sera un, repond le
renard.
Et le gamin passe son chemin.
Arrive un cuirassier sur un beau
jeuneentier (cheval).
— Est-ce un homme ? dit le loup.
— Oui, marche toujours. repond le
renard en levant le pied.
Le loup n'h^site pas ; il se jette sur
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WALLONIA.
189
x'darre su Vcurassi, qu 1 attrappe si
pistolet et tire ses deux cop au pus
habie.
Li leup, & pwin-ne blessi, zoubhlle
au co do tcKvau sbarre.
Li curasst tire si stipe et lardee li
leup qui,plein d'song, n'a qui Vrlcours
di 8 } sauver h bwh.
Li r'naud vint V trover crlvant dins
. on ronchisse.
— Et bin, mossieu Vleup sait-i c'qui
c'2 qxCone homme ?
— Ohi, djbmi Vpauve bilsse: ga
ratche de feu qui vos trawe do Ion; ca
a one linwe qui hagne, ah! qui hagnef...
Waitoz di m'soladji, ca vos nCla
. mettu dins one belle andelle : dji
mours !
— Vos assisttr ?. . . A h ! vos rilstoz
nin malin,vos ! Vosse presince alleuve
amwinrner one traque; mains demwin
on vos trouvrl creve et dji pourrt cro-
quer les faisan et ks pouie sins les fer
crii, comme avant. Vos avoz vosse
compte, et mi ossi.
Bin Pbondjou, mossieu Vleup !
1 He h 8'baube, ramasse si quhve
dins ses djambe, IHle oneporoie etrin-
ture 1 8* garenne tot contint.
le cuirassier, qui attrappe son pisto-
let et tire ses deux coups au plus
vite.
Le loup, a peine blesse", saute au
cou du cheval 6broue\
Le cuirassier tire son sabre et
larde le loup qui, plein de sang, n'a
que le recours de se sauver dans le
bois.
Le renard vient le trouver mourant
dans un las de ronces.
— Et bien, M. le loup sait-il ce que
c'est qu'un homme ?
— Oui, gemit la pauvre bete : 9a
crache du feu qui vous troue de loin ;
ca a une langue qui mord, ah ! qui
mord !... Voyez d me soulager, car me
voila mis dans une belle affaire : je
meurs !
— Vous assister ?... Ah ! vous
n'etes pas malin, vous ! Votre pre-
sence allait amener une traque ; mais
demain Ton vous trouvera mort et je
pourrai continuer a croquer les fai-
sans et les poules sans les faire crier,
comme avant. Vous avez votre
compte et moi aussi.
Bonjour, M. le loup !
II rit dans sa barbe, ramasse sa
queue dans ses jamb es, enfile un sillon
et rentre dans son trou lout content.
Contd a Bonsin (Condroz) par notre vieille servante Catherine, en 4872.
Zephir HENIN.
"3^
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190 WALLONIA.
NOTES ET ENQUETES.
24. Le» loterles. — Ci-dessu9 p. 104, j'ai reproduit unehistoire qui, disait-
on, s'est passee a Chimay, et ou Ton parle du diable, d'une servanto et du
patron d'icelle. Le fait m'avait &£ signale* par un de no9 amis ; en me comrau-
niquant la decoupe de journal que j'ai copied exactf ment, il me disait que le
meme article avait paru quelques jours plus tard dans une autre feuillo dont
il donnait le nom.
Depuis lors, j'ai recu unn° d'un troisieme journal — envoi anonyme, celui-
ci! — ou Ion dit que le fait s'est passe en Autriche; d'autre part, la Rev. des
trad. pop. de Paris, dans son no de mai dernier, p. 304, rapporte e*galement
l'histoire en indiquant ce meme pays d'origine, d'apres le Vieux Corsaire,
journal de St-Malo, SO mars 1893.
J'ai voulu tirer au clair cette affaire palpitante d'inte*ret, et j'ai £crit a une
personne de Chimay que je connaissais de nom ; cette personne a bien voulu
me repondre pour me dire qu'en cette ville, on ne sait pas un mot de l'his-
toire en question, et que les gendarmes de l'endroit n'ont pas eu a s'immiscer
a cette 6poque dans des affaires de loterie.
-5. Deux chansons a retrouver. — A c6te* de ce cruel demarquage
dont nous avons avons &6 l'innocente victime, nous rappellerons une manie
ge'neVale, celle-ci, chez nos confreres de la grande presse.
II y a de ces faits, imaginaires ou reels, qui reviennent p£riodiquement dans
les journaux. Telle autrefois la fameuse histoire du serpent de mer, qu'une
legende tenace attribue au Constitutionnel, mais qui a, parait-il, de bien plus
obscures et bien plus lointaines origines.
Voici, dans le meme genre, un fait-divers que nous lisions dernierement dans
l'un de nos plus graves confreres de la capitale.
u L'agence Renter t£le*graphie qu'il vient de se commettre en Podolie un
crime depassant ce que le drame a imagine* de plus affreux.
a Un jeune homme, parti enfant pour l'Amerique ou il avait fait fortune, revint
r^cemment a Balta, ouses parents tenaient une auberge. II descendit chez eux
sane leur faire savoir qui il etait. Desireux de prendre un bain, il confia tout son
argent a la femme de l'aubergiste. Celle-ci, tentde par i'importance de la
somme, concut l'idee d'assassiner le voyageur inconnu, pour s'appropier la for-
tune. Elle attendit son retour et profita de ce qu'il dormait pour Tegorger avec
son couteau de cuisine. Le corps fut cache" par elle dans la cave.
u Son mari, absent au moment du crime, rentra pen apres, esp^rant retrouver
son fils dont il avait appris le retour en traversant la viile. Sa femme le pr^vint
qu'elle avait assassin^ un voyageur. Pris d'un affreux pressentiment, l'auber-
giste se fit montrer le corps, et. apres un instant, il reconnut que c'dtait celui
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WALLONIA. 191
d« son fils, qu'il avait vu partir enfant. Accable par ce coup afFreux, il tomba
raide mort.
u L'odieuse m^gere, qui avait a peine regard^ le voyageur avant de l'assas-
siner, attend en prison de passer en jugement. „
Cette macabre his to ire a deja servi, au commencement de ce siecle, de sce-
nario a nn drame populaire en Allemagne. On l'a revue l'ann^e passed dans
tous les journaux.
Or, elle se retronve dans le folklore d'une fonle de peuples et notamment,
aux environs de Lie'ge, sous la forme d'une chanson dont il nous manque a la
fois Pair et les paroles completes. J'en dois le re*cit a la chanteuse e'me'rite
dont j'ai deja parte p. 40 et que j'ai cit^e dans le dernier no, p. 170.
Cette bonne femme, dont les souvenirs sont vraiment in^puisables, me signa-
lait en meme temps une autre chanson, ou il s'agit d'un gal ant qui revient
d'une longue et pe'rilleuse guerre, ou Ton croit qu'il a pe>i. Sa fiancee, lesse
d'attendre, vient de se marier ; le revenant tombe au milieu du banquet et
propose au mari de jouer la fille aux dds. IL gagne, se fait reconnattre de la
belle en lui montrantune bague recue autrefois d'elle... et la fin manque.
Quelqu'un peut-il nous fournir les textes de ces deux chansons, avec les airs
si possible ? 0. C.
BIBLIOGRAPHIE.
Georges Haurigot. Literature orale de la Ouyane fran^aise. —
Broch. in-8° de 38 p. — Paris, Lechevalier, 39, quai des Grands-
Augustins, 1893. — Prix : 1.50.
Ce travail, extrait de la u Revue des traditions populaires " (tome VIII, en
cours de publication) comprend 7 contes dont les deux premiers sont en texte
Creole avec traduction en regard ; 8 devinettes en francais, et 84 proverbes en
texte cr^ole, traduits et expliqnes. II est augmente d'une bibliographie de la
literature orale de la Guyane francaise ; des notes explicatives au bas des
pages fournissent des renseignements utiles sur les moBurs des noirs.
Les contes sont tous des " fables ,; , ou les animaux agissent et parlent, en
conservant le caractere qui leur est traditionnellement attribue\ C'est ainsi
que le Tigre jpue dans ces re'cits guyanais le meme r61e que le Loup dans nos
contes populaires : il est r^gulierement dup6 par le malicieux kariakou (sorte de
chevreuil) qui correspond a notre finaud Renard. Ces fables sont v^ritablement
amusantes ; mais quelle singuliere id£e de preter au Tigre les mots et formules
typiques qu'on intercale si volontiers dans le langago attribue' aux gendarmes
et aux vieux militaires....
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192 WALLONIA.
Dans le conte sixieme. je releve cinq devinettes parmi lesquelles deux ou
trois que nos lecteurs connaissent sans doute. Voici la serie :
Un baril (ate, barrique ?) sans cercle ? — Un oeuf.
L'eau qui se tient debout ? — La canne a sucre.
Un petit poisson sous le pont ? — La langue.
Je suis ici, je sais la-bas ? — L'oeil.
Bouche dans bouche ? — Un cbien qui mange dans une chaudiere.
Les deviaettes reprises sous le cbapitre deuxieme ne pr^senteut guere non
plus une bien grande originality ; nous y retrouvons les figures les plus connues
des peuples europdens : l'aiguille qui mange sa queue; la lampe qui boit son
sang et mange ses os (la mecbe) ; la bouche, caserne ou les soldats sont habillds
de blanc, et le caporal, habille de rouge, etc. Nous pensions trouver ici des
devinettes plus sp^ciales ; celles-ci sont probablement imported.
Les proverbes, par coutre, sont du plus haut interet, empruntant leurs
figures a la fanne, a la flore. aux usages du terroir, etc. Certes la sagesse
populaire est partout a peu pres la meme quant au fond ; mais on goutera, par
exemple, la jolie originalite des proverbes suivants et les commentaires dont
l'auteur les a agr^ment^s :
Guidi-guidi pa mart pagra u Guidi-guidi n'attache pas le panier »>. — Guidi-
guidi, harmonie imitative, a la pretention de rendre les efforts nombreux et
inutiles de quelqu'un qui a l'air de se donner beaucoup de mal et qui en reality
ne fait rien.
Los pitit mount Vecole dit ou : Jodi j&di, ere ye « Lorsque les enfants de
l'dcole vous disent : e'est aujourd'hui jeudi, croyez-les ». — Vous pouvez tenir
pour verite un renseignement donne par quelqu'un ayant interet d'etre bien
informe. Les enfants n'ont garde de ne pas connaitre le jeudi, puisque e'est
pour eux un jour de demi-repos.
Ou pas pouve couri et gratter pieds « vous ne pouvez pas courir et vous
gratter les pieds » (deux cboses fort difficiles a combiner).
Certains dictons plaisants nous rappellent invinciblement leurs analogues
wallons. De meme que le Guyanais « Le capiat dit au pian qu'il sent mauvais »,
le wallon satirise : c'l V crarna qui nomme li tchaudron ne&r cou. Le negre dit :
« Un jour de guigne, vous casserez vos dents en mangeant de la bouillie de
tayove » ; le fian9ais re pond : a II y a des gens qui trouvent moyen de se casser
le nez en tombant sur le dos » ; et le wallon : « I-n-a des djod qu'on s'n&ireti
bin dtvins on retchon « certains jours, on se noierait dans un crachat ! »
Le travail de M. HAUEIGOT, tout int^ressant qu'il soit, est en disproportion
avec son titre ; l'auteur avoue d'ailleurs que ses contes et devinettes ne sont
pas aussi nombreux qu'il Taurait voulu.
Esp£ron8 qu'il trouvera l'occasion et le temps d'<kendre sa collection, et que
s'il retourne a la Guyane, il ne perdra pas de vue le proverbe qu'il cite : ki
patience, ou ka plimin di ze. « Avec de la patience, on arrive a plumer dea
ceufs. » 0. C.
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REVUES DE FOLKLORE.
M&lusilie, recueil de mythologic, litUrature populaire, traditions et usages
fonde" par H. GAIDOZ ot E. HOLLAND (1877-1887), et dirige par Henri GAIDOZ.
— Tome VI (1892-93). Livraisons bimestnelles in-4° de 1G p., dont4 de garde.
— Un an : 12 fr. 50 ; un n° 1 fr. 25.— Bureaux : 2, rue des Chan tiers, Paris.
Revue des Traditions popul&ires, organe' de la Societe, dirige* par
Paul SEBILLOT. — 8® annee ; livraisons mensuelles 8° de 48 a 64 pages avec
musique et dessins. — Un an : Belgique 17 fr. ; pour les membra : 15 fr.;
tin n<> 1 fr. 25. — Bureaux : 80, boulevard St-Marcel, Paris.
The Journal of American Folk-lore, organe de la Society. Directeur :
William Weils NEWELL. — 6® ann^e ; fascicules trim, gd 8° de 80 p. — Un an :
4 8li.; pour les membres : 8 sh. — Bureaux : Cambridge, Mass., Etats-Unis.
Volkskunde. tijdschrift voor nedtrlandsche Folklore, dirig^ par Pol DE Mont
et Aug. GlTTEE. — 6© annee; livraisons mensuelles pet. in-8<> de 16 p. — Un an :
3 fr. — Ad. Hoate, ed., Veldstraat, 49, a Gand.
Ons volksleven, tijdschrift voor Taal, Yolks- en Oudheidkunde, dirige
par Jozef CORNELISSEN et J.-B.VERVLIET. — 5e ann6e ; livraisons mensuelles
pet. in-8<> de 20 p. — Un an : 2 fr. 50. — L. Braeckmans, ed., a Brecht.
Zeitschrift des Vereins fttr Volkskunde, dirigee par Karl Wein-
HOLD. — 2© annee : fascicules trimestriels grand 8° de plus de 100 pages avec
planches et grav.— Un an: mk. 12. — Direction, Hohenzollernstr. 10, Berlin,W.
Langues et dialectes, revue trimestrielle, dirigee par Tito Zanar-
DELLI. — 2* ann^e; livraisons 8« de 100 pages au moins. — Un ah : Belgique,
10 fr.; Etranger, 12 fr.; un n<> 3 fr. — Bureaux : rue du Pepin, 19, Bruxelles.
Dania, tidsskrift for folkemal og folkeminder, dirigee p:«r Otto JESPEBSEN
et Kristoffer NYROP. — 2* anne*e ; livraisons trimestrielles in-12 de 100 p.
environ Par an : 3 Kr. — Bureaux : Amalieveg, 4, Copenhague.
Sezatoarea, revista pentru literatura si traditiuni populare , dirige*e par
Artur GOROVEI. — 2® ann^e ; livr. mensuelles de 24 p. in-8°. Par an : 5 lei.
— Bureaux a Folticeni (Eoumanie).
JOURNAUX wallons.
La Marmite, gazette originate, paraissant le dimanche. 11* annee. Editee
a M alines, Grand' Place, 28. Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un n* : 5 centimes.
LI Spirou, gazette des tiesses di hoie, vlyant V joH toe les dimtgnes.
Redacteur en chef : Alph. TlLKlN. Parait a Ltege, rue Lambert-le-Begue, 7;
6« ann^e.Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un n© : 10 centimes.
Le Sauverdla, chiplant tos les quinze jous. Redacteur en chef : Edmond
ETIENNE. Parait a Jodoigne, 21, Marche'-aux-Vaches ; 2® annee. Un an, 3 fr.
Six mois, 1 fr. 75. Un n° : 10 centimes.
Li Clabot, hiltant totes les samaines. Redacteur en chef rThe'ophile Bovy.
Lie*ge, 201, rue de Hesbaye; 2* ann^e.Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr.75. Un n<> : 5 c.
L'Aird!6, journal wallon Itihant tos les qwinze jo&s, Directeur : Jean BURY.
Lie'ge, rue St-Gilles, 67 ; Ire annee.Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc.Un no : 5 3.
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WALL ON I A
Kecueil mensuel de
LITTEEATURE ORALE
CROYANCES & USAGES TRADITIONNELS
FOND* PAR
O. Colson, Jos. Defrecheux & G. Willame.
Paralt le 13 de chaque mois en une livraison de seize pages
au moins, ornee de dessina inedits. Publie des Etudes, relations,
documents et notes de folklore wallon, notamment des chansons
avec les airs notes et des textes originaux de tous les dialectes
wallons avec la traduction fran9aise.
Adresser toutes communications a M. 0. Colson,
rue de Campine, 184, Li6ge.
Abonnement annuel : Belgique, 3 francs. — Etranger, 4 francs.
Les nouveaux abonnes re9oivent les n ,rt parus de l'annee courante.
Un num6ro, 30 centimes.
OUVRAGES RECUS.
La Hose de Roux-Mlroir, comedie en un acte (approuvee par le comite
de lecture officiel des ouvrages dramatiques en francais),par EdrnondETIENNE.
— - Jodoigne, Pesesse-Masson, editeur. Prix : fr. 0,75.
Le Rdse de Roux-Miro6, par le menie ; traduction du precedent ouvrage
en dialecte de Jodoigne. — Ibid. Prix : 0,75.
Aus der Wallonie, von Leo ZELIGZON, oberlebrer am Lyceum zu Metz.
— Brocb. in-8o carre de 28 p. — Metz, impr. de la Lothringer Zeitung. 1893.
Dictionnaire des spots ou proverbes wallons, par Jos. Dejardin.
Li6ge, Vaillant-Ciirmanne, 2® $d. 1891-92.— 2 vol. in-8o, prix 6 francs.
Un vieux rite medical, par H. GAIDOZ. — Paris, Eug. Holland, 1892. —
1 vol. in-8<> ecu, prix 4 francs.
Recherches ethnographiques sur la salive et le crachat, par
Cam. de MENSIGNAC— Bordeaux, A. Bellier et 0, 1892.— Brocb. in-8°.
Vocabulaire de noms -wallons danimaux, par Jos. Depekcheux.
— Li^ge, cbez l'auteur, 88, rue Bonne-Nouvelle.— 1 vol. in-8<» ill., prix 8 fr.
Det prcsnes de 11. Vaillant-Carmanne,
rue St- Adalbert, 8, Liege
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NUMERO 11.
/ 13 novembre 1880 treize.
L^jP^
-Li-**-
WALLONIA
RECUEIL MKNSUFX DE
LITTERATURE ORALE
CROYANCES ET USAGES TR AD IT I ON N ELS
SOMMAIRE !
Nenelle
Les chansons, veyez-ve, mi feye,
les veye, surtout, avou Itus sots rimai,
hont todis pleinlcs di r'mostrancc...
• Henri Simon. Li Mcure Poye, a. 1, *e. 1.
VIEUX AIRS DE DANSE.
Passe-ptd, NovUUU, Maklotte, six
airs notes, recueillis par .... Henri Simon.
CONTES FACETIEUX.
III. Dihes-P aufmint ....... Henri SIMON.
LE JOUR DES ROIS.
V. Chansons ' mete a Esneux (cinq
airs - . Henri Simon.
chansons i airs notes.
I. Voici i*. - ' , d'avril...
II. Or, adieu . la belle...
III. Le niari trop v. ux...
IV. Mon pere m'a ichete un bois . . Henri Simon.
NOTES ET ENQUE^ 4
LIEGE
AUX BUREAUX DE
184, rue
PRIX D ERC
fr. 0-30
w BRUXELLES
LlBRAHslE DE VOffice de Publicitt
J. LEKKGUE & C'«
rue dc la Madeleine, 46
PARIS
LlBRAIHlE HISTOIIIOCE DES PROVINCES
Em. LECHEVALIER
quai ties Grands-Augustinj, S9
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NOTES
1. La personne qui nous a fait, le 22 octobre dernier, un
envoi anonyme, est pri£e de se faire connaitre.
2. Une nouvelle serie de quittances d'abonnement sera mise
en reeouvrement la semaine prochaine. Pri&re aux interesses de
leur r^server bon accueil.
3. Malgre 1'avis aux facteurs des postes , insert d'une
mani6re permanente sur les fardes de la Revue, il nous revient
que des numiros arrivent en mauvais etat. Lorsque le cas se
presentera desormais, nos abonnes nous obligeraient en refusant
Tenvoi, et en faisant insprire le motif de ce refus, par le
facteur, sur la farde nieme. Le n° sera remplace et, sitot en
possession de Fexemplaire refuse, nous ferons le necessaire pour
que pareille irregularite ne se presente plus.
Voir a la quatritone page de la eouverture la liste des outrages refus,
et a la 3* page Vannonee des Tablettes et du Tbanchet.
Librairie Edouard GNUSE
I.lfiGE. rue Pont-d'He, 51, LltiGE.
ABONNEMENT A TOUTES LES REVUES
BKLGKS & iVTRANGftltES.
LIBRAIRIE ALLEM/tWOE & AMGLAHE
Depot de Wallonia, de Florial, du Riveil, de la Bevu* Blanche, etc.
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VIEUX AIRS DE DANSE.
airs que voici ont ete communiques a M. Henri
>imon par M. Servais, natif de Betgne, petit village
ntre Esneux et Lince. Ce venerable vieillard,
ui fut men^trier pendant de longues annees, a
onserve, malgre ses quatre-vingts ans bien sonnes,
3 souvenir alerte et la main sure. Sa copie est tr&s
laire et il n 7 a pas hesite sur une seule note dans la
transcription de son ancien et joli repertoire.
La premiere de ces danses, le Passe-pied, se jouait de la maniftre
suivante : d'abord, une fois « pour rien » la premiere moiti6 ; imm6-
diatement apr6s, reprise de cette moitie et commencement de la
danse ; puis deux fois la seconde reprise, puis quatre fois le tout.
De ces airs bien faits pour etre facilement retenus, le cinquieme
surtout fut populaire ; sa premiere phrase se retrouve souvent dans
les rimettes et couplets des enfants a Liege et aux environs, sous
une forme plus ou moins exacte et complete. On connait cet air par
exemple a Huy, ou les jeunes filles le r6petent sur les paroles sui-
vantes :
Bonjour, belle voisine
Comment vous portez-vous ?
Vous fait' deja la mine
Dite8-moi qu'avez-vous ?
Je n'ai point vu mon amant c' matin ,
C'est lui qu'est cause
C'est lui qu'est cause
Je n'ai point vu mon amant c' matin
C'est lui qu'est cause de tout mon chagrin.
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194
WALLONIA.
Les danses que M. Servais nommait u allemandes " et que nous
intituloiis comme en wallon novellite « nouveaut6 », doivent etre
plutot des contredanses ; on ne connait, sous le nom d' u alle-
mandes " que des compositions en quatre,
trois, ou deux temps binaires, tandis que la
contredanse, qui exige, comme celles-ci, un
mouvement assez vif, est ordinairement me-
suree a six-huit, quelquefois a deux-quatre, et
fort rarement k trois-quatre. On sait d'ailleurs
que la contredanse, qui semble etre d'origine
anglaise, n'a et6 introduite en France qu'au
XVHI° siecle, sous la Regence ; et les airs
ci-dessous datent tout au plus de cette epoque.
Quant k la danse des maklottes, litteralement « danse des tetards, »
je ne sais qui m'a suggere que ce doit etre u la matelotte ". J'ignore
ce qu'il peut y avoir d'exact dans ce fait ; Fetymologie est tentante,
mais il faudrait des renseignements confirmatifs au point de vue du
rythme et du mouvement. 0. C.
Allegretto.
I
i^s
1. — « Passe-pid »
^
m^m
^I feB^ iii
-f-T
||iiip£|ipl3l
it
fcK
ps
-p—1
rJ^zz
zsEE
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D. C.
2. — a Passe-pid d.
^
Allegretto.
^^
#^
-TCZIX
v— h — a-
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WALLONIA.
195
^^m mgm^^^
^E^g ^i^^^f^^^
fe —g" *^ f-g- r:
^^^^ =&t=m
%^^gm^ ^r$F£m ^
•* 0. C.
3. — «NoveUit6».
H
Itf
Allegro.
^ ^^ ^ Z ^ E ^ = FR ^ ^ ^
1=
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^ ^Hi ,= ^g^p ^
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T* • . +-
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Z=F*^
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Allegro,
4. — «Novellit6».
$^^=^
/>. c.
^
=E=y=fc=y
BE
S=g^Ff^
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3^es
S
£S
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196
WALLONIA.
*-#-#-
P^E pFf F^^g ^
£^£ g
-a — * F #-g-
++-+
^-fir
=t=F
o. c.
5. - «Novellit6 ».
$i
S
4= ^
^=fe£^S
r-fi- i* • f
^=^=*=*=
±= 5=M j:
rfc^rfci
S3
B^
^^^^^^S^P^
.-_*££
0. c.
6. — o Maklotte*
#^m^Hllii|
g&^^^^^
*E&
-•^r+-*T*-r
■0 p f # f" »
g^k§.in^^^p^
Henri Simon.
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WALLONIA.
197
CONTES FACETIEUX.
in.
DIHEZ-L' a ur mint i
I-gn-aveu V fe"\e on pHit valet qui
8'mame aveust-tvoii qwbri on sti cFfa-
renne hnon Pmartchand.
Et cotnme i rCesti nin fwer ritche,
li feume sohaita qu'hl pllce d'onque
Innl v'nasse deux.
— Hie ! mame, di-st-i V gamin.
Poqwh d'Mve goula ?
— Pasqui vcLreH bin mix.
— Oho ! dfM dirb bin ossi !
— Awl, fa rlpUer goula.
Qa fait qui Vgaminreplta tot dh Ion :
« El pllce d'onque qu'lnnl vinse
deux! El plice d'onque qu'lnnl vinse
deux /... »
So ses vote, i rlscontra on berdji
qu'aveut on leup (Vvins ses mouton.
— El piece d f onque qxienne vinse
deux!... o
— Qui l-ce, valet, qui v's a fait dire
ainsi ?
— CTl m'mame.
— Oho ! bin, vareti mix de dire:
« Qui Pdiale Vlpwltte ! »
Et li pHit valet rlpeta co goula !
Vochal quH resconteur ine Iterr'mint.
— Qui Vdiale Vlpwltte ! Qui Vdiah
Vlpwltte /...
Les djin qui stivit Vlterr'mint pinsi
qyC c'lsteu po V mwer quH (Theve
goula.
I It dlri qu'i vdreu mix de dire :
« Qui Vbon Diu die si dme /...>»
II y avait une fois un petit garcon
que sa mere avait envoy£ chereher
un setier de farine chez le marchand.
Et comme ils n'e'taient pas fort
riches, la femme souhaita, qu'd la
place <Tun il en vint denx.
— Tiens ! mere, dit le gamin. Pour-
quoi elites- vous cela ?
— Parce qu'il vaudrait mieux.
— Oho ! je le dirai bien aussi.
— Oui, faut r^peter cela.
Qa fait que le gamin rep^ta tout du
long : a Au lieu d'un qu'il en vienne
deux ! Au lieu d'un qu'il en vienne
denx !... »
Sur son cherain, il rencontra un ber-
ger qui avait un loup dans ses moutons •
« Au lieu d'un qu'il en vienne
deux ! »
— Qui est-ce, garcon, qui vous a
dit de dire cela ?
— C'est ma mere.
— Oho ! Eh bien, vaudrait mieux
de dire : « Que le diable l'emporte ! »
Et le petit garcon repela encore cela.
Voici qu'il rencontre un cnterrement.
— Que le diable Temporte ! Que le
diable l'emporte !
Les gens qui suivaient le cortege
pensaient que c'^tait pour le mort
qu'il disait cela.
Ils lui dirent qn'il vaudrait mieux de
dire : « Que le bon Dieu ait son ame !...»
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198
WALLONIA.
Et Vvalet rbpbtta : o Qui Vbon Diu
die si dme !... n
Vola quH rbscontetir ine hotnme qui
hbrtchive ine crbveie biesse.
— Qui Vbon Diu die si dme !
Vhomme pinsa qu'c'esteu po Vbibsse
quH cVhe've goula.
1 li dbri quH valleve mi db dire ainsi :
« Puf! quelle pbsse ! »
Et V gamin continua a* vote tot br&iant:
« Puf! quelle pbsse ! '... »
Vola quH rbsconte&r on maribdje.
— Puf , quhlle pbsse !
Les djin db Vndce pinsi qu'c'bsteu
por Vmarieie quH cVheve goula.
Hi dbri quH vdreu mix db dire ainsi :
« Qui n' polbt-blles bnnb fer tote
ottant! »
Et V gamin s'metta-st-d braire tot db
Ion db Vvdie : « Qu'elle bnnb fbsse tote
ottant /... b
Vola qu r i rbsconte&r ine mohonne
qui broftltve.
— Quelle bnnb fbsse tote ottant !
Les djin qu'ovrit & distinde li feu
pinsi qu 1 c'bsteu po les mohonne quH
(The've goula.
I li dbri qu y i freut bin mix db dire
ainsi : « QuH distinde bin vite /... QuH
distinde bin vite!... »>
Et Vgamin 'wn' alia tot breiant :
u QuH distinde bin vite !... »
Vola quH rbscontefir ine feume qui
tchafeve si for.
— QuH distinde bin vite !
Li feume pinsa qu'c'bsteu por s'for
quH d'heve goula.
Elle dbri quH freut bin mix db
dire ainsi : « QuH seine todis pus
ichaud! n
Et Vgamin 'nn' alia tot rbpbtant :
« QuH seule todis pus tchaud ! n
Et le gar9on repdta : « Que le bon
Dieu ait son ame!... »
Voila qu'il rencontre un bomme qui
trainait une bete morte.
— Que le bon Dieu ait son ame !
L 'bomme pensa que c'&ait pour la
bete qu'il disait cela.
II lui dit qu'il valait raieux de dire
ainsi : « Pouab ! quelle peste ! n
Et le gamin continua son chemin en
rep&ant : a Pouab ! quelle peste !... »
Voila qu'il rencontre un « mariage » .
— Pouah ! quelle peste !
Les gens de la noce pensaient que
c'^tait pour la mariee qu'il disait cela.
lis lui dirent qu'il vaudrait mieux
de dire ainsi : « Que ne peuvent-elles
en faire toutes autant ! »
Le gamin se mit a crier tout le long
de la route : « Qu'elles en fassent
toutes autant !... »
Voila qu'il rencontre une maison
qui brulait.
— Qu'elles en fassent toutes autant!
Les gens qui travaillaient a dteindre
le feu pensaient que c'&ait pour les
maisons qu'il disait cela.
lis lui dirent qu'il ferait bien mieux
de dire ainsi : « Qu'il s'^teigne bien
vite !... Qu'il s'^teigne bien vite !... o
Et le gamin s'en alia en criant :
« Qu'il s'eteigne bien vite !... »
Voila qu'il rencontre une femme
qui cbauffait son four.
— Qu'il s'eteigne bien vite !
La femme pensa que c'e*tait pour
son four qu'il disait cela.
Elle dit qu'il ferait bien mieux de
dire ainsi : « Qu'il soit toujours plus
cbaud ! »
Et le gamin s'en alia en rep&ant :
« Qu'il soit toujours plus chaud ! »
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WALLONIA.
199
Vola quH rlsconte&r on pHit valet
qui soffleve so on boquet d'feutc po
Vrifreudi et po Vmagrii.
— QuH settie todis pus tchaud !
QuH seuxe todis pus tchaud /...
— Hat Id ! valet ! di-st-i Vaute.
Qui l-ce qui fa fait dire coula ?
— CPe m'mame.
— El bin, fci dire d tfmame : « Si
fhl vout dfmanire y fais-V ti minme ! »
Et V gamin 'nne* ralla tot pres di
surname.
— Et li sli d'farenne, wisse h-st-i ?
di-st-elle, Uie.
— Si Vll vout & t'manire, fais-V ti
minme ! di-sti, lu.
Qa fait quHl attrapa W fameuse
dopin-ne !
Et vHa Vfdve fou
Kak! so Vsou!
Vos magnWez Vhdgne
Et mi Vou !
Voila qu'il rencontre un petit gar-
con qui soufflait sur un morceau de
foie pour le refroidir et le manger.
— Qu'il soit toujours plus chaud !
Qu'il soit toujours plus chaud !...
— He ! gareon ! dit l'autre. Qui
est-ce qui t'a fait dire cela ?
— C'est ma mere.
— Et bien, faut dire k ta mere : « Si
tu le veux a ton gout, fais-le toi-meme!»
Et le gamin s'en alia tout pres de
sa mere.
— Et le setier de farine, ou est-il?
dit-elle, elle.
— Si tu le veux a ton gout, fais-le
toi-meme ! dit-il, lui.
(^ a fait qu'il attrapa une fameuse
rossade.
Et voila la fable finie.
Pan ! sur le seuil !
Vous mangerez locale
Etmoil'ceuf!
Cdnte* par M ,,e Josephine Thomas, d'Esneux qui tient le re'cit de sa mere.
Henri SIMON.
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200
WALLONIA.
LE JOUR DES ROIS.
v.
Chansons de qudte, & Sprimont.
Premidre.
Alleoretto.
m
v
*
^^^^
^£
$
S3
Bonne nute, bi- na-m^'ie vwe- senne, Ac- co- rez po v'ni hou-
^
^£
3=Tz=£^=3
ter. C'e les ci d'l'anndie pas- s&'e Qui vVine-st-e- co r'tro-
ver. Nos es- tans des mi- li- taires Qui s'ont stu pre- ci- pi-
I^^^E=ppp5=i
ter. Nos rim'- nans di d'vin nos maisses. C'e po v' vi- ni
^^3^^^ s=m
re- ere- ier. C'e po v'vi- ni re- ere- ier.
1. 1.
Bonne nute, binameie vvolzhvne
Accorez po v'ni houter,
Ch les ci <T Van-neie passeie
Qui v' vinl-st-lco rHrover
Nos Istans des militaires
Qui 8*ont stu precipiter,
Nos rim'nans di d'vins nos maisses,
C&po v* vini recr&ier (bis).
Bonne nuit, bien-aimee voisine,
Accourez pour venir ecouter,
Ce sont ceux de l'annee passee
Qui viennent encore vous retrouver.
Nous sommes des militaires (?^
Qni ont et6 se precipiter (?)
Nous revenons de chez nos maitres
C'est pour venir vous recreer (bis).
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WALLONIA.
201
2.
Redoublez dans vos largesses,
Et vos generosites :
Avonz-nos V bonne grosse p&ce,
Dh lardy ou bin dl salt,
Di Vdrdjint, c'£ bin tot T min-me,
Dh V sacisse, ou dk djambon
Nos v' 8ohaitan8 W bonne an-nete
Et tnV et viv' les bons gargons (bis).
2.
Redoublez vos largesses,
Et vos ge'ne'rosites :
Envoyez-nous une bonne grosse piece ,
Da lard, ou bien du petit-sale*,
De l'argent, c'est bien dgal,
De la saucisse, on da jambon,
Nous vous soubaitons la bonne anne'e
Et viv* et viv* les bons gar cons (bis).
COUPLET DE REMERCIEMENTS.
Allegro ma non troppo.
m
=*=*=
fcjfc&^
=*=*
±Z=ML
Be-mer- ci- ons qui est ge- ne- reux Et en me-
^3 £3f^^ & 3=33m& *^
moir' sou-ve- nons de nous deux. Nous somm' des gar- 90ns, n'en dou-tez
point, A fair* du plai- sir a notre pro- chain
4q
A une autre oc-ca-
sion. Nous nous re- ver- rons Et en m6- moir' nous au- rons.
Remercions qui est gen6reux
Et en memoir* souvenons denous deux,
Nous somm' des garijons, n'en doutez point,
A fair' du plaisir k notre prochain
A une autre occasion
Nous nous reverrons
Et en m6moir' nous aurons.
Airs notes par M. Th. STEIVA Y.
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202
WALLONIA.
Deuxidme.
i^a^
^s
*=p=
=*=?
^—^-
Bonn' nute et bonn' san- te, C'6-st-ouie li jou di nos re- cre'i-
seseS
m^ELm^^
m
er. Nos es- tans chal in 1 ki- pa- gneie Nos e- ga-djans vos djd-nes
5e3
:{$=:.
fe'ie. Ciste e- gadj 1 mint c'e-st-ine on- hai, Qui hu- fel-
N^^^gE^E!E^g
re lisquei air qu'on v6- ret.
Bonn 1 nute et bonn 1 sante,
Cl-8t-oftie li djou di nos recrier.
Nos estans chal ine kipagnttc,
Nos Zgadjans vos djonh ffte.
Ciste hgadfmint c'l-st-ine ouhai
Qui hufhlrl lisquei air qu'on vorbt.
Bonne nuit et bonne sante*,
C'est aujourd'hui le jour denous recreer.
Nous sorames ici une compagnie,
Nous engageons vos jeunes filles.
Cet engagement c'est un oiseau
Qui sifflera Pair qu'on voudra.
Air note* par Th. STEIVAY.
Troisidme.
h
^^^ ^ g aa g gggia ^
I
Bon- jour, rami, Nous ve- nons i-ci Pour t'offrir un instant de plai-
$
1=$:
-» r
5eeoee^5e^:
m
-#-—#-
z?=X
^?=Sr-
sir. Ac-cou- rez, jeunes fil- let- tes, E-cou- tez ces gais chan-
$
fc
£^$eZ
3e£
*=*;
*=£=*=*
-# — r-
teure. Ap-por- tez i- ci Jambons et rfl- tis, Nous les
3
3^S
3E
*s-
re- ce-vrons a- vec plai- sir.
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203
WALLONIA.
Bonjour, Tami,
Nous xenons ici
Pour t'oflrir un instant de plaisir.
Accourez, jeunes fillettes,
ficoutez ces gais chanteurs.
Apportez ici
Jambons et rotis,
Nous les recevrons aveo plaisir.
COUPLET DE EEMERCIEMENTS.
h
*EfB
— 1
m
i±
Tchan- tans tos po r'mer- ci Ces bra- ves djin,
-w-
Et-z-
?^#^^ft i^ ^=^P^^^=g
acwer-dans nos vwe A-z in-stru-mints. La qui n's i-rans fer l'fri-
fe±3&^^^^^g^^M
cot, Nos di- rans bai-c6p d'bin dVos Et n* dl- rans : A-diet,
m£^l
djisqu'a d'vins ine an.
Tchantans tos po r'merci
Ces braves djin,
Et-z-actohrdans nos vwh
A-z in8trumint8.
Ld qui n'8 trans fer Vfricot,
Nos dirans baicop d? bin d 1 vos,
Et n' dirans :
Adiit, djisqu'd <Fvins ine an!
Chantons tous pour remercier
Ces braves gens,
Et accordons nos voix
Aux instruments.
La que (ou) nous irons faire le fricot,
Nous dirons beaucoup de bien de vous,
Et nous dirons :
Adieu, jusqu'a Tan procbain!
Henri Simon.
...-^p : -..
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CHANSONS.
I.
Void le joli mois d'Avril...
Moderato.
3fe
m
*
p^
■0 » f-\-f^~ * t* ^h
I
Voi- ci le jo- li mois d'Avril, Mon cher a- mant va re- ve
> f * f ~3 E
£
X=i
3E3E
-\t-U-\t-
H=
« Bon-jour, la bel- le,
a- vez-vonsbiengar-
jH^^^^^g ^r g^fir^ ^t
de" Nos a-mou-
ret- tea
du jo-li temps pas- se ? »
— Oh oui, oh oui, mon cher ami !
Je vous 1'avaiB ton jours promis...
De vous attendre avec fidelite*,
De vous reprendre quand vous revienderez. n
« Laissons les faire, laissons les parler,
Nous ne cesserons pas de nous aimer.
La jalousie regnera-t-ell 1 toujours ?
Malgre 1 l'envie, marions-nous un jour. »
Fragment ctaantd par M lle Jos. Thomas, d'Esneux, qui le tient d'une tante, laquelle aurait
85 aus.
Air note par M. Th. STBIVAY.
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i*
Allegro.
m
WALLONIA.
II.
Or, adieu done, la belle
205
«cft
-m—m—m-
i=*=FF=*
m
t=&
t£
g=g # g .
Or adieu done la belle, or a- dieu mes amours, Je m'en vais
p&f? *zh &gmggm!E*m
dans la guerre e'est
m=±
*:
pour tou- jours Pre-nez mon
£&&£
=±
*q
M
«=
5PI
ra- de pour votre 6- poux, Aujourdhui
je m'en- ga- ge, con-
m^m
lez- vou8, Con- so- lez- vous.
2.
Auriez-vous le courage de m'abandonner,
De me laisser seulette a soupirer ?...
Tu tiens mon coeur en gage et aussi mon bonheur
A present tu t'engages, amant trompeur,
Araant trompeur.
3.
Ob ! ma bonne voisine ! oh ! ma bonne voisine !
Venez me consoler, car je suis d&aissta !
Mon papa me chagrine dans mes amours,
Mon amant m'abandonne, e'est pour toujours,
C'est pour toujours.
4.
Le jour de son depart, oh ! il a bien passe*
Trois fois devant ma porte sans y entrer,
Moi qui etais honteuse de l'appeler,
J'ai regarde d'travers mon bien-aime"
Mon bien-aime.
Chants par M 11 ? Jos. Thomas, qui la tienl de feu M me Thdatre, d'Esneux, laquelle aurait
77 ans.
Air note* par M. Th. STBIVAY.
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206
WALLON1A.
III.
Le mari trop vleuz.
i
Allegretto.
w
£pJ^EJE
Mon pere m'a ma-ri- 6e A l'a- ge de quinze ans. II
i
^
3:
*=*—
r=f=P
z±=£l
4 — •-
:£
m'a don- 116 an homme Qui a bien quatre-vingts ans. Et
i
1=
^m
*
moi, jeu- ne fil- lette, Com- ment passer mon temps ? Com-
=*
=t
ment passer mon temps ?
2.
L' premier jour de mes noces,
Avec lui m'en vais coucher.
II m'a tourn^ 1' derriere
Et m'a poussee hors du lit !
Et moi, pauvre fillette,
Comment passer la nuit ? f
3.
Le lendemain matin
Chez mon pere je m'en vais :
« Bonjour pere, bonjour mere,
Tous les beaux jours sont pour vous !
Vous m'avez donn6-z-un homme
Qui n'est pas de mon gout * ».
— Prends courage, ma cher' fille
Ton mari, '1 est bien malade.
C'est un gros rich' marchand
Et je crois qu'il en mourra,
Et vous serez h6ritiero
De tout ce qu'il aura.
— A quoi sert tout's les richesses
Quand les plaisirs n'y sont pas !
J'estim'rais mieux un homme
A mon contentement,
Que toutes les richesses
De ce vieux riche marchand. »
Chan tee par M ,le Jos. Thomas, qui la tient de feu M roc Theatre, d'Esneux, laquelle aurait
77 ans.
Air not6 par M. Th STBIVAY.
(*) [Var. d « Moi je lui tournais le d'vant » ; /*« comment passer mon temps ». — 0. C.
(*) [Var. /. « Qui ne vaut rien du tout ». — 0. C.J
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WALLONIA.
207
IV.
Mon p&re m'a achet6 un bois.
Allegretto.
&=*=*
m ^=^^ m^=m^m
Mon pere m'a-t- a-che- t6- i- un bwts, Pingn 1 pingne & rou- bi-
(bois)
EE^g ^E^j ^^Jp^j
nef, Ou qu'il n'y crb-het que des
(croissait)
^^^^^
nu>2-2, Dea ber- lik, des ber-
(noix)
■jf=p^(
&f^n
lok, Pingn 1 pingne b nik- e" nok pingn 1 pingne & rou-bi- net.
2.
J'en cueillisquat'J'en mangeai trois,
Pingn 1 pingne I roubinet
Je fus malade au lit trois mois,
Des berlik, des berlok,
Pingn 1 pingne I nik I nok,
Pingn 1 pingne d roubinet,
8.
Je fus malade au lit trois mois,
Que tous lo8 voisins y venaient.
4.
Que mon amant point n'y venait,
Je l'ai fait appeler trois fois.
5.
A la quatrieme il y venait.
— Avez-vous chaud, avez-vous fro id?
6.
— Je n'ai pas chaud, car j'ai bien froid
Tapez votre manteau sur moi.
Votre manteau double de soie,
De vos deux pieds rechauffez-moi.
8.
De vos deux yeux regardez-moi,
De vos deux bras embrassez-moi.
Mon pere m'a-t-achete^i-in bwes.
Des berlik, des berlok,
Pingn 1 pingne h nik I nok,
Pingn 1 pingne I roubinet.
Chante* a Lined par Marie Grignard, agee de 78 ans ; elle tient la chanson de son pere
qui aorait 147 ans. — Nous avons essaye* de rendre, surtout dans le premier couplet, la
prononciatton vieillotte de notre chanteuse ; on tiendra compte, dans la lecture des couplets
suivants, que lous les mots en « oi » gtaient dits • we *. — Le premier vers de la 2 e strophe
et les couplets 7 el 8 out tftc* ajoutte a notre fragment, d'apres le Recueil d'airs de crdmignons
in-8°, Lie*ge, 1870; cet ouvragc donne, p. 95-103, cinq melodies toutes diflerentes de la notre.
Henri SIMON.
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208 WALLONIA.
NOTES ET ENQUETES.
26. Les JoueUd'enfuntt. — Notre aimable collaborates M. Louis
Detrixhe, de Stavelot, vient de nous envoyer, avec d'autres documents du plus
haut interet, la description complete de certains jouets que les enfants fabri-
quent eux-mtoes. Nous prisons fort ce genre de documents dont l'originalite'
se laisse facilement deviner. II est desirable que nos amis recherchent ces
petits objets curieux et en fassent profiter la revue ; on pourrait 6tablir a la
longue un petit musee ou chaque nume" ro porterait le nom de l'exp^diteur, avec
le lieu d'origine et la nomenclature locale. On peut envoyer par la poste des
jouets et autres choses de meme genre dans des boites ou des enveloppes de
carton ou de papier fort remplies d'ouate — avec la formule a echantillons
sans valeur » — a condition que les ficelles soient incompletement nouses et non
cachet£es. II serait utile de profiter de la « recommandation postale o (taxe
fixe de f. 0,25 par envoi). Inutile d'ajouter que si on le desire les frais d'exp^di-
tion seront remboursds.
27. Contre la rage. — En rangeant les archives qui se rapportent a la
creation de l'Hospice Saint-Charles, a Spa, M. Sera, secretaire communal en
cette ville, a decouvert un vieux registre ay ant appartenu au docteur Cocquelet
et datant de 1668. Ce registre contient une note manuscrite en francais qui
montre comment les praticiens de Spa combattaient la rage il y a deux cents
ans.
M. Sera a 6t6 assez aimable pour nous faire une copie exacte de cette note,
et voici le texte, auquel nous ajoutons la ponctuation necessaire :
Remtde infaillible contre la morsure (Vun chitn enrage.
« Prene^ 6 onces de Rue, netoyee et pil^e ; de 1' Ail Ecosse" et brize ; du
» Theriaque ; du fer blan ou estain rape^ de chacun 4 onces, faite bouillir le tout
» sur le feu dans deux pintes du meillieur vin blan, pendant une heure;
n ensuitte pressez dans une serviette et don6 de cette decoction chaude : 8 a 9
» cuiller^es suffisent pour home ou feme, trois matin de suite, ajeun. Et
» froide aux Betes : 10, 11 ou 12 suffisent a un beuf, un cheval ; 8, 4 ou 5 pour
» les brebis, cochons ou chiens.
» II faut le doner dans l'espace de neuf jours apres la morsure, et cela est
» immanque, tant pour les hommes que les bestes. On peut aussi appliquer le
)) marc sur la blessure, mais il n'a jamais manqu6 sans le marc, n
M. Sera ajoute les titres du registre, ainsi formulas :
« Ce present registre appartenant a Mathieu Cocquelet de Spa 1668 —
maintenant a P. Cocquelet son fils 1674 — d6c6d6 Pan 1683. — Puis a
C. Cocquelet son frere — dec£d6 le 14 juillet 1722. » '
0. C,
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REVUES DE FOLKLORE ,
Melusine, recueil dc mythologic, litter ature populaire, traditions et usages
fonde par H. GAIDOZ et E. HOLLAND (1877-1887), et dirige par Henri GAIDOZ.
— Tome VI (1892-93). Livraisons bimestrielles in-4° de 1G p., dont4 de garde.
— Un an : 12 fr. 50 ; un n° 1 fr. 25.— Bureaux : 2, rue des Chantiers, Paris.
Revue des Traditions populaires, orgaue de la Societe, dirige par
Paul SfeBILLOT. — 8© annee; livraisons mensuelles 8<> de 48 a 64 pages avec
musique et dessins. — Un an : Belgique 17 fr.; pour les membr v ,s : 15 fr.;
un n« 1 fr. 25. — Bureaux : 80, boulevard St-Marcel, Paris.
The Journal of American Folk-lore, organe de la Society. Directeur :
William Wells NEWELL. — 6* annee ; fascicules trim, gd 8° de 80 p. — Un an :
4 sh,; pour les membres : 3 sh. — Bureaux : Cambridge, Mass., Etats-Unis.
Volkskunde, tijdschrift voor nedrrlandsche Folklore, dirige par Tol DE MONT
et Aug. GlTTEE.— 6® ann£e; livraisons mensuelles pet. in-8o de 16 p.— Un an :
3 fr. — Ad. Hoste, dd., Veldstraat, 49, a Gand.
Ons volbsleven, tijdschrift voor Taal, Volks- en OudJieidkunde. dirige
par Jozef CORNELISSEN et J.-B.VERVLIET. — 5« ann^e : livraisons mensuelles
pet. in-8° de 20 p. — Un an : 2 fr. 50. — L. Braeckmaus, «d., a Brecht.
Zeitschrift des Vereins flir Volkskunde. dirigee par Karl Wein-
HOLD. — 2« annee ; fascicules trimestriels grand 8« de plus de 100 pages avec
planches et grav.— Un an: mk. 12.-^Direction, Hohenzollernstr. 10, Berlin.W.
Langues et dialectes, revue trimestrielle, dirigee par Tito Zanab-
DELLI. f — 2® annee; livraisons 8° de 100 pages au moins. — Un an : Belgique,
10 fr.; Etranger, 12 fr.; un n<> 3 fr. — Bureaux : rue du P£pin, 19, Bruxelles.
Dania, tidsskrift for folkemal og folkeminder, dirigee par Otto JESPERSBN
et KristoffeT NYROP. — 2® annee ; livraisons trimestrielles in-12 de 100 p.
environ. Par an : 3Kr. — Bureaux : Amalieveg,4, Copenhagn.j.
Sezatoarea, revista pentru literatura si traditiuni populare , dirigee par
Artur GOROVEI. — 2* annee ; livr. mensuelles de 24 p. in-8<>. Par an : 5 lei.
— Bureaux a Folticeni (Roumanie).
JOURNAUX WALLONS.
La Marmite, gazette originate, paraissant le dimancbe. ll e annee. Editee
k Malines, Grand' Place, 28. Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un n» : 5 centimes.
1*1 Spirou, gazette des tiesses di ho'ie, vhyant V jou tos les dimegnes.
Hedacteur en chef : Alph. TlLKlN. Parait' k Ltege, rue Lambert-le-Begue. 7;
6« annee. Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un n° : 10 centimes.
Le Sauverdia, chiplnnt tos les quinzejous. Parait a Jodoigne, 21, Marche-
aux-Vaches; 2* annee. Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un n° : 10 centimes.
Li Clabot, hiltant totes les samaines. Eedacteur en chef :Theophile BOVY.
Lidge, 201, rue de Hesbaye ; 2® annee.Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr. 75. Un n<> : 5 c.
L'Airdie, journal wallon luhant tos les qwinze jous. Directeur : Jean BURY.
Liege, rue St-Gilles, 67 ; l*e annee.Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc.Un no : 5 c.
Les Tablettes wallonnes, journal hebdom. (illustre) d'art et de critique.
Liege, 51, rue Pont-d'Iie. l*e annee. Un an, 5 fr. Un mois, 0,50. Un n<> 10 c.
Le Tranchet, journal francais-wallon, democratique, critique et litteraire,
bi-mensuel. Liege, 208, rue St-L6onard. 1*« ann^e. 6 mois, 1 fr. 25. Un n° .10 c.
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WALL ON I A
Kmieil mensuel de
LITTERATURE ORALE
CROYANCES & USAGES TRADITIONNELS
FONDK PAR
O. Colson, Jos. Defrecheux & G. Willame.
Parait le 13 de'chaque mois en une livraison de seize pages
au moins, ornee de dessins inedits. Publie des etudes, relations,
documents et notes de folklore wallon, notamment des chansons
avec les airs notes et des textes " originaux de tous les dialectes
wallons avec la traduction francaise.
Adresser toutes communications a M. 0. Colson,
rue de Campine, 184, Liege.
Abonnement annuel : Belgique, 3 francs. — Etranger, 4 francs.
Les nouveaux abonnes recoivent les n°' parus de l'annee courante.
XJn numfcro, 30 centimes.
OUTRAGES RECUS.
Su T prumier bougeon d' l'etlelle, com.-vaud. en 3 actes (dialecte de
Tournai) d'apres On pid dins le strevlre de M. Edm. Etienne, par Pierre
BrUNEHAULT. — Tournai, Vasseur-Delmee. Prix 1 fr. 25;
I n'y a nou timpesse qui n' vinse & pont, com. en 1 acte (le*prix au
concours du Caveau Liegeois, 1892) par Clement DE0M. — Liege, Ch. Gothier,
rue St-Leonard. Prix 50 centimes.
Aus der Wallonie, von Leo ZELIGZON, oberlehrer am Lyceum zu Metz.
— Brocb. in-8° carre de 28 p. — Metz, impr. de la Lothringer Zeitung. 1893.
Dictionnaire des spots ou proverbes wallons, par Jos. Dejajodin.
Li£ge, Vaillant-Carmanne, 2© ed. 1891-92.— 2 vol. in-8<>. prix 6 francs.
Un vieux rite medical, par H. Gaidoz. — Paris, Eug. Holland, 1892. —
vol. in-8° ecu, prix 4 francs.
Recherches ethnographiques sur la salive et le crachat, par
Cam. de MENSIGNAC— Bordeaux, A. Beliier et Ci©, 1892.— Brocb. in-8°.
Vocabulaire de noras wallons danimaux, par Jos. Defrecheux.
— . Liege, cbez Tauteur, 88, rue Bonne-Nouvelle.— 1 vol. in-8<> ill., prix 3 fr.
Des presses de II. Vaillant-Carmanne,
rue St- Adalbert, 8, liege
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1JoLt+^ll,L
NUMERO 12.
13 decembre 1880 trei*.
WALLONIA
BECUEIL HKN8UKL DK
LITTERATURE ORALE
CROYANCES ET USAGES TRADITIONNELS
SOMMAIRE
CONTES MERVEILLEUX.
V. Les trois princesses J. Lens.
NOTES £T ENQUETES.
28. Blason populaire. 29. Une inscription
propMtique Jos. D.
30. Dictons rimes. 31. La chemise de
sorcier. 32. Le chant des cloches.
33. Les mots en ofile . . . . . O. C.
TABLE DES MATURES.
5)
LIEGE
AlX BUREAUX DE LA RtVUt
184. rue de Campine.
PRIX DU NUMERO
fr. 0-30
BRUXELLES
LIBRA 1MB I>E V Office de Public He
J. LEBfcGUE & O
rue de la Madeleine, 46
PABIS
L1BRAIR1E HISTORIQUE DES PROVINCE
Em. LECHEVALIER
quai des Grands-Augustius, 39
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A VIS.
Notre banquet.
Le samedi 13 Janvier prochain, les fondateurs de Wallonia
feteront le premier anniversaire de la Revue par un banquet, auquel
sont convies, des a present, tous nos amis. Une prochaine commu-
nication fixera le lieu de la reunion et le chiffi:e de Tecot. Les
adhesions seront re<?ues jusqu'au 10 Janvier.
Uno adresse
Les envois relatifs a V Administration de la Revue doivent etre
adresses, de preference, a M. Jos. Defrecheux, 88, rue Bonne-
Nouvelle, a Liege.
On est prie de l'informer, notamment, de tout changement
d'adresse. Les listes devant etre imprimees prochainement, il serait .
desirable de recevoir, avant la fin du mois, le texte exact des
adresses que les destinataires ont reconnu etre incompletes ou
incorrectes en manuscrit.
Voir a la quatridme page de la couverture la liste des ouvrages regus,
et a la 3 n page Vannoncc de li Nkure Poille et de la Rivista
italienne.
Librairie Edouard GNUSE
LI^GE, rue Pont-d'Ile, 51, LIEGE.
ABONNEMENT A TOUTES LES REVUES
BELCKS & tiTRAKGfrlES.
■ II*It/kI«IE ALLEIIAUDE A AI\<; l^IN*:
Depdt de Wallonia, de Floreal, du Reveil, de la Revue Blanche, etc.
Bureaux des u Tablettes wallonnes »
Journal hebdomadaire dart et de critique
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CONTES MERVEILLEUX.
v.
Les trois princesses.
l y avait une fois un vieux roi reste veuf avec trois
filles, les princesses les plus jolies du monde
en tier.
Un jour, le roi organisa une grande chasse avec
toufce sa cour dans le plus riche appareil, les
trois princesses, couronne en tete, resplendis-
santes de bijoux et de pierreries.
A Pheure fixee pour le repos, les trois princesses ne se trouverent
pas au rendez-vous. On fit les recherches les plus minutieuses, mais
on ne put decouvrir aucune trace de leur passage, et les chasseurs
durent revenir au chateau, plonges dans la plus grande desolation.
Aussitot de retour, le roi fit publier a son de trompe qu'il accor-
derait sa fille et son royaume a quiconque retrouverait ne fut-ce
qu'une seule des trois princesses.
Le lendeinain, des la premiere heure, un soldat se presenta a la
cour et obtint la grace de se mettre en recherches. On le fournit
d'armes et d'argent et le voila parti pour la foret lointaine on la
chasse avait eu lieu.
Apres de nombreux jours de marche, il s'arreta le soir dans une
auberge, but, joua et perdit tout son argent; si bien qu'il fut oblige
de mendier son pain.
Comme il se passait du temps, un autre soldat vint a la cour
solliciter la grace de se porter a la recherche des trois princesses et
de son camarade.
La permission obtenue, il se mit en route et, apres quelques jours
de marche, il rencontra le premier. Celui-ci, honteux d'avouer sa
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210 WALLONIA.
faiblesse, raconta qu'il avait ete arrets et depouille par une bande de
voleurs. Les deux kommes convinrent de faire route ensemble et
de partager la bonne ou la mauvaise fortune.
Un soir, ils arriverent a l'auberge ou le premier avait si malen-
contreusement joue et tout perdu. Apres avoir bien bu et bien
mange, ils se mirent a regarder jouer quelques voyageurs. Le
premier garde suggera a son compagnon l'idee de prendre part au
jeu, lui disant qu'ils auraient vite regagne ce que lui n'avait plus.
L'autre se laissa tenter, se mit a table et il ne lui fallut pas lontemps
pour se voir a son tour completement depouille. Ils se remirent en
route vers la residence royale, mendiant leur pain.
#
* #
Comme on ne recevait pas de nouvelles dang la capitale, un
chef-garde se presenta a la cour et obtint, comme les premiers, la
faveur de partir vor.s la foret lointaine. II ne tarda pas a rencontrer
les deux malheureux qui, reconnaissant un de leurs chefs, implo-
rerent son secours dans leur misere, et lui raconterent qu'ils avaient
ete arretes et depouilles par des voleurs de grand chemin.
Le chef accepta de les prendre avec lui, a condition qu'ils lui
obeiraient en tout comme au regiment. Ils le promirent et, a la ville
voisine, le chef leur acheta des armes et les rhabilla tout de neuf.
Un soir, ils arriverent a la fatale auberge ou ils avaient joue et
tout perdu. Ils s'y arreterent et, le repas termine, les deux soldats
essayerent de faire jouer leur chef comme ils avaient joue eux-
memes, esperant, disaient-ils, que celui-ci regagnerait ce qu'on leur
avait vole. Mais le chef ne se laissa pas tenter ; il leur intima Tordre
d'aller se reposer et de se tenir le lendemain prets a partir, car ils
n*etaient pas en route pour jouer et s'amuser, mais bien pour
accomplir leur devoir jusqu'au bout.
Le lendemain, les trois hommes se mirent en route de bonne
heure. A force de marcher, ils arriverent a la lisiere de la grande
foret et le chef resolut de commencer les recherches. Ils convinrent
de se separer le matin, de battre la foret chacun de son cote, et de
se retrouver le soir en un endroit convenu.
Pendant de longs jours, les recherches n^menerent aucun resul-
tat. Mais un soir que le chef, accable de chaleur et de fatigue, s'etait
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WALLONIA. 211
couche au pied d'un buisson, il per<?ut un bruit singulier... On aurait
dit d'une foule se precipitant en tuinulte dans un escalier....
Le bruit cessa tout a coup ; le chef relevant la tete vit non loin
de lui un etre etrange dont la vue le frappa d'etonneinent.
C'etait un horame, tout petit, tout petit, semblable a ceux dont il
avait deja entendu parler sous le nom de sotai. II n'avait pas plus
d'un pied de haut; une barbe fournie lui tombait jusqu'aux genoux.
Le chef se leva subitement, tira son sabre et le lan<ja vers le sotai
avec une telle adresse qu'il lui coupa la barbe au rez du menton. Le
sabre resta plante dans un chene contre lequel le petit Stre se trou-
vait appuye.
Malheureusement le sotai disparut sans que le soldat sut par ou
ni comment.
Le chef-garde explora l'endroit avec le plus grand soin et finit par
apercevoir, cache sous les herbes, un trou dans le sol; il y plongea
son sabre et si fort qu il etendit le bras, il ne trouva pas de fond.
De plus en plus etonne, le chef fit une petite entaille dans Fecorce
du chene afin de pouvoir le reconnaitre, il emporta la barbe coupee, a
laquelle adherait un peu de peau et il retourna au rendez-vous du
soir.
Arrive la, son premier soin fut de demander a ses soldats s'ils ne
connaissaient rien de nouveau : ils n'avaient rien vu — et c'etait
bien naturel, car ils resbaient couches toute la journee etne s'etaient
meme pas donne la peine d'aller a la decouverte !
* *
Le chef resolut d'explorer le trou qu'il avait decouvert et comme
il reflechissait la nuit, il se rappela avoir vu dans une certaine partie
de la foret un terrain marecageux ou croissaient des osiers en
quantite.
Le jour venu, les trois hommes s'y rendirent et couperent autant
de branches d'osier qu'ils pouvaient en emporter; puis ils tress&rent
une sorte de panier pouvant contenir deux hommes, muni d'une
laniere aussi solide, aussi longue que possible.
Le lendemain, ils se mirent en route et retrouverent le chene; ils
commencerent par elargir Touverture du trou ; le chef fit entrer un
homme dans le panier et le laissa glisser dans le trou a Faide de la
laniere : on lui avait donne pour instruction de secouer la corde des
qu'il voudrait remonter.
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212 WALL0N1A.
A peine le soldat fut-il descendu de quelqaes brasses, que la corde
fut secouee violemment; on remonta Thomme qui, tout effraye,
declara que le puits etait tout-a-fait noir et qu'on n'en voyait pas le
fond.
A son tour, le second fut envoye, mais, aussi poltron que le
premier, il n'y descendit pas plus loin.
Le chef se decida a aller voir lui-meme ; il demanda qu'on laissat
filer la cordejusqu'au bout, quitte a en faire davantage si cellela
n'etait pas longue assez pour lui permetbre d'atteindre le fond.
On le laissa descendre. Pendant longtemps, longtemps, il ne vit
rien; Tobscurite etait profonde; mais a la fin, il lui sembla apercevoir
un tout petit point brillant dansles profondeurs du puits; la lumiere
allait en grandissant et a la fin, quand il toucha le sol, il se trouva
devant un palais magnifique, eclaire de tous les cotes a la fois.
II se presente a la porte, personne ! . .
II entre, toujours personne ! . .
Le palais semblait abandonne. Notre chef traverse plusieurs
grandes salles richement meublees ; il voit une toute petite porte
entrouverte, la pousse et entre.
Un grand cri se fait entendre et quelle n'est pas sa surprise : Tune
des princesses, la cadette est devant lui !
« Malheureux, que venez-vous faire ici ?
— Je viens vous delivrer.
— Mais je suis en puissance des sotais. Aucune force humaine ne
pent contre eux. Fuyez ! . .
— Non, j'ai promisau roi votre pere de vous ramener vive, et je
veux accomplir ma promesse. Ou sont vos soeurs?
— Je Tignore : je ne les ai plus vues depuis que je suis enfer-
mee ici.
— Je les chercherai. »
Ace moment, on entendit un grand bruit : poufl ponf! pouf!..
comme de quelqu'un qui descendrait pesamment un escalier.
— « Malheureux ! le sotai descend comme chaque jour pour
demander si je veux etre sa femme. II vous tuera.
— Eh bien, qu'il me tue! Je ne puis retourner sans vous.
— II n'y a qu'une chance de nous sauver. Cherchez derriere la
porte ; il doit s'y trouver une arme en fer : c'est la seule qui puisse
blesser ces etres mysterieux. »
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WALLONIA. 213
Le chef referme la porte, s'empare de Farme, qu'il trouve extre-
mement pesante, mais qu'il parvient a soulever.
La porto s'ouvre, le sotai entve, l'arme tombe : il est mort !
Le chef s'empare de la princesse evanouie, la transporte dans le
panier, secoue fortement la corde et le panier revient au jour sans
accident.
Onjugerade Tetonnement des deux soldats, qui pensaient voir
revenir le chef !
Leur premier desir fut de savoir a qui devait echoir la princesse; et
sans songer a lui prodiguer les soins que reclamait son etat, ils
commencerent a disputer pour savoir lequeldes deux laram^nerait
au roi son p&re.
La princesse, reprenant ses sens, les supplia de penser a ses soeurs
qui se trouvaient encore dans le palais des sotais, et qu'il fallait
a tout prix delivrer. Pour mettre fin a toute discussion, elle declara
qu'elle ne voulait pas s'en aller sans elles. Ils se resignerent done
a faire redescendre le panier.
Pendant ce temps, le chef ayant vu la princesse disparaitre,
recommen9a les recherches.
Au bout d'un long corridor, il vit une porte semblable a la
premiere; il Pouvrit et se trouva en face de la seconde princesse qui,
a sa vue, muette d'effroi, semblait etre changee en statue.
— u Vite, dit le chef, vite, suivez-moi. J'ai sauve votre soeur
cadette. Savez-vous ou est Painee ?
— u Malheureux, prenez garde ! Vous etes chez les sotais. Celui
que j'ai refuse d'6pouser va venir, e'est son heure, et s'il vous
aper9oit, vous mourrez. „
Le chef regarde derriere la porte, voit une arme semblable a la
premi&re, s'en saisit et dit a la princesse :
" Comme j'ai delivre Tune, je sauverai l'autre, et la troisieme apres #
— Oh ! quant a ma scBur ainee, e'est impossible. Le roi des
sotais, ayant ete blesse au menton, a quitte ses appartements
et demeure toute la journee chez celle qu'il voudrait epouser. On ne
peut done penetrer chez elle. „
Danscet instant on entendit pott f '! pouf! pouf!... comme de quel-
qu'un qui descendrait pesamment un escalier.
Le chef se prepara et quand la porte s'ouvrit, 1'arme s'abattit et le
sotai tomba mort.
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214 WALLONLA.
Sans perdre un instant, le chef conduisit la princesse vers le
panier, tira la corde et le panier revint au jour avec son precieux
fardeau.
* #
Les deux homines d'en haut, attendaient, avec quelle curiosite,
vous pensez bien ! Aussitot la seconds princesse arrivee, pendant que
les deux jeunes filles au comble du bonheur s'embrassaient en
pleurant de joie, les soldats disputaient a qui reviendrait celle-ci ou
celle Ja avec le titre de prince royal. Elles eurent bien difficile de
les faire revenir au fait. Enfin ils laisserent encore descendre
le panier.
De son cote, le chef n'avait pas perdu son temps. Aussitot avait-il
vu la corde se tendre et le panier disparaitre, il etait revenu au
chateau, vers la chambre que la deuxieme princesse lui avait indiquee
et ouse trouvaient Tainee et le Roi des sotais. Marchant doucement,
sans bruit, il arrive a la porte et, l'oreille tendue, il entend des
ronflements sonores.
La porte entr'ouverte, il aper<;oit le sotai, couche sur les genoux
de la pauvre princesse, qui lui grattait doucement le sommet de la
tete. A la vue de ce visiteur inattendu, la jeune fille ne peut retenir
un mouvement d'effroi. Mais le chef jette un coup d'oeil derriere la
porte et saisit Panne qui seule pouvait etre employee. La princesse
jette un cri et fait un mouvement ; le Roi tombe et, avant qu'il ait
eu le temps de se relever, 1'arme du chef s'abat et le tue.
Aussitot le chef se fait connaitre et, se voyantdelivree,la princesse
ne peut maitriser son emotion, se jette dans les bras de son sauveur
et, pleurant de joie, lui dit qu'elle n'aura d'autre epoux que lui-meme.
Puis elle prend le chemin de ses soeurs et revient au jour.
Je vous laisse a penser quelle fete ce fut pour les trois soeurs
quand elles se virent reunies en bonne sante apres de si terribles
aventures !
Naturellement les deux hommes, oubliant tout-a-fait leur chef,
voulaient emmener les princesses. Mais les trois soeurs reconnais-
santes refuserent d'abandonner leur sauveur et exigerent qu'on
redescendit le panier. II fallut bien leur obeir.
Pendant ce temps, le chef visitait les chambres des princesses et
reprenait leurs precieux vetements, leurs couronnes eblouissantes
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WALLONIA. 215
de brillants, les plus beaux du monde, et mille joyaux dont il remplit
trois caisses enormes.
II traina les caisses vers le panier et voulut se placer a cote ; mais il
reflechit qu'alors le panier serait peut-etre trop lourd et il le fit
remonter tel qu'il 6tait.
II en attendait le re tour avec impatience quand tout-a-coup le
panier s'abattit a ses pieds.
Sans rien dire, les deux soldats avaient coupe la corde !
Grand desespoir des princesses, qui voulaient qu'on refit un autre
panier.
Les brigands leur firent comprendre qu'apres une aussi formidable
chute, le chef devait etre tue net, qu'ils perdraient un temps precieux
a se chagriner, que les sotais pouvaient venir les reprendre et
qu'alors e'en etait fait d'eux tous. Elles se deciderent a regret.
Mais avant de partir, les deux traitres obligerent les trois soeurs a
faire le serment solennel de ne pas parler de Paccident final et de ne
jamais reveler a qui que ce fut qu'ils n'etaient pas les seuls sauveurs.
Les malheureuses princesses durent bien faire le serment demande,
de peur d'etre abandonnees en ces lieux sauvages a la merci des
betes fauves.
Alors on se mit en route et, apres un bien long voyage, on arriva
dans la capitale.
Le malheureux chef, abandonne par les soldats au fond du puits et
peu rassure sur son sort, errait machinalement dans les apparte-
ments et cherchait vainement dans les arraoires de quoi apaiser sa
faim.
En ouvrant un tiroir, il vit entre autres objets precieux un tout
petit sifflet d'or, enrichi de diamants ; il le porte a la bouche et en
tire un son etrange et fortement aigu.
Aussitot, la chambre est envahie par une foule de petits hommes
barbus, criant tous ensemble : a Que voulez-vous, maitre ? Que
voulez-vous? »
Ce sifflet donnait a son possesseur le royaume des sotais !
Le chef ne perdit pas sa presence d'esprit et commanda un bon
diner, qui lui fut de suite apporte. Apres avoir mange son diner et
bu le vin, qu'il trouva des meilleurs, il siffla de nouveau et ordonna
qu'onle laissat seuljusqu'au lendemain.
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216 WALLONIA.
Apres s'etre repose sur un lit de fourrures, il dejeuna, se fit
apporter trois caisses remplies, Tune de vetements magnifiques,
r autre d'argent monnayeet la troisieme de diamants, rubis, saphirs
ei autres pierres precieuses. Ses ordres furent executes avec la plus
grande promptitude.
II demanda ensuite qu'un carrosse de grand gala avec cochers et
laquais vint le prendre avec ses richesses et le transportat hors do
ce domaine vers la capitale du roi son maitre.
*
* *
II trouva la ville pavoisee et les habitants en fete. Dans l'hotellerie
ou il descendit, on lui raconta que tous les sujets fetaient le retour
des princesses perdues depuis longtemps et ramenees par deux
humbles soldats; qu'ils les avaient sauvees au peril de leur vie et
qu'ils venaient d'etre proclames princes royaux, en recompense de
leur courage. On ajouta qu'il y aurait deja eu mariage sans le caprice
des trois princesses qui declaraient ne pas vouloir se marier si on
ne leur procurait des couronnes semblables aux diademes perdus
pendant la chasse. Malheureusement, on ne trouvait pas dans tout
le royaume de brillants assez grands et assez beaux, ce qui retardait
le mariage.
En apprenant des nouvelles si singulieres, le chef ne perdit pas
contenance. u Cela se trouve bien, dit-il. Je suis moi-meme joailler
et j'essayerai d'arriver a satisfaire les princesses. Preparez-moi un
atelier dans ma chambre et veillez que personne ne vienne me
deranger cette nuit ; car je vais me mettre a la besogne au plus tot. „
Pendant quelques soirees, notre chef passa son temps jusqu'a une
ou deux heures du matin a frapper sur son enclume, comme s'il
travaillait sans relache.
Le huitieme jour arrive, il prit la couronne de la princesse cadette,
l'enveloppa dans un riche mouchoir de soie brode d J or et la confia
a l'hotelier. Celui-ci raonta dans le carosse du chef, se rendit a la
cour et dit au roi que si cette couronne etait trouvee belle, on four-
nirait la seconde dans huit jours, a condition qu'on laisse le joailler
travailler en secret.
L'hotelier introduit devant le roi, s'agenouilla sur la premiere
marche du trone et presenta la couronne aux princesses. A peine
la cadette reconnut-elle les superbes pierreries qui lui appartenaient,
qu'elle soupira et s'evanouit. Tout le monde fut d'accord pour
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WALLONIA. 217
reconnaitre la beaute superieure du joyau et le roi dit qu'il atten-
drait la seconde couronne.
De retour, l'hotelier raconta au chef ce qui s'etait passo. Pendant
plusieurs soirees on entendit encore le marteau frapper l'enclume et,
au bout de huit jours, l'hotelier presenta au roi la seconde couronne
que le joailler 6tait cense avoir faite.
La seconde princesse reconnut de suite le joyau qu'elle portait
au depart pour la chasse, et Temotion fut telle qu'elle faillit perdre
les sens.
Le roi coramanda la troisieme couronne et Photelier lui dit que
le joailler deraandait la grace de pouvoir Tapporter lui-meme
aussitot qu'elle serait prete, ce qui fut accorde.
Huit jours apres, le chef se presenta a la cour, vetu d'habits
niagnifiques, dans son carrosse de grand gala.
A peine fut-il entre dans la salle, que l'ainee des princesses se
precipita vers lui et Famena pres du roi son pere en s'ecriant : u Le
voila, voila notre sauveur ! „
Les trois soeurs raconterent au roi tout ce qui s'etait passe dans
la foret, sans oublier le terrible serment que les deux indignes
soldats avaient ose leur imposer.
On arreta les deux traitres, le roi les fit comparaitre devant son
grand tribunal, et ils furent brules vifs.
Le chef, nomme prince royal, epousa l'ainee des princesses. On fit
des noces magnifiques, ils furent heureux et ils eurent beaucoup
d'enfants.
Cont^ k Li6ge par mon pere, il y a plus de cinquante ans.
J. Lens.
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218 WALLONIA.
NOTES ET ENQUETES.
28. Blncton populnlrc. — En rappelant au lecteur la demande relative
aux sobriquets locaux ou regionaux, (voir p. 24) nous prions nos amis de ne
pas negliger les historiettes explicatives qui circulent dans le peuple ou
ailleurs, et les exemples tires des livres ou des journaux, qui peuvent venir a
Tappui de3 documents recueillis. Ces communications, avec celles que nous
avons deja recues seront prochainement utilisees dans la revue.
29. Uiift Inscription proph6ttque. — Notre ami M. Jean Marlin nous
communique une croyance singuliere qui a cours en ce moment a Playe,
petit village au nord de Remouchamps.
A propos do la secheresse longuc et desastreuse qui a re'gne' au printemps
dernier, les paysans racontcnt qu'au bord de la mer (!) les eaux ont baisse
tcllement qu'on a vu apparaitre un rocher sur lequel sont grave's ces mots :
QuaiuJ vous me reverrez
Vous pleurerez.
D'apres la Rev. des trad, pop., n° de juillet dernier, p. 899, les journaux
suisses rapportent qu'on peut lire cette meme inscription sur un rocher apparu
au milieu du Doubs, en aval de Sainte-Ursane. L'auteur de cette communi-
cation ne confirme rien quant au rocher en question ; ii se borne a signaler le
r£cit des journaux.
Jos. D.
30. nlrtons rimei. — On reprendra TannSe prochaine la suite de ces
dictons rolatifs aux dates populaires, dont doux se>iej ont paru p. 70-1 et
p. 94-G. Priere aux lecteurs qui auraient des notes de ce genre de nous en faire
Tenvoi, afin de rendre aussi complets que possible les futurs articles.
81. Ln chemise de Sorcier. — Dans H. DURAND, Hollande et Uol-
landais, Paris, 1893, p. 53, nous lisons ce qui suit :
« Jete" en prison, Balthasar Gerard, le meurtrier du prince d'Orange, deploya
»dan8 toutes les e'preuves uneincroyable intrepidite. Ni les menaces, nilasouf-
» france n'avaient prise sur lui. II e^onnait ses juges par son sang-froid, les
» gardes par Teloquence de ses discours. On crut que cette force d'ame venait
» du diable, et pour conjurer le charrnc, on le revetit de la chemise <Tun sorcier. »
Quelqu'un de nos lecteurs peut-il nous donner des details sur la « Chemise
de sorcier » et le role quelle doit avoir joue, d'apres ce temoignage, dans les
proces de sorcellerie ?
32. I^e chant des cloches. — Dans sa brochure Aus der Wallonic,
M. Leo Zeliqzon donne une version sensiblement different e, recueillie sur les
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WALLONIA. 219
lieux memes, de la chanson du tribottlch a Malmedy, dont il a ete parle
ci-dessus p. 140.
Voici la m&odie copied textuellement dans cet ouvrage :
Bing et bong a Saint Dje"rion No n'i- ran po lu p'tit pont
/7\
Et nos r' verans po Pgrand pont Et n'z irans ma- gni Tfloion.
33. Leg mot a en « otile ». — Ces mots sont plus nombreux qu'on ne
semblait lo croire. En rdponse a la question posee p. 142, nous avons recu
des listcs intercssantes, notamment de MM. Detrixhe, Jos. Defr., Fr. Renkin et
Henri Simon. II resulte de renseignements demande's pour les autres varietes
do notre dialecte, que la propagation de cotte desinence diminutive ne semble
guere s'etre etendue en dehors du pays de Ltege. Peu coramuns et tendant
a disparaitre du langage courant en Hesbaye, dans le Condroz et on Ardenne,
les mots en aide sont tres rares a Namur et inconnus dans le Brabant; les
formes correspondantes dans le Hainaut sont plutot francaises.
II n'est pas inutile do rappeler que la langue francaise a exploite notablement
le ohi8 latin, sous des formes diverses. Apres avoir cite a ampoule », il suffirait
de rappeler quelques mots en OL (rossignol, wall, rdskignoul ou raskignou;
virole, wall, vlroxde; rougeole, wall, raivioule), — en OUIL (fenouil, wall. fno\
cornouille, wall. cougnoCde, cognoide ou cwegnoule), — les mots en EUL (filleul,
wall, fioul oufiou: tilleul, wall, tiou; ligneul, voir plus bas lignoule), — en
EL ou EAU (sauterelle, a Stavelot sautroide; chapeau, anc. chapel, a rapprocher
wall, tchapro&le ou tchapronlette « coiffe on paille d'une ruche » ; heaume, wall,
vervietois hrimiofdc, coiffe des nouveaux-n^s, a Li6ge, ham'lette). etc., etc.
Voici quelques autres mots — tous feminins comme les pre'ee'dents; — ils
portent en eux-memes, pour des wallons, un caractere de v^tuste plus grand
encore que ne le ferait supposer le delabrement general du dialecte parte dans
les villes.
Batro\dc ) battoir de la baratte.
Botroule, nombril.
Crehioulc, gourme, glande (crehe = grandir).
Ga'iotile, cage.
HavroCde, ableret, filet carre des pecheurs.
Hiroule, dechirurc (hirer, lieg. higi -= dechirer).
Hitroule, plante nommee en fr. mercuriale.
Lignoule, ligne a pecher.
Orioule, oriou, orgelet.
P&pioule. mouche des viandes ( ptyion, plpin — aiguillon des insectres).
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220 WALLONIA.
Plantroule, plantoir, instrument de jardinage.
Pisroule, nora d'un ruisseau qui passe aux environs de Verviors; en general :
baie faite dans le mur des cuisines, au rez du sol du c6t& de la rue et par ou
s'ecoulaient les eaux m^nageres. A Namur, pichrou, linge que Ton place au bon
endroit pour recueillir les urines de l'enfant erumaillotte.
Potchroule, sorto de jeu de billes ou Ton fait sortir violemment d'un trou,
2)o(chi fou <t sauter dehors w les billes d'enjeu.
Prumioule, vache qui a donn6 son premier veau ; prumiou, terme d'amitie,
« petit premier » aine" des enfants d'une jeune famille, contraire de coulo
ou houlo, dernier-ne.
Racontro&k, deja cite* p. 142 « formulottes d'enfants, petit conte rime", courte
chansonnette » — du verbe « raconter ».
Rampioule, nom commun des plantes rampantes et specialement de la
ctematite, Clematis vitalba L.
Rapwetroule , deja cit6 p. 142, « racontar traditionnel », chose qu'on
« rapporte », qu'on r^pete volon tiers.
Spoiile, navette de tisscrand. Voir LITTRE, v° espole.
Terroiihi schiste houiller, fr. terreau.
Waitroule, ceillere (icaiti = regarder).
Wairoulc, varicelle, a Stavelot.
A cos mots, qui sont presque de la vieillo langue, on doit ajouter quelques
noras de hameaux ou de lieux-dits, tels que Engihoul (Engis) Ramioul (Ramet),
Gravioule (gravier, greve), Th iersoule (thier = butte, raidillon) etc., de nom-
breux diminutifs de prenoms et de noms de famille, tels que : Colsoul (Nicolas),
Pirsoul (Pierre), Frankignoul (Francois), Libioul (Libert), Otoul (Othon),
Wathoul (Wathieu, Walthere), Hamoul (Hans, Francois), Massoul (Thomas),
Odoul (Eudes), Jeansoul, Jamioul, Henroul, Mathoul, Gilsoul, etc., etc.
0. C.
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TABLE.
I.
Literature orale.
1. CONTES, FABLES, L&GENDES.
Le DIABLE DUPE. — El djiabe et el marchau (M. Francois) 9.
CONTES MERVEILLEUX. —I. Les aventures de Moitie-Coq (G. Willame) 11.
Variante (Fern. Sluse) 48. — II. La fillette et le loup (Jean Marlin) 49. —
III. Lc chateau des Sept-Montagnes (Louis Loiseau) 15G. — IV. Jean de
Berneau [F. Yserentant] 177. — V. Les trois princesses (J. Lens) 209.
LEGENDES. — I. Le varlet deVou6 (Gilles Gerard) 14. — II. Les sotais de
Milmort (0. Colson) 15. — III. Dodon (0. Colson) 16. — IV. L'escaufeur
(0. Colson) 17. — V. Le dernier sotai de Stembert (A. Fassin) 62. — VI. Un
squelette au souper (Jos. D.) 64/-— VII. La naive promesse (0. C.) 65. = Voir
aussi : L'amoureux de la sorciere (0. Colson) 136. — Les geants : Au centre
de la terre (Alfred Harou); Le fort homme(0. Colson) 129. — Dans les « Notes
et Enquetes » : La FollePensee, legende a « autoriser * 159.
RANDONNEES. — I. Coquai et Poiette (Henri Simon) 31.
FABLES. — I. Le Renard et l'Ecureuil (Ad. Servais) 36. — II. La Chevre et
ses biquets (Louis Loiseau) 60. — III. Li leup et li r'naud (Zephir Henin) 186. ~
Dans les « Notes et Enquetes » : Une legende du Coucou, a retrouver, 55.
2. FACtiTIES.
HUMOUR POPULAIRE. — I. A la porte de la ville (Alfred Harou) 34. — II.
Dialogue avec un sourd. Dist-i, dist-elle (0. Colson) 34 — III. Le pesage des
filles [Jules Guillain] 127.
LES POURQUOI. — I. Pourquoi nous avons le Careme (M. C. Renard) 52. —
II. Pourquoi le cheval n'est jamais rassasie, et pourquoi l'ane porte une croix
sur le dos (0. C.) 53. — III. Pourquoi le lievre a la lippo fendue (0. C.) 54. —
IV. La fomme et le diable (Emm. Despret) 171.
BEOTIANA. — Les coperes de Dinant. — I et VI. Notes sur le mot coper 'e
(0. C.) 97 et 117. — II. Letoit vertet la vache. (Fern. Sluse) 98. — III. Le
fromage dans la Mouse (Fern. Sluse) 99. — IV. Le pont deplace. V. De
Dinant. .. a Dinant (0. C.) 100. — VII. Le copere et le petit chat [Dr Aug.
Vermer] 118. — VIII. Le copere et le fromage blanc. IX. Le chasseur
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222 WALLONIA.
de litres (0. C.) 118. — X. Six, huit ou sept ? (0. C.) 120. — XI. Le
saumon a sonnettes. XII. La roche deplac^e (0. C.) 131. — XIII. La
longue nuit (0. C.) 132. — XIV. La fatigue vaincue (0. C.) 133. — XV. La
cuisson a distance et le crapaud recalcitrant (Fern. Ramboux) 183. — XVI.
Les chasseurs de mouches [Jean Bury] XVII. La croix qui butte (O.C.) 185.
CONTES FACETIEUX.— I. Li pwlrtchx d? Coquaifagne (K. M.) 108. —II. C&po
Vaousse (Ch. Bartholomez) 152. — III. Dihez-V auVmint (Henri Simon) 197.
3. CHANSONS.
CHANSONS DE QUfiTE. — Du Jour des Rois : 6 ct suiv., 66, 67, 155, 200 et
suiv. — Du mois de mai : 83 et suiv.
DEBATS. — I. La bergere et le monsieur (Th. Strivay) 18. — II. Le seigneur
et la bergere (Jos. Defrecheux) 28. — III. Les transformations (Louis Loiseau)
50. — IV. Le seigneur et Nanon (Jos. Defrecheux) 138..
CHANSONS REL1G1EUSES. — I. Le premier miracle de J&sus (Jos. Defrecheux)
20. — II. La Vierge et la laboureur ( Jos. Defrecheux) 123. — III. La vocation
de Marie-Madeleine (G. Willame) 124. = Voir aussi pp. 83 et suiv.;et dans
les « Notes et Enquetes » le sujet de chansons a rotrouver, 40 et 190.
CHANSONS DRAMATIQUES. — I. La mort de Jean Reynaud (0. Colson) 22.
— II. L'engage (Henri Simon) 36. — III. Lafille du garde, qui fait la morte pour
son honneur garder (0. Colson) 38.
CHANSONS D'amour. — I. La ronde du « mai p (0. Colson) 79. — Voici le
mois de mai (0. Colson) 81. [A. Hanon] 134. — III. Le retour du soldat (Henri
Simon) 135.
CHANSONS plaisantes. — I. La chevre effrayee (Louis Loiseau) 169. —
II. L'ecot a payer (0. Colson) 170.
DlVERSES par Henri Simon. — I. Voici le joli mois d'avril 204. — II. Or
adieu done la belle 205. — III. Le mari trop vieux 206. — IV. Mon pcre m'a
achete^ un bois 207.
4. PROVE RBES, DICTONS ET FORMULETTES.
Inscriptions murales (0. C.) 24.
A la porte de la ville (A. Harou) 31. — Dialogue avec un sourd; Di-st-i.
di-st-elle (0. C.) 35.
DICTONS RIMES sur les mois d'Avril 70; de Mai 94.
BLASON POPULAIRE (Jos. D.) 24 et 218.
Les rats et la malchance 142.
Le chant des cloches 140 et 218.
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WALLONIA. 223
H.
Croyances et usages.
Le JOUR DES ROIS. - I. Li heliHche aux environs de Liege (0. Colson) 5.
— II. Lit hhihtche a Malmedy (Henri Dehez) 66. — III. A Stavelot (Louis De-
trixhe) 67. — IV. Chanson de quete a Esneux (Henri Simon) 155. — V. Chan-
sons de quete a Sprimont (Henri Simon) 200.
Le DIABLE DUPE. — (M. Francois) 9.
LEG EN DES. — Voir plus haut a Literature orale ».
Cuisine Nivelloise. — La « tarte a 1' d'jotte » et les « doupes » (Georges
Wiliame^ 26.
SORCELLERIE. — I. Le varlet de>oue (Gilles Gerard) 15. — II. Dans
TEntre-Sambre-et-Meuse (Louis Loiseau) 105. — III. L'amoureux de la sor-
ciere (0. Colson) 136.
HUMOUR POPULAIRE. — Voir plus haut « Litteraturo orale 2. Faceties ».
UN USAGE FETICHISTE a Braine-l'Alleud. — I. La croix St-Ze ; qui eHait St-
Ze ; un usage populaire (C. J. Schepers) 41. — II. Quelques usages similaires
(0. Colson) 44.
F&TES POPULAIRES. — I. N. D. de la Souie, a Jodoigne (Edm. Etienne) 57.
— II. Tchtesi Tvhheu, a Stavelot (Louis Detrixhe) 59. — III. La Vierge, reine
de mai (0. Colson) 82. — IV. Le premier mai a Liege (0. Colson) 88. — V.
VA lion (Jean Marlin) 125.
L'AMOUR ET LES AMOUREUX. — I. Lier le jonc (Jos. Defrecheux) 73. — II.
Les faceties de mai (Jos. Defrecheux) 74.
LES GEANTS. — I. Au centre de la terre (Alfr. Harou) 129. — Le fort
homme (0. Colson) 129.
UN LIVRE DE MAGIE. — L'Enchiridion Leonis Papse (Francois Benkin) 145.
ASTRONOMIE. — I. Ce qu'on voit dans la lune (0. Colson) 161.
DIVERS. — Une punition du ciel, 23 ; la maladie des pommes de terre,
39. — Le bouillon d'onze heures (0. Colson) 24; dans les h6pitaux (Ch.
Defrecheux) 68. — Un Episode des fetes de Noel a Berlin, 39. — Le de'mon du
chole'ra, 39. — Le vrai Liege, 55. — La pierre de Blarney, 55. — Los os des
morts, 56. — Los rats et la malchance, 142. — Contro la rage [Sera] 208.
III.
Varia.
DESSINS. (Aug. Donnay.) — Illustrations et culdelampos 73, 168, 179, 182,
194. — Lettrines 82, 125, 131, 136, 177, 209. — Entetes,79, 105, 129, 204.
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2*24 WALLONIA.
VlEDX AIRS DE DANSE (Henri Simon) 191, avec note preliminaire (0. C).
NOTES ET ENQUfcTES. — L'arrestation d'un Dieu, 69. — Les origines de
Blankenberghe (A. Boghaert-Vache) 102. — Les loteries, 104 et 190. — Les
mots en odle 1 142 et 214. — Un concours de folklore, 160. — Le folklore et la
litterature wallonne (0. C.) 173. Les jouets d'enfants, 208.
IV.
Bibliographic.
Armonac wallon doV Samenepo Van 1893 (0. C.) 71. — Artnanack de Spirou
po 1S93 (0. C.) 72. - Bouquet tot fait, par M. J. Vrindts (0. C.J 72. — Souvenir
du carnaval de Binche (0. C.) 72. — Contributions au folklore de la Belgiquc,
par M. Alfred Harou (0. C.) 142. — Le folklore de Godarville, par M.Alfred
Harou (0. C.) 143. — Recherches historiques sur les communes de Stembeit
et Heusy, par M. Arthur Fassin (Jos. D.) 175. — Melanges de traditionnismo
de la Belgique, par M. Alfred Harou (0. C.) 176. — Litterature orale de la
Guyane francaise, par M. Georges Haurigot (0. C.) 191.
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LITERATURE FOLKLORIQUE.
Li neure poiile, essai de folklore en deux actes, par Henri SlMON. -
Liege, Aug. Benard, impr.-editeur. 13, rue Larabert-le-Begue (vient de
paraitre). — Broch. in-8<> de 58 p. couverture illustree.
Les aventures de Jean d' Nivelles. el flls de s'pere. par M. C.
RENARD. Poeme wallon en dojize chants (dialect e de Braine-lA.lleud),3e Edition
1890, illustree par Olivier Dessa et augmentee d'un glossaire wallon-francais
— Prix : fr. 3-50.
Kl rouse de Sainte Ernelle, par G. Willame. Drame en trois actes
avec prologue, tire d'un conte popnlaire (dialeete de Nivelles); preface de
M. Jos. Defrkcheux, couverture illustree. Edition 1890. Prix : 2 francs.
L'Argayon, el geant d Nivelles, par M. C. Renaed. Poeme heroi-
comique en huit chants (dialeete de Braine-l'Alleud), illustre de nombreuses
gravures et photogravures hors texte et dans le texte ; avec uue carte, un
commentaire folklorique et un vocabulaire brainois-francais augments des
termes gallons correspondants dans les cinq dialectes principaux du pavs.
— Prix : 3 francs.
Ces trois derniers ouvrages sont en vente chez M. Vaillaxt-Carmanne,
<5diteur, rue Saint-Adalbert, 8, Ltege.
Vient de paraitre :
Bivista delle tradizioni popolari italiane. orpine de la Societa
nazwnale. dirigee par Angelo DE Gubernatis _ Ire ann6e , „o i, livr . 8 „ de
90 p. Par an : 20 fr.; pour les merabres, 12 fr. Un no fr. 1 50 - Bureaux : via
S. Martino al Macao, 11, Rome.
JO UR NA UX WA L L ON 8.
La Marmite, gazette originate, paraissant )o dimanche. li' annee. Editee
a Malines, Grand' Place, 28. Un an. 3 fr. Six raois, 1 fr. 75. Ui^io : 5 centimes.
Li Spirou, gazette des iiesses di hoie, veyant V jou tos les dimegnes.
Redacteur en chef: Alpb.TlLKiN. Parait a Liege, rno Larobert-le-Begne. 7;
7e annee. Un an, 4 fr. 50. Six mois, 2 fr. 50. Un no : 10 centimes.
Li Clabot, hittant totes les samaines. Redacteur en chef : Theophile BOVY.
Liege, 201, rue de Hesbaye ; 2e armee.Un an, 3 fr. Six mois, 1 fr.75.Un n° : 5 c.
L'Alrdi6, journal tcalhn luhant tos les qtcinzejous. Directeur : Jean Bury.
Liege, 67, rue St-Gilles ; 2e annee. Un an, 1 fr. 50. Six mois, 1 franc.Un no : 5 ^
Les Tablettes wallonnes, journal hebdom. (illnstre) d'art et de critique.
Liege, 51 , rue Pont-d'IIe. Ire annee. Un an, 5 fr. Un mois, 0,50. Un no 10 c.
^ Le Tranchet Journal francais-wallon, democratique, critique et litter aire,
bi-mensuel. Liege, 203, rue St-Leonard. Ire ann ^ e . 6 mois, 1 fr. 25. Un no 10 c'.
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NOS EN QUOTES
Outre des articles detaches et des travaux d'ensemble, Wallonia continuera
apublier, comme elle l'a fait l'an dernier pour le Jour des Rois et pour les
Coperes, les resultats d'enqu£tes ouvertes sur des sujets determines.
II ne faut pas qu'un jour ou l'autre, la revue cesse d'etre wallonne pour
devenir provinciale ou cantonaie. Aussi faisons-nous un nouvel et pressant
appel a la collaboration de tous.
Le moyen le plus pratique d'etablir le cadre de nos enqueues est de publier
d'abord — comme nous le faisons aujourd'hui a l'occasion d'une dtude de
M. Gittee, l'ensemble des notes recueillies dans une region d&erminee.
Nous espe>ons que tous nos correspondents et tous nos lecteurs voudront
bien considerer ces notes comme des suggestions, et nous communiquer tout
ce qu'ils pourraient savoir ou recueillir de plus ou de meilleur.
Ces communications pourrout donner matiere a une serie de u suites n
interess antes et varices.
Comme le remarquait un precurseur, " rien n'est plus vivace que ce qui
pousse en pleine terre „. Dans ce domaine du Folklore, si vaste et si divers,
c'est le fonds qui manque le moins, et nul de ceux qui disent beaucoup ne peut
pr^tendre avoir tout dit.
La Direction,
Voir a la quatriime page de la couverture la liste des ouvrages refus,
et a la 3° page I'annonce du journal wallon 1a HotIlo.
Librairie Edouard GNUSE
LlfiGE, rue Pont-d'Ile, 51, LIEGE.
ABONNEMENT A TOUTES LES EEVUES
BELGES A STRANGLES.
LIBRAIRIE ALLEMAIVDE & ANGLAISEI
Depdt de Wallonia, du Riveil, de la Revue Blanche, des Entretiens, etc.
Bureau des « Tablettes wallonnes »
Journal hebdomadaire dart et de critique
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